Depuis Bruxelles, l’UE essaye de passer à la vitesse supérieure. Mercredi 1er avril, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a en effet annoncé la création d’un nouvel instrument anticrise appelé Sure, pour “support to mitigate unemployment risks in emergency”, ou, en français, “soutien pour atténuer les risques de chômage en cas d’urgence”.

Le fonctionnement de ce mécanisme a été expliqué par Ursula von der Leyen elle-même, qui a adressé une lettre ouverte aux lecteurs du quotidien italien La Repubblica.

Il existe déjà aujourd’hui des instruments au niveau des États pour aider les travailleurs et les entreprises en temps de crise, mais la situation actuelle est en train de mettre à rude épreuve les finances des pays européens. L’UE souhaite ainsi aider les pays en fournissant de nouvelles ressources pour financer des mesures de chômage partiel. L’UE mettra jusqu’à 100 milliards d’euros à disposition des pays frappés le plus durement, en commençant par l’Italie, pour compenser la baisse de revenu de ceux qui travaillent avec un horaire réduit. Ce mécanisme sera rendu possible grâce à des prêts garantis par tous les États membres, preuve d’une vraie solidarité européenne.”

Toujours dans les colonnes de La Repubblica, le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, l’Italien Paolo Gentiloni, réagit avec enthousiasme à cette annonce. “En émettant des obligations d’État notées AAA, le fond Sure va permettre de trouver des ressources sur les marchés, commente-t-il. C’est une première étape symbolique, peut-être historique, vers la mise en commun des efforts présents et futurs. ”

Le quotidien libéral Il Foglio accueille également la nouvelle avec beaucoup d’emphase. “L’Europe est là”, s’exclame le journal milanais dans un éditorial :

L’Italie demandait ce type de garantie européenne depuis 2014. Si ce compromis reçoit une première approbation lors du sommet de l’Eurogroupe du 7 avril, on aura la démonstration qu’il ne sert à rien de brandir des menaces comme l’‘Italexit’ [sortie de l’Italie de l’UE] pour obtenir des résultats.”

Désamorcer les tensions entre les États membres

Si l’annonce d’Ursula von der Leyen a été accueillie de façon positive par la presse transalpine, celle-ci n’a pas oublié qu’une autre grande partie est en train de se jouer entre les États membres, portant sur la proposition d’introduire des “corona bonds”, c’est-à-dire des obligations qui mutualiseraient les dettes des États membres.

En ce sens, les mesures annoncées le 1er avril par l’UE pourraient être interprétées comme une sorte de “diversion” pour éviter d’aborder ce sujet délicat. Ce que soutient le quotidien britannique Financial Times :

[Par le plan Sure,] la Commission espère désamorcer les tensions entre les États membres autour de la nécessité d’introduire les corona bonds, qui ont le soutien de neuf pays de la zone euro (parmi lesquels la France, l’Italie et l’Espagne), mais auxquels l’Allemagne et les Pays-Bas s’opposent farouchement. La stratégie de la Commission consiste donc plutôt à demander aux gouvernements de fournir des garanties pour soutenir les prêts accordés par Bruxelles.”