“Colère, indignation et questionnements !” titre en une le quotidien de référence El-Watan. En Algérie, les révélations de Saïd Chetouane sont l’affaire de trop.

Lors de la marche du Hirak du samedi 3 avril, ce jeune homme de 15 ans a été arrêté par la police et conduit au poste. C’est là, dit-il, que son calvaire a commencé. À l’intérieur du fourgon, des policiers intimident le jeune mineur, le traitent d’enfant “illégitime” et s’adonnent à des “attouchements sexuels”, explique Saïd Chetouane dans un témoignage publié notamment par le site d’informations Algérie Eco. Selon lui, des policiers ont tenté de le violer.

Sa mère, qui apparaît également sur la vidéo, est sous le choc. Elle s’adresse directement au président de la République pour lui demander d’intervenir :

C’est un mineur, monsieur le Président ! C’est ça, l’État dans lequel nous vivons ?

Les autorités algériennes semblent toutefois sourdes aux différentes alertes et sceptiques quant au témoignage de Saïd Chetouane. Cité par le site Casbah Tribune, le procureur général d’Alger, Mourad Sid Ahmed, a évoqué le rapport du médecin légiste le 6 avril, lors d’une conférence de presse qui l’a vu refuser de répondre aux questions des journalistes :

Le mineur dit avoir été poussé par-derrière avec une antenne d’un talkie-walkie, et le rapport du médecin légiste est clair, il n’y a pas de traces apparentes d’un acte contre-nature. Le mineur refuse d’être diagnostiqué de façon plus précise, et nous respectons cela.

Une affaire qui en cache d’autres

Selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), les actes de tortures et d’agressions sexuelles ne sont pourtant pas isolés, rapporte El-Watan. “Les révélations des hirakistes se poursuivent, déclarant être victimes de torture et de viol lors de la garde à vue, malgré les appels urgents et les différentes interpellations de la LADDH”, affirme l’ONG.

Les dénonciations de sévices à caractère sexuel dont ont été victimes des activistes du Hirak se sont en effet multipliées ces derniers mois. En février dernier, un étudiant algérien, Walid Nekkiche, avait dénoncé “l’horreur” subie en détention. Et d’après El-Watan, l’activiste Samy Dernouni, arrêté en décembre 2020, avait lui aussi accusé les forces de l’ordre de l’avoir violé. Mais l’enquête ouverte, notamment pour le cas de Walid Nekkiche, “n’a toujours pas donné de résultats”, conclut le quotidien.