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Qu'est-ce que la Crisis Data Hub, cette plateforme de récolte des données qui effraie sur les réseaux sociaux ?

Le sénat a rendu un texte de 147 pages sur l'utilisation des outils numériques en temps de crise
Le sénat a rendu un texte de 147 pages sur l'utilisation des outils numériques en temps de crise neko92vl / stock.adobe.com

De nombreux messages sur les réseaux sociaux s'alarment d'un texte qui a été rendu au sénat jeudi dernier par la délégation sénatoriale à la prospective. Les parlementaires proposent de créer une plateforme centralisée de collecte de données personnelles mobilisable en cas de crise grave.

Alors que la crise sanitaire a largement alimenté le débat sur la restriction des libertés individuelles depuis plus d'un an, les internautes s'inquiètent d'un nouveau texte rendu au sénat jeudi dernier.

Ce texte, issu de la délégation sénatoriale à la prospective, n'a en réalité aucune valeur législative. «C'est une réflexion qui doit nous permettre d'anticiper les prochaines crises», explique René-Paul Savary, le sénateur (LR) rapporteur du texte. «Il vaut mieux débattre de ces questions en temps de paix plutôt que de se faire surprendre», plaide-t-il.

Le rapport suggère la création d'une plateforme numérique, baptisée Crisis Data Hub, qui centraliserait toutes les données nécessaires à la meilleure gestion d'une crise grave, une pandémie par exemple. En ayant à disposition les données numériques d'identification, de santé et de localisation, l'exécutif pourrait ainsi faire un ciblage plus efficace des personnes à risque. Les restrictions sanitaires, comme la quarantaine ou le confinement pourraient donc être plus ciblées et localisées. «Peut-être pourrons-nous demain, grâce au numérique, retrouver nos libertés « physiques » plus vite, ou même ne jamais les abandonner, et avoir des pandémies sans confinement», notent les auteurs.

Une telle plateforme existe déjà sous le nom de Health Data Hub, sauf que les données récoltées sur cette dernière sont réservées strictement au domaine de la recherche. La nouveauté serait que ces données pourraient être débloquées pour être utilisées, mais «uniquement en temps de crise» selon le rapport. «On perdrait en liberté numérique pour gagner en liberté physique», détaille le sénateur.

Un texte provocateur

Avant d'aboutir à la suggestion d'une telle plateforme, les sénateurs font un état des lieux, dans la première partie du texte, des différentes mesures de traçage numérique prises par les gouvernements de pays étrangers, et en particulier des pays d'Asie du Sud-est. A Hong-Kong par exemple, 60 000 bracelets électroniques ont été distribués pour s'assurer, avec d'autres moyens, du respect de la quarantaine. A Taïwan, une interconnexion a été faite entre les bases de données de la police aux frontières, des transporteurs aériens et des données médicales. Ainsi, les autorités peuvent vérifier les antécédents médicaux des voyageurs. Et le rapport de conclure: «ces mesures particulièrement intrusives semblent avoir porté leur fruit: ces pays ont la plus faible mortalité du monde rapportée à la population».

Un contrôle plus stricte pourrait être mise en œuvre avec la Crisis Data Hub avance le rapport. L'exploitation des données personnelles permettrait de déployer des outils de rappel à l'ordre (type envoie d'un SMS) où même, en cas extrêmes, des sanctions comme par exemple la désactivation du pass pour les transports en commun.

« On confie tellement plus facilement nos données au GAFA qu'au gouvernement. »

René-Paul Savary

Le sénateur assume volontiers un texte «provocateur», mais regrette néanmoins les «réactions éruptives». «On confie tellement plus facilement nos données au GAFA qu'au gouvernement», déplore-t-il. Le texte sera débattu prochainement en séance plénière à l'Assemblée nationale pour alimenter la réflexion. Les auteurs ont suggéré une expérimentation dans la région Grand Est, après un passage, bien sûr, par toutes les étapes du débat législatif.

Qu'est-ce que la Crisis Data Hub, cette plateforme de récolte des données qui effraie sur les réseaux sociaux ?

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21 commentaires
  • François Frane

    le

    Le sénat est contre le peuple.

  • Jilanou

    le

    Les gens s’étalent sur les réseaux sociaux et jouent les outragés quand à leur vie privée et leur personne.
    De toutes façons, la pandémie va repartir après ces sacrées vacances et d’autres pandémies vont suivre alors il est certain que la vie d’avant est terminée et que nous entrons dans une nouvelle ere où nous serons tracés, harcelés et contrôlés. Autant s’y faire tout de suite car rien n’arrête le progrès puisque progrès il y a.

  • WAKAKOU KABI

    le

    Il y a une très grande différence entre le fait de pouvoir envoyer des pubs mal calibrées (ce qui est toujours le cas) et donc mettre en relation des annonceurs et des particuliers et détenir des informations qui permettent d'exercer le pouvoir régalien de manière intrusive et coercitive, avec capacité de s'autodéclarer en état d'urgence. Notre démocratie intègre le mot liberté, ce n'est pas pour rien. La liberté existe par défaut, dans tous les choix qui se présentent à nous quotidiennement. Mais elle est fragile. L'égalité et la fraternité sont des utopies qui se construisent, mais ne peuvent pas être le seul objectif. Sinon, on colle tout le monde en prison (même virtuelle) et l'objectif est atteint d'office, les apparences seront sauvées. Une grande victoire pour tous les maniaques du contrôle et les paranoïaques. Vraiment, la démocratie a besoin de ce genre d'outil ? Autant avouer directement que l'éducation nationale est un échec et ne sert plus les vertus humanistes. Déjà qu'elle n'était plus professionalisante....

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