The Key, élémentaire !

Thomas Sing nomme ces jeux avec simplicité : Celui qui vient de remporter le Kennerspiel, The Crew, dans lequel l’équipe doit inventer des solutions à chaque partie. Son nouveau titre est peut-être encore plus direct : The Key. Là encore, il va falloir trouver la solution, mais cette fois c’est un jeu de déduction compétitif.

Me régalant avec The Crew, c’est avec gourmandise que je découvre The Key.

Il est édité chez Haba, éditeur connu pour ses boites jaunes qui ciblent les plus petits. The Key lui se situe dans la gamme « Soirée Jeux », qui s’adresse aux plus grands (ado / adulte). Si le public visé demeure familial, le jeu ne laissera pas sur sa faim les amateurs de sagacité.

The-Key-HABA-Meurtres-au-Golf-d’Oakdale-LUDOVOX

The Key existe pour le moment en deux boites de niveau différent, facile et moyen.

Dans le niveau moyen, Meurtres au golf d’Oakdale (la seule boîte dispo actuellement), trois meurtres ont été commis, et la police a déjà arrêté les trois assassins. Les heures de chaque crime sont connues également. Il nous reste quand même à déterminer pour chaque horaire, Qui a tué, le crime a été commis, avec Quelle arme, et comment les meurtriers ont pris la fuite. Ça vous rappelle sans doute des longues parties de votre enfance, mais rassurez vous, The Key nous propose une toute autre expérience. Nous avons un paravent effaçable sur lequel nous pouvons facilement éliminer les suspects, armes, lieux et moyens de fuite pour chaque horaire. Le but étant de tracer une chronologie de ces quatre éléments afin de trouver un code.

The key, la fouille aux indices

 

Pour trouver les réponses à ces questions nous allons avoir des cartes indices sur la table : sur chaque carte est indiqué le type d’indice que l’on trouvera au verso (heure + arme, ou criminel + lieu…). On a donc plein de cartes face recto qui sont une espèce de zone de fouille. Une fois qu’on a trouvé la carte qui semble nous apporter les indices sur lesquels on a besoin d’avancer, on la prend, on la retourne et un texte nous donne un témoignage factuel. Il n’y a pas de tour de jeu, tout le monde joue en même temps.

The Key - témoignages

Déduction, déduction !

 

Profitons que tout le monde soit occupé à sa fouille pour voir ce qui est à notre disposition :

Nous avons un paravent effaçable sur lequel nous allons éliminer les suspects, armes, lieux et moyens de fuite pour chaque horaire (dans l’objectif d’établir un code, je le rappelle). 

The Key – paravent

Comment trouver le code

Comment trouver le code

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une fois le code trouvé, la première personne qui a fini prend la clé. Tout le monde a encore le temps de terminer ses déductions, de trouver son code, puis le possesseur de la clé va l’utiliser pour la faire rentrer dans le code écrit sur le carton et vérifier s’il s’agit bien de la bonne couleur à l’arrière du tableau.

La bonne couleur oui car il y a 9 clés de couleurs différentes qui nous permettent de rejouer au moins à 9 enquêtes.

un code, une clé de la couleur de l'enquête

un code, une clé de la couleur de l’enquête

 

Si plusieurs personnes ont trouvé le bon code, c’est celui qui aura utilisé le moins de cartes indices qui gagne la partie.

 

résultat,  bonne enquête la clé est dans la bonne couleur

résultat, bonne enquête la clé est dans la bonne couleur

 

Il y a aussi des cartes laboratoires mélangées aux cartes indices. Elles sont plus coûteuses en indice, mais permettent des déductions plus ciblées. Les cartes labo nous renvoient à un livret d’enquête illustré. Au laboratoire on aura accès aux empreintes ADN (criminel + arme) qui est un petit jeu d’observation pour reconnaître la bonne séquence de couleur. La montre brisée à l’heure du crime, mais pas toute abîmée… encore un petit jeu de différences afin de relier l’heure et le lieu. 

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Des petites énigmes mathématiques pour le moyen de fuite. Et enfin, le plan des lieux et le temps qu’il faut pour se rendre d’un endroit à un autre ce qui permet de déduire qu’untel n’a pas pu commettre le crime à cet endroit à cette heure là.

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Dehors Colonel Moutarde !

Vous le voyez, le cœur du jeu est bien la déduction, pour autant ce n’est pas si classique. Elle ne repose pas sur des questions posées aux autres joueurs pour une fois. Elle vient du choix que l’on fait de suivre un type d’indice, et de la fouille parmi les cartes qui est nécessaire pour trouver la carte. Parmi les 190 cartes, seules la moitié d’entre elles serviront à notre enquête. Et c’est une vraie fouille du coup !

Le nombre de cartes est suffisant pour que chaque joueur puisse avoir les mêmes possibilités de déduction, mais de différentes façons. Prendre une carte n’enlève pas une déduction possible pour les autres. Le pendant de cette grande diversité est que l’on peut suivre une piste qui nous conduit à une déduction déjà faite (l’arme utilisée lors du premier crime par exemple), c’est un peu rageant mais ça arrive aussi dans les vraies enquêtes !

Les cartes laboratoire nous invitent à des petits jeux qui nous sortent de la déduction tout en étant complètement dans le thème. Elles sont de plusieurs entrées différentes et ne laissent personne en défaut : si on est nul en énigme mathématiques, on pourra aller au labo quand même mais en passant plus par la partie observation. Si on vraiment mauvais en observation, tant pis, on ne fait pas de labo, il nous reste les indices des témoignages. Si on est nul en déduction, on joue à autre chose évidement. Au pire, la première partie dure 20 minutes.

 

The Key est un jeu de déduction bien enrobé. On est loin de la froideur mathématiques de Break the code, de la brutalité géométrique de Cryptide et du thème galvaudé de Sherlock 13 qui sont de bons jeux de déduction pour les amateurs, mais sans enrobage. Celui de The key est immersif, autant par la fouille des cartes, que les mini-jeux d’observation, et le grand plaisir d’avoir été plus rapide que les autres joueurs pour avoir le privilège de glisser la clé et vérifier sa théorie !
La rapidité n’est au final que très faiblement récompensée. Etre le plus rapide nous permet de se saisir de la clé, et de décompter une carte indice quand on se compare aux autres. Le jeu ne valorise pas les plus rapides, mais finir en premier flatte quand même l’ego. Tout le monde a le temps de finir, la sagacité est plus payante que la multiplication des indices.

Je n’ai joué qu’à la boite de niveau moyen, Meurtres au golfe d’Oakdale, l’autre boîte n’étant pas disponible encore en France, suite à des soucis sur certaines cartes. Il va falloir encore attendre quelques semaines pour un retirage. Le jeu est donné à partir de 8 ans, c’est un peu court quand même car la pression est forte pour les enfants. Dans ce niveau moyen, il y a 4 éléments à déduire contre 3 dans Vols à la Villa CliffRockLe troisième opus qui sortira en fin d’année sera de niveau moyen aussi.

Les illustrations sont très familiales (de Timo Grubing – Ndlr), il faut quand même masquer le fait que l’on joue avec des crimes. Le livret de règles est quant à lui un peu déstabilisant pour nous qui avons l’habitude de lire des règles, car on nous présente d’abord l’affaire avant de nous dire comment jouer. Sachez qu’une première partie en solo ou en coopératif est envisageable pour comprendre comment ça fonctionne.

Neufs enquêtes différentes sont prévues, et une fois finies, peut-on rejouer ? Cela nécessitera d’oublier les codes liés à chaque clé. Certaines personnes seront sans aucun doute capables de retenir ces informations, pour ma part je pense pouvoir rejouer aux mêmes enquêtes quelques semaines plus tard.

L’affaire est entendue, je suivrai avec attention les prochains jeux de Thomas Sing !

 

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6 Commentaires

  1. Roulio Lombric 27/07/2020
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    Merci pour cette présentation très claire, complète, ça m’a bien donné envie de surveiller sa sortie, je n’en avais jamais entendu parler, ça a l’air original

  2. Shanouillette 27/07/2020
    Répondre

    C’est très malin !

  3. Umberling 28/07/2020
    Répondre

    Thomas Sing est-il le nouveau Wolfgang Warsch ?

    • Natosaurus 28/07/2020
      Répondre

      Et ouais, l’auteur dont on retient le nom parce que son premier jeu (ou presque) gagne un Spiel, et qui arrive à nous surprendre avec le jeu suivant. Garde le cap Thomas !

  4. jipouille0874 28/07/2020
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    Merci pour cette explication,  c’est vraiment un excellent jeu, pour chipoter je pense que parfois les indices ne sont pas assez clairs,  si la montre est cassée par exemple,  ça voudrait dire que le personnage n’a pas été empoisonné,  mais non ça ne marche pas comme ça.

    Pareil pour les alibis, ça manque de clarté.

    Cela reste cependant un excellent jeu avec un concept original et inépuisable.

    Une belle découverte

    • Natosaurus 31/07/2020
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      Ah oui, c’est un jeu de déduction et non d’enquête. Imaginons alors que le poison est foudroyant et que la victime s’affale sur le sol en brisant sa montre ;). Il y a aussi des indices qui peuvent être interprétables, comme par exemple LA scène de crime avant ne veut pas dire la scène de crime juste avant mais UNE scène de crime avant.

      Ces petites coquilles sont énervantes et peuvent non conduire à de fausses déductions et c’est bien dommage car effectivement il est original et bien ficelé !

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