Diagora a fermé ses portes en octobre 2020 à Labège. Le mythique Bikini, à Ramonville-Saint-Agne, est lui privé de public depuis plus d’un an. A l’heure où l’Etat planche sur la réouverture des lieux culturels et se prononce sur de nouveaux protocoles, le Sicoval a voulu lancer une expérience. Et il a choisi ces deux équipements d’envergure sur son territoire pour la mener à bien.
« Aujourd’hui, le secteur événementiel et culturel est très durement touché par la crise sanitaire », rappelle Laurent Chérubin, maire de Labège et vice-président du Sicoval. « Nous ne pouvions pas rester sans agir », poursuit-il.
Un jumeau numérique pour chaque salle
La communauté d’agglomération du Sud-Est toulousain a donc demandé à Dassault Systèmes, spécialisé dans la conception 3D, de mettre en place une expérimentation dans ces salles à l’architecture et au public très différents : une salle en amphithéâtre avec 500 places assises et un cube classique plein de spectateurs debout.
D’abord virtuelle, puisque les deux salles ont été modélisées. « On crée un jumeau numérique en fait », détaille Emmanuel Auger, le directeur de cabinet du Sicoval, qui a suivi toute l’avancée du projet.
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Des tests en jauge pleine et demi-jauge
Pour ça, l’équipe de Dassault Systems a récupéré les plans des deux bâtiments. Depuis le 9 avril, ils enchaînent les simulations. « On vient placer le public virtuellement avec plusieurs cas de figure. Jauge pleine, demi-jauge, assis ou debout selon la salle », précise Emmanuel Auger.
Ensuite on met en fonction le système d’aération. Toujours à travers le logiciel, les gens discutent, se déplacent ou non selon les lieux. Ils portent des masques et l’essai est reconduit sans masques. « On visualise alors par de petits points les aérosols. On ouvre une porte, on la ferme, on ajoute un aérateur… Et on voit ce qu’il se passe », poursuit le directeur de cabinet du Sicoval.
De telles expériences ont déjà été menées dans des hôpitaux et à la Philarmonie de Paris.
Et après ? Au cours de la semaine du 22 avril, Laurent Chérubin écrira à la préfecture et à l’ARS pour demander des tests avec un vrai public. Après trois semaines virtuelles, les résultats seront en tous cas suffisants pour passer à l’étape supérieure.
«On fait ça pour montrer qu’on peut maîtriser un certain nombre de choses. On défend l’idée qu’il faut travailler sur une certification plutôt que tout fermer», justifie Emmanuel Auger, qui évoque aussi l’intérêt de telles études pour les crises sanitaires à venir…
Diagora pilote main dans la main avec le Sicoval
Et si l’ARS ne donne pas son accord ? « Ce n’est jamais perdu pour la suite », estime Hélène Bert, responsable marketing de la SPL Enova événements, gestionnaire de Diagora, défendant une « attitude proactive ».
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La salle de congrès, dont est propriétaire le Sicoval, et qui a à sa tête Laurent Chérubin, est d’ailleurs pilote sur ce projet. « On a tout intérêt à participer pour travailler à une prochaine ouverture », explique Hélène Bert. Diagora, qui avait fermé lors du premier confinement, avait ensuite rouvert jusqu’en octobre. Depuis, la salle n’accueille que les opérations d’utilité publique, comme les concours.
Un coût raisonnable
Quant au Bikini, privé de vrais spectateurs depuis un an, il n’a pas répondu à nos questions. Mais la salle avait déjà montré qu’elle tentait des choses en vue d’une réouverture. En mars dernier, lors de la Nuit du Printemps, elle avait mis en place deux purificateurs d’air, capables de détruire les virus. Au total, 80 professionnels du monde de la culture, toutes munies d’un test covid négatif, avaient ainsi pu assister à la soirée.
Cette expérience reçoit le soutien financier de la Région Occitanie et du Département de la Haute-Garonne. Son coût n’a pas été rendu public, mais il s’élèverait à quelques dizaines de milliers d’euros tout compris, ce qui est un tarif habituel pour ce genre d’études.
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