Le président du Conseil européen, Charles Michel, “a bien dû se rendre à l’évidence : son volontarisme, qu’il aime à mettre en scène avec une gestuelle correspondante, poings serrés, bras balancés, n’a pas suffi”, déplore Le Soir.

“Sa conviction qu’il serait possible, et certainement opportun, de réussir à concocter un budget 2021-2027 en un seul et unique sommet, s’est fracassée sur l’intransigeance des positions encore par trop contradictoires des États membres”, ajoute le quotidien belge.

Au Portugal, Público observe que le sommet extraordinaire sur le budget 2021-2027, qui s’est tenu jeudi et vendredi, “a révélé des divergences pratiquement insurmontables entre les quatre pays qui ne souhaitent pas augmenter les financements, et la majorité qui demande des moyens adéquats pour réaliser l’agenda stratégique de l’Union”.

Le Financial Times explique que les dirigeants de l’Europe “peinent à avancer dans les négociations, en raison de sérieux désaccords sur la façon de combler le trou de 60 à 75 milliards d’euros créé par le Brexit”.

D’un côté, les pays contributeurs nets au budget veulent limiter les dépenses, tandis que les pays bénéficiaires des aides européennes ne veulent pas voir baisser les subsides.

“Nous n’avons pas pu conclure d’accord car, il faut le dire, il n’y a pas d’unanimité pour nous donner les moyens de nos ambitions. Je le regrette profondément”, a pesté Emmanuel Macron, tout en défendant bec et ongles, dans la grande tradition française, le financement de la Politique agricole commune (PAC), remarque le quotidien économique britannique.

“Affrontement terrible”

La chancelière allemande Angela Merkel, qui a vainement tenté, avec M. Macron, de faire converger les intérêts des blocs opposés, a elle aussi constaté l’échec des négociations : “Les différences sont encore trop importantes, nous nous sommes donc arrêtés”, a-t-elle déclaré, selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Aucune date n’a été fixée par Charles Michel pour la reprise des négociations, mais la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, a averti qu’il restait “peu de temps pour conclure un accord”, si l’UE ne veut pas “risquer d’être à court de financement pour Erasmus ou le développement des régions”, rapporte La Stampa.

Mais les deux camps semblent bien arc-boutés sur leurs positions, à l’instar du chancelier autrichien Sebastien Kurz, l’un des quatre pays dits “frugaux” (avec la Suède, les Pays-Bas et le Danemark), qui réclament un budget resserré et ne veulent plus dépenser un euro de plus. “Nous continuerons à bien nous coordonner” avec les autres “frugaux” et “essaierons de faire une percée lors du prochain sommet”, a-t-il averti, selon la radiotélévision autrichienne ORF.

Désabusé, El País souligne que “le premier sommet européen depuis la sortie du Royaume-Uni s’est soldé par un affrontement terrible entre les pays les plus riches et ceux qui réclament le maintien d’une solidarité interne ambitieuse”.

Et d’ajouter : “Mais la violence des dernières heures et l’animosité de certaines positions ont également révélé que la coexistence (entre pays européens) ne sera pas plus facile après la sortie du Royaume-Uni, que l’on rendait souvent responsables des blocages et des obstacles”.