Un mois après le rachat des parts d’Engie dans Suez, Veolia n’est pas parvenu à nouer le dialogue avec son concurrent. Face à cette impasse, son PDG, Antoine Frérot, a décidé de contre-attaquer. Dans un entretien au Monde, il appelle les autres actionnaires de Suez à débarquer le conseil d’administration récalcitrant afin d’ouvrir la voie à la création d’un champion mondial de la transition écologique : « Le seul obstacle à cette OPA, c’est l’actuel conseil de Suez, et aucun obstacle ne nous arrêtera. »
Comment avance votre projet d’OPA face à l’opposition de Suez ?
Comme prévu. On ne va évidemment pas se contenter de la participation de 29,9 % acquise auprès d’Engie. Ce n’était qu’une première étape. Nous voulons construire un grand champion français de la transition écologique, et cela passe par un mariage plein et entier entre Suez et Veolia.
Dès le lendemain de l’acquisition des parts d’Engie, j’ai envoyé un texto à Philippe Varin, le président de Suez, pour lui proposer une rencontre, notamment parce qu’il m’avait lui-même laissé entendre que le dialogue pourrait s’enclencher une fois l’acquisition faite. Mais il a refusé ma proposition le soir même. J’ai ensuite écrit à l’ensemble des membres du conseil d’administration de Suez pour leur proposer de venir leur présenter mon projet. J’ai également reçu une fin de non-recevoir. J’ai adressé de cette façon, en moins d’un mois, cinq ou six courriers, en vain. A chaque fois, j’ai trouvé porte close.
Bertrand Camus, le directeur général de Suez, assure que les conditions d’un dialogue ne sont pas réunies…
Je ne crois plus qu’une discussion avec le conseil d’administration de Suez soit possible, puisqu’ils s’obstinent à en refuser le principe même. D’autant qu’en parallèle de ce refus systématique qui m’est opposé, plusieurs lignes rouges ont été franchies ou sont en passe de l’être. Il y avait d’abord eu la création d’une entité opaque pour rendre inaliénable Suez Eau France. Suez a également annoncé une accélération de son plan de cessions d’actifs. Nous craignons que les dirigeants actuels de Suez ne cherchent à se réserver certains actifs stratégiques comme point de refuge, alors que nous avons besoin de l’ensemble des forces de Suez pour bâtir le grand champion mondial de la transformation écologique.
N’êtes-vous pas alors coincés, dans la mesure où vous avez promis que votre offre serait amicale ?
Non, car ce n’est pas le conseil d’administration actuel de Suez qui a le dernier mot, ce sont ses actionnaires. Nous ouvrons une nouvelle étape de notre projet, et je me tourne donc désormais vers eux, pour annoncer aujourd’hui que nous lancerons une OPA à l’instant où le conseil d’administration de Suez, quel qu’il soit, aura donné un avis favorable.
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