La Convention citoyenne sur le climat fait des émules. Malgré les polémiques sur la difficulté de mise en place de ses propositions, son format séduit les entreprises. Deux initiatives, inspirées de ce modèle, viennent de se lancer. Elles espèrent alimenter le débat présidentiel avec un souffle nouveau.

Un procédé innovant, des propositions ambitieuses et une aura médiatique… Le format de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) a de quoi séduire. Jusqu’au monde économique. À quelques jours d’intervalle, en décembre, deux initiatives inspirées de ce modèle ont été lancées pour les entreprises. Chacune entend formuler des propositions pour la présidentielle 2022. La première, initulée Convention des entreprises pour le climat (CEC), a lancé un appel à candidature qui a déjà recueilli plus d’une vingtaine de réponses. La seconde, baptisée Convention 21, mise sur le tirage au sort de 150 entreprises, avec une date à déterminer prochainement. Les deux entités devraient par ailleurs bientôt dialoguer. 
Accélérateur de changement
La concomitance de ces deux initiatives n’est pas anodine. “C’est un très bon signal : elle montre le désir d’une partie du monde économique d’aller plus loin”, estime Claire Tutenuit, déléguée générale d’Entreprises pour l’environnement (Epe). Elle apparaît un moment où les crises environnementales, sociales et économiques obligent à repenser l’action et la représentation des entreprises. “Il y a une vraie prise de conscience sur les sujets climat et biodiversité mais les actions peinent à être mises en place”, souligne Éric Duverger, fondateur de la CEC. 
C’est aussi ce constat qui a poussé Jérôme Cohen, fondateur d’Engage, et Virginie Raisson-Victor, co-fondatrice de Lépac, à créer la Convention 21. “Nous l’avons vu au début de l’année 2020 : alors que le Medef demandait de geler certaines mesures environnementales face à la crise, les PME puis les grandes entreprises se sont élevées pour dire qu’au contraire, il fallait accélérer, à plus grande échelle. Pour cela, il nous manque un endroit de représentation collective des entreprises, de toute taille et de maturité, avec la voix de ses différentes parties constituantes : dirigeants, salariés et actionnaires”, souligne Virginie Raisson-Victor. Et le modèle de la Convention citoyenne a montré son pouvoir de conviction : “Grâce à la bonne information, la pédagogie et le collectif, la convention a fait converger des citoyens aux opinions initialement très différentes sur la nécessité de formuler des propositions fortes“, reprend-elle. Et qui ont fait du bruit. 
Porter la voix des entreprises
Pas question donc pour les entreprises de rester sur le banc de touche. “Les entreprises ont une responsabilité et un rôle crucial dans la transition : elles doivent être entendues. Elles ont besoin de plus de contraintes mais aussi d’auto-régulation et d’initiatives positives. Pour que cela soit à la hauteur des défis, elles ont besoin de s’approprier les enjeux et de travailler sur les mesures qu’elles-mêmes vont devoir appliquer“, précise Jérôme Cohen.
Nous avons soutenu les travaux de la CCC et les avons poussés chez nos membres car nous voyons la transition écologique comme une nécessité et une source d’opportunités. Mais les entreprises doivent aussi porter leur voix car elles sont au contact du terrain et de la réalité économique”, renchérit Virginie Hoarau, responsable du plaidoyer du Centre des jeunes dirigeants (CJD), un des nombreux réseaux qui a rejoint la Convention 21.
Reste à bien définir les règles qui garantiront la légitimité de ces initiatives. “Les parties prenantes, comme les ONG, vont être très attentives sur leur représentativité et le contenu des messages“, prévient Claire Tutenuit qui a participé à la Convention citoyenne en tant qu’experte. “L’un des points forts de la CCC était son mandat présidentiel : les participants se sentaient investis d’une responsabilité, reprend-elle. Et ils n’ont pas hésité à prendre leur part de l’effort en formulant des propositions qui demandent des changements radicaux de modes de vie pour eux-mêmes“. Les entreprises y sont-elles prêtes ?
Béatrice Héraud, @beatriceheraud

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