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Elisabeth Guigou met un bémol au « social-étatisme »

Par Jean-Francis Pécresse

Publié le 28 juin 2001 à 01:01

Pour la première fois depuis bien longtemps, un parfum de « deuxième gauche » flotte sur le terrain social. Après avoir relégué syndicats et patronat aux seconds rôles, le gouvernement s'apprête à rééquilibrer la balance à leur profit. C'est le sens qu'il faut donner, sans doute, à l'initiative que Lionel Jospin doit prendre, la semaine prochaine, en direction des partenaires sociaux.

Plus qu'un simple épisode dans les relations tumultueuses qu'il entretient avec eux depuis 1997, il s'agit, pour le chef du gouvernement, de définir de nouveaux rapports, moins léonins, entre le pouvoir politique et les corps sociaux intermédiaires. « Le Premier ministre veut montrer aux partenaires sociaux qu'il revient vers eux », confirme un ministre.

Pendant plus de trois ans passés au ministère de l'Emploi et de la Solidarité, entre juin 1997 et octobre 2000, Martine Aubry n'avait eu de cesse d'affirmer la prééminence de l'Etat sur le champ social, administrant, plutôt que négociant, le passage aux 35 heures, les emplois-jeunes et la couverture maladie universelle, balayant la réforme de l'assurance-maladie proposée par la CFDT et le patronat, réécrivant, enfin, pour ainsi dire, la convention d'assurance-chômage. Maintes fois critiqué, ce jacobinisme social, étranger aux valeurs de l'ex-« deuxième gauche » _ celle des années Rocard _, est resté profondément ancré dans la pratique jospinienne. Trois ans se sont écoulés tout de même, de mars 1998 à juin 2001, sans que le Premier ministre reçoive officiellement le Medef.

« Il faut des contre-pouvoirs »

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Récemment encore, il a choisi d'imposer une ponction sur les excédents des régimes paritaires de Sécurité sociale afin d'éponger les dérapages de la facture des 35 heures et négocié avec les communistes les mesures anti-licenciements, jugeant inutile de consulter les représentants des salariés.

Après avoir entendu, la semaine dernière, les récriminations des partenaires sociaux et pris conscience du risque de déstabilisation de la Sécurité sociale que représenterait un départ du patronat, Lionel Jospin semble rallié à l'idée de mieux associer les partenaires sociaux à l'avenir. C'est d'autant plus tentant que le gros des réformes sociales est maintenant passé.

La proximité des élections présidentielle et législatives n'est certainement pas pour rien dans cette réorientation. Outre qu'il y a un intérêt électoral évident à renouer un semblant de dialogue social, le futur candidat socialiste peut saisir l'occasion d'associer les partenaires sociaux à des chantiers en forme de projet, tel celui de la « démocratie sociale ». Neuf mois après avoir remplacé Martine Aubry au ministère de l'Emploi et de la Solidarité, Elisabeth Guigou, cherche à mettre un bémol au social-étatisme. Pas une intervention sans qu'elle ne parle de ses projets de « démocratie sociale ». Tant dans la société en général que dans les entreprises en particulier, « il faut des contre-pouvoirs », « des syndicats constructifs », affirmet-elle, feignant de ne pas voir de différence avec les années Aubry.

JEAN-FRANCIS PÉCRESSE

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