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Politique

Yannick Jadot : "Oui, je me prépare à l'élection présidentielle de 2022"

INTERVIEW - Attentat de Conflans-Sainte-Honorine, présidentielle 2022, discours pro-business... Le leader des écologistes élargit son spectre en s'inspirant de Rocard, Pierre Mendes France et même Chaban-Delmas. Il répond aux questions de Challenges.

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Yannick Jadot

Le leader des verts Yannick Jadot, lors d'une rencontre avec les entrepreneurs de France, à Longchamp en août.

AFP

Dix jours après le meurtre du professeur Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, l’état de sidération de la classe politique française ne retombe pas. Dans un entretien à Challenges, le leader d’EELV Yannick Jadot dévoile ses propositions pour lutter contre le terrorisme islamiste et rejette le procès en angélisme intenté à sa formation politique. En quête de crédibilité, face aux excès parfois incontrôlés de son camp, le député européen qui se prépare à l’élection présidentielle, assure qu’il ne s’agira pas tant de "battre" Emmanuel Macron en 2022 que de "le remplacer" et gouverner la France. Puisant ses inspirations dans la deuxième gauche de Rocard et Mendès-France, cet écolo-réaliste souhaite s’attaquer aux racines du malheur français, en défendant une économie de marchée régulée et le développement des énergies renouvelables. Interview.

Xavier Bertrand, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Luc Mélenchon … Nombreux sont les politiques qui font un pas vers la présidentielle de 2022 en cette rentrée. Serez-vous vous même candidat à l'élection présidentielle ?

Je m'y prépare, oui. Les écologistes ont devant eux une responsabilité historique : celle de rassembler le plus largement possible en 2022 pour l'emporter face au libéralisme technocratique d’Emmanuel Macron et à l'extrême droite de Marine Le Pen. Mais cela ne se fera pas tout seul. Il faut travailler dès maintenant sur notre projet et poser une incarnation. Le réchauffement climatique, la destruction de la biodiversité, l'affaissement de la démocratie, les inégalités sociales font que le prochain quinquennat ne doit pas être un nouveau quinquennat Macron. Il a manqué à sa promesse de rassemblement. Ses trois premières années de pouvoir ont été des années de division, de tension, qui ont vu la pauvreté augmenter et la protection de l'environnement reculer. Aujourd'hui l'écologie est la nouvelle matrice qui recompose le paysage politique. Mélenchon et Macron seront candidats. Je veux contribuer à construire et à rassembler cet espace politique large qui revendique de gouverner, autour de l’écologie, de la solidarité, de la démocratie et de l’Europe. Je ne dis pas que ce sera facile. Mais il y a un chemin de muletier pour gagner. Ce n'est pas une autoroute ou un boulevard mais on peut y arriver si l'on s'en donne les moyens.

Quelles figures vous inspirent pour vous préparer à l'exercice du pouvoir ?

Il n'y a pas tant de figures de l'écologie qui ont été en situation d'exercer le pouvoir. Mais dans l'histoire de notre pays, certains parcours m'inspirent. Il y a d'abord Léon Blum dont je recommande le "discours à la jeunesse" de 1919. Evidemment aussi, Pierre Mendès-France et Michel Rocard, parce que l'écologie vient en partie de cette "deuxième gauche", qui croyait autant aux forces vives de la nation qu'à l'Etat, à la décentralisation et à l'Europe. Enfin, je citerais également Jacques Chaban-Delmas et sa "nouvelle société", son idée de codétermination dans les entreprises et cette phrase qui est fondamentalement écologiste : "Ou nous sommes capables d'avoir 20 ans, et tout est possible, ou nous avons notre âge et il n’y a plus d’espoir."

En 2019, vous vous disiez pour "l'économie de marché et la libre entreprise" dans Le Figaro avant de vous déclarer "anticapitaliste" sur le site Reporterre. Quelle est réellement votre vision de l'économie ?

Ma vision est claire : la transition écologique se fera avec les entreprises ou ne se fera pas. On a besoin d'elles – plus que jamais – pour réorganiser notre économie. Mais cela ne signifie pas que je soutiens le capitalisme financier et son système de prédation sociale et environnementale. C'est cette fuite en avant qui a laissé sur place les salariés de Bridgestone tout en voyant la fortune des milliardaires multipliée par cinq lors de la dernière décennie. Ce n'est plus possible. Moi je suis favorable à l'économie de marché quand elle est régulée par un Etat stratège, qui peut s’y substituer quand les choses ne fonctionnent pas. Attention, je ne suis pas pour remplacer le dirigisme technocratique de Macron par un dirigisme technocratique vert. Je pense qu'il faut encourager la relocalisation de l’économie, l’économie circulaire et les circuits courts, déconcentrer, autour d’une grande politique industrielle de décarbonation. Je m’y emploie au Parlement européen en étant en charge de la taxe carbone aux frontières. Ma conviction c'est que lorsqu'un territoire vit bien avec un écosystème vertueux sur l'alimentation, les logements, les transports, les services publics et la culture, que vous retrouvez la maîtrise de votre vie, vous réglez une bonne partie des tensions qui traversent la société. Vous vous attaquez aux racines du malheur français.

Face à l'urgence du réchauffement climatique, n'est-il pas temps de faire un pas, au moins temporaire, en direction du nucléaire, une énergie décarbonée et sans intermittence ?

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