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Profitant de la pandémie, l’Europe bâillonne la presse

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Au nom du respect des règles sanitaires, les chefs d'Etat et les institutions européennes écartent les journalistes et multiplient les conférences de presse à distance. Une dérive poussée à son paroxysme alors que Bruxelles sermonne les pays de l'Est sur le respect de l'Etat de droit.
par Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles (UE)
publié le 11 décembre 2020 à 17h16

Est-il encore possible d'exercer le journalisme, métier de contact par nature, en temps de confinement ? Plus les mesures sanitaires se prolongent, plus la question de la liberté de la presse se pose. On en a eu une nouvelle illustration ce vendredi avec la «conférence de presse» d'Emmanuel Macron organisée via Zoom. Elle s'est résumée en une déclaration liminaire et à trois questions en tout et pour tout alors que le chef de l'Etat français rendait compte d'un sommet européen «jumbo» où ont été traités des sujets importants : protection de l'Etat de droit, budget européen, climat, Turquie, union bancaire, etc. Et sur les trois journalistes qui ont eu la parole, deux représentaient des médias de langue anglaise (Politico et le Daily Mail), et la consœur de LCI s'est intéressée au coronavirus qui n'était pas vraiment le sujet du conseil… Furieux, les journalistes français se sont indignés sur le groupe WhatsApp de l'Elysée, seul lien de contact commun, mais les protestations ne parviendront pas aux oreilles du président de la République.

Vernis de conférence de presse

Le scénario avait été identique lors du sommet d’octobre : cinq questions dont quatre accordées à des médias anglo-saxons… Une distribution parcimonieuse de la parole contrôlée par l’Elysée qui ouvre et ferme les micros et écarte quasi systématiquement la presse française, comme s’il s’agissait d’éviter le risque d’une question embarrassante. Comment ne pas penser qu’il s’agit d’une politique délibérée visan

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