Effroyable. Les révélations de l’étudiant Walid Nekkiche devant la juge sont glaçantes. Elles font froid dans le dos. “J’ai subi des agressions physiques et des sévices sexuels, j’ai été touché dans mon honneur”, a-t-il déclaré à la face du tribunal et de toute l’Algérie. [Mardi 2 janvier, le jeune homme a été condamné à six mois de prison après avoir participé au Hirak, en 2019. Durant l’audience, il dit avoir été “agressé sexuellement, physiquement et verbalement par les services de sécurité lors de son interrogatoire”.]

En apprenant cette vérité, de nombreux Algériens n’ont pas pu trouver le sommeil. Une nuit de cauchemar. L’on se souviendra pour toujours de ce procès où est révélée l’existence de pratiques d’un autre âge qu’on croyait à jamais révolues. De la torture ! Mon Dieu ! Rien qu’à entendre ce sinistre mot, le cœur se serre.

La subir et qui plus est de la manière la plus abjecte comme ce fut le cas pour le jeune Walid relève de l’abomination. Une horreur absolue. Ses avocats affirment qu’il a été “violé”. Qui l’eût cru ! Dans l’Algérie de 2019 qui vibrait au rythme d’une extraordinaire résurrection, un étudiant arrêté par les services de sécurité et soumis à des pratiques aussi barbares pour lui arracher des aveux. Quelle folie ! En infligeant des sévices à un citoyen, c’est toute l’Algérie qui est torturée et violée.

Les coupables doivent rendre des comptes

Ses tortionnaires doivent répondre de leur forfaiture. Les auteurs et les commanditaires doivent rendre des comptes sur leurs actes barbares. Ils ont brisé un citoyen, mais, avec ce comportement de gangsters, ces bourreaux ont, de plus, gravement sali leur uniforme, souillé l’honneur de leur institution. Plus grave encore, ils ont porté atteinte à toute l’Algérie. Ce sont ces agissements qui menacent réellement la sécurité et l’unité de la nation. D’où la nécessité et l’urgence de faire toute la lumière sur ces faits d’une extrême gravité. Une enquête s’impose.

La libération du détenu après quatorze mois de détention ne peut clore ce dossier qui s’empile dans la chambre noire de l’arbitraire. Cette affaire ne doit pas passer sous silence. Se taire sur une dérive pareille, c’est ouvrir la voie à d’autres atrocités. Elle restera comme une terrifiante violence contre la conscience collective. Une profonde blessure qui s’ajoute à d’autres, dont l’Algérie ne finit pas de souffrir.