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ReportageClimat

Ils manifestent nus contre les automobiles

Naturistes et membres d’Extinction Rebellion ont organisé dimanche 8 septembre une manifestation dénudée pour protester contre la présence massive des automobiles dans notre société. Les autorités ont interdit cette manifestation pacifique. Des cyclistes ont cependant bravé l’interdiction. Reporterre y était. Reportage en photos.

  • Paris, reportage

Extinction Rebellion, la Fédération française du naturisme (FFN) et l’Association pour la promotion du naturisme en liberté (Apnel) ont organisé dimanche 8 septembre une manifestation « nu(e) ou habillé(e) » contre l’automobile. « Monstre de métal d’une tonne que nous occupons souvent seul, l’automobile rend les villes oppressantes et sa fabrication comme son usage pollue l’environnement, écrivaient-ils dans l’appel à la manifestation. C’est pour rendre hommage aux 300.000 morts dus à la pollution de l’air depuis dix ans en Ile de France, et pour dénoncer un système économique mortifère construit autour de la voiture individuelle qu’Extinction Rebellion, en partenariat avec la Fédération française de naturisme et d’autres associations, se mobilise et organise un blocage roulant dans Paris, dont une partie sera dénudée. La nudité est un moyen supplémentaire de perturber l’ordre social et d’interpeller le public mais surtout de montrer que nous sommes fragiles et égaux face aux aléas climatiques. »

Reporterre a suivi à vélo et en photos cette manifestation originale.

Né au début des années 2000, la « World Nude Bike Ride » a lieu chaque année dans de nombreuses villes d’Europe. Ce dimanche 8 septembre devait se tenir la première édition en France.

Amusé par la présence d’un véhicule de police aux abords de l’Espace naturiste de Paris, dans le bois de Vincennes, ce militant de la cause naturiste — membre de l’association Abolder’nat, et adepte de « randonus » sur les bords de la Loire — immortalise sa venue à Paris.

Il est 11h30. Alors que des naturistes et des militants écologistes d’Extinction Rebellion continuent d’arriver, les organisateurs prennent la parole. Ils informent les participants que les autorités leur ont signifié le matin même l’interdiction de la parade à vélo, prévue pour 14h, au motif que la parade pourrait constituer un « exhibitionnisme sexuel ».

Malgré cette mauvaise nouvelle, Bérangère (vice-présidente de l’association des Kunus) participe tout de même à l’atelier bodypainting et choisit d’inscrire sur son dos : « Arrête de niquer ta mer. »

Leslie et Benoit, habitués des World Nude Bike Ride, sont venus respectivement de Rotterdam et de Bruxelles pour participer à la première édition parisienne. Ils disent « être surpris et déçus » que les autorités françaises, au dernier moment, aient fait le choix d’interdire la manifestation. En Espagne, Belgique, Angleterre, et aux Pays-Bas et États-Unis, les « World Nude Bike Ride » se déroulent en toute légalité.

Alors que le pique-nique touche à sa fin, certains naturistes profitent de quelques rayons de soleil pour parfaire leur bronzage.

Les organisateurs de la parade ont indiqué leur volonté, en tant que fédération d’associations, de respecter l’interdiction de la préfecture. Pour eux, le programme de la journée est malheureusement fini, et pour le clore une photo de groupe est improvisée.

La photo de groupe à peine prise, une nouvelle patrouille de police — cette fois-ci à moto — s’approche pour aller à la rencontre des militants naturistes. Accueillie avec le sourire, elle s’assure que l’interdiction sera respectée et se retire.

Avant que tout le monde se disperse, un petit groupe de militants, déterminés à ne pas voir l’action s’arrêter ici, discutent. Il est voté de quitter les lieux par petits groupes et de se retrouver place de la Nation. Une fois là-bas, ils décideront de la suite.

« Alarmée par la situation climatique, par le déni et la passivité » qui l’entoure, Ginger a rejoint tout récemment les militants d’Extinction Rebellion. Elle est parmi les premières à rejoindre la place de la Nation.

Après plusieurs tours du grand rond-point à crier des slogans dénonçant la pollution générée par les automobiles, les cyclistes décident d’ôter leur vêtements pour « symboliser la fragilité des humains » face à cette nuisance.

Une jeune femme, également militante pour Extinction Rebellion, vient de se faire peindre le symbole de l’organisation sur le visage. Elle aussi est décidée à se mettre « à nu pour le climat », dans cette parade improvisée.

La quinzaine de cyclistes s’élancent joyeusement en direction de Bastille.

À plusieurs reprises, ils s’habilleront et se déshabilleront. Une manière de manifester malgré l’interdiction de la préfecture.

Cette World Naked Bike Ride « sauvage » décide de continuer son chemin un peu plus loin que Bastille, et s’engouffre dans le marais par la rue Saint-Antoine.

À la hauteur de la rue de Turenne, une voiture banalisée de la police vient donner fin à leur traversée.

Une vingtaine de gendarmes mobiles arrivent presque aussitôt et les cyclistes sont nassés pendant une demi-heure.

De nombreux passant sont restés à observer l’action des forces de l’ordre. Tous les militants seront finalement invités à se disperser un par un sans qu’aucune interpellation ne soit à déplorer.

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