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STEPHANE OIRY

2017-2020 : comment la France a continué à détruire son stock de masques après le début de l’épidémie

Par  et
Publié le 07 mai 2020 à 11h42, modifié le 08 mai 2020 à 16h31

Temps de Lecture 19 min.

Aux racines de la crise sanitaire française 5|5. La colère le dispute à la stupéfaction, en cette dernière semaine du mois de mars. En pleine crise du Covid-19, alors que la France est confinée, les conseillers du premier ministre, Edouard Philippe, découvrent, consternés, que depuis plusieurs semaines, des millions de masques issus des réserves étatiques, dont une part non négligeable était sans doute utilisable, sont consciencieusement brûlés… Ces fameux masques dont la population a tant besoin, et dont les stocks ont fondu dans des proportions phénoménales au fil des ans depuis 2009. Matignon fait aussitôt stopper le processus de destruction, mais l’épisode offre un saisissant raccourci de ce « désarmement sanitaire » dont le pays paie lourdement le prix aujourd’hui, et dans lequel le pouvoir actuel, notre enquête l’atteste, porte une lourde part de responsabilité.

Agnès Buzyn, qui avait quitté ses fonctions de ministre de la santé, le 16 février, pour se présenter à l’élection municipale à Paris, concentre les critiques, y compris dans son propre camp. Ses déclarations au Monde le 17 mars – elle affirme ce jour-là avoir alerté l’exécutif, dès janvier 2020, du « tsunami » épidémique à venir – n’ont pas arrangé son cas. Ainsi, certains ne se privent pas de souligner qu’à peine nommée au ministère, en mai 2017, elle avait fait l’erreur, selon eux, de propulser au poste-clé de conseiller technique chargé de la sécurité sanitaire un inconnu inexpérimenté : Jacques-Olivier Dauberton, un jeune généraliste officiant à Saint-Rémy-en-Bouzemont (Marne), un village de 518 habitants. Pour lui qui n’avait aucune formation en matière de sécurité sanitaire, il s’agissait là d’une promotion inespérée. Et pour le ministère, d’une façon de flatter les médecins libéraux. « J’ai saisi l’occasion », confiait le docteur Dauberton à Egora, une revue médicale, au printemps 2018. Celui-ci a fini par quitter le cabinet d’Agnès Buzyn en octobre 2018, un an et demi après son arrivée. Dix-huit mois durant lesquels le pays a définitivement baissé la garde sur le plan sanitaire. Sollicité par Le Monde, il affirme aujourd’hui vouloir réserver ses explications aux « différentes commissions » d’enquête à venir.

Agnès Buzyn n’est pas la seule personnalité de la « macronie » à laquelle il sera demandé de rendre des comptes, une fois la crise passée. Jérôme Salomon, par exemple, l’homme chargé, chaque soir, de donner au pays des nouvelles du « front » épidémique. Conseiller – de 2013 à 2015 – à la sécurité sanitaire de la ministre socialiste Marisol Touraine, en poste Avenue de Ségur entre 2012 et 2017, il a pris du galon au début du présent quinquennat. Le professeur Salomon a été nommé à la tête de la très stratégique Direction générale de la santé (DGS) le 8 janvier 2018, en lieu et place de Benoît Vallet.

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