Il n’en revient toujours pas. Ces derniers jours, un conseiller d’Emmanuel Macron s’est plongé durant de longues heures dans les méandres des comptes complotistes, qui pullulent sur les réseaux sociaux, afin de retracer la manière dont une théorie conspirationniste peut émerger. De lien en lien, ce proche du chef de l’Etat a observé comment la folle rumeur d’une supposée arrestation du pape François, le 9 janvier, par le Bureau fédéral d’enquête américain (FBI), après avoir été visé par « quatre-vingts chefs d’accusation, dont trafic d’enfants », a pu devenir un sujet partagé en masse sur Internet. Sidéré, ce stratège macroniste a constaté l’impact considérable de ces contenus, consultés « des millions de fois » partout sur la planète. Son verdict ? « C’est tout simplement effrayant. »
Ce phénomène, pris au sérieux par les macronistes depuis le début du quinquennat, est désormais considéré comme « un enjeu majeur » au sommet de l’Etat. A l’approche de l’élection présidentielle de 2022, le chef de l’Etat et ses partisans appellent à redoubler d’efforts pour contrer l’influence croissante des adeptes de la désinformation. « Il faut se réveiller ! Nous devons réarmer nos démocraties pour lutter contre ceux qui veulent la faire tomber », alerte le délégué général de La République en marche (LRM), Stanislas Guerini.
Comme nombre de ses collègues de la majorité, le député de Paris a vu dans l’assaut du Capitole par des manifestants pro-Trump, le 6 janvier, une illustration concrète des dégâts que peut causer sur la démocratie un discours populiste, alimenté par des fausses informations. Plusieurs insurgés ont en effet été identifiés comme appartenant à la mouvance QAnon, cette communauté complotiste selon laquelle Donald Trump serait le seul à pouvoir sauver le monde du contrôle exercé, en secret, par une élite composée d’agents du « deep state » (« l’Etat profond ») aux pratiques pédophiles, voire satanistes.
« Réalité parallèle »
Ces événements ont rendu « plus visible encore l’émergence d’une société adepte de post-vérité, de “fake news” et de théories complotistes dont la consommation est facilitée par Internet et les réseaux sociaux », a écrit le patron du parti présidentiel dans une tribune au Monde, publiée le 13 janvier. Avant de demander : « Faut-il attendre que le sang coule pour enfin s’inquiéter du dommage des discours populistes sur la démocratie ? » Référence au bilan total des violences lors de l’attaque du Capitole, qui s’élève à cinq morts.
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