Le conflit entre Arménie et Azerbaïdjan s’invite à nouveau sur le sol français. Après un regroupement sur les Champs-Elysées, le 9 octobre, puis le blocage de la frontière franco-suisse à Bardonnex (Haute-Savoie), le 16 octobre, le fait le plus marquant s’est produit mercredi 28 octobre au matin, lorsque plusieurs dizaines de manifestants pro-arméniens ont bloqué l’autoroute A7 dans les deux sens de circulation, au niveau du péage de Vienne (Isère), à une vingtaine de kilomètres au sud de Lyon.
Dès 7 heures, environ 80 participants, selon les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux, ont stoppé des voitures au milieu de la chaussée, en déployant des drapeaux aux couleurs de l’Arménie. Ce qui a provoqué plusieurs kilomètres de bouchons, puis des heurts avec des automobilistes. Les affrontements auraient opposé les militants arméniens à des individus d’origine turque, selon Le Dauphiné libéré. Il s’agirait d’artisans qui étaient présents dans les véhicules bloqués dans les bouchons et auraient utilisé des outils pour aller au contact des manifestants, affirme le quotidien local.
« Cette version n’est pas vérifiée officiellement, nous n’avons pas de certitudes sur ce point », avance avec prudence une source proche de l’enquête. Rien ne dit que des extrémistes turcs ont agi cette fois, contrairement à ce qui s’était produit lors d’un précédent rassemblement pro-arménien, le 24 juillet à Décines-Charpieu (Rhône) : une centaine d’activistes, armés de barres de fer, revendiquant leur appartenance aux ultranationalistes des « Loups gris », avaient perpétré des violences. Le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse doit rendre prochainement un jugement envers un habitant de la ville, suspecté d’avoir participé aux événements de Décines, pour « incitation à la haine raciale ».
Lors de la rixe de l’A7, quatre manifestants ont été blessés, dont un « sérieusement », selon les secouristes. Un homme d’origine arménienne a été frappé avec un objet contondant et transporté à l’hôpital de Vienne. De nombreux policiers et gendarmes sont intervenus sur place pour calmer les esprits et contenir les violences. La circulation a été rétablie au bout de trois heures.
« On veut la paix »
Le parquet de Vienne a ouvert une enquête pour « violences en réunion avec armes », confiée aux policiers de la compagnie républicaine de sécurité (CRS) chargée de la surveillance de l’autoroute dans ce secteur. « A ce stade, nous ne connaissons pas la genèse et les circonstances précises de la rixe, une victime s’est présentée à l’hôpital, deux autres ont été soignées sur place par les sapeurs-pompiers sans laisser leur identité. J’invite tous les témoins à se signaler pour déterminer le déroulement des faits », déclare au Monde Audrey Quey, procureure de la République de Vienne.
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