Le ministre irakien de l’éducation a décidé d’introduire le syriaque et l’enseignement de la religion chrétienne dans les programmes de 152 écoles publiques des provinces de Bagdad, Ninive et Kirkouk.

« Avant 2003, environ 1,5 million de chrétiens vivaient en Irak, mais selon les chiffres récents, ils ne seraient plus que 300 000. Peut-être cette baisse radicale a-t-elle poussé l’administration en charge de l’éducation à trouver des moyens de préserver le patrimoine culturel et religieux du christianisme en Irak ? Le christianisme est une composante majeure de la société irakienne, et le laisser disparaître, quelles que soient les circonstances, serait la preuve d’une incroyable négligence », indique le journal Al Monitordans un article du 19 février 2014.

Les 152 écoles concernées ont été sélectionnées dans les zones du pays où la concentration de chrétiens est la plus importante. La province de Ninive (nord), en particulier, est celle qui abrite la ville – majoritaire chrétienne – de Qaraqosh. Selon Emad Salem Jeju, directeur pour l’étude du syriaque, les écoles impliquées dans le projet accueillent environ 20 500 élèves.

Nouvelles lignes directrices

Quelques rares classes délivrent déjà l’ensemble de leur enseignement en syriaque. D’autres dispensent uniquement des cours de syriaque et un enseignement religieux en syriaque (et le reste en arabe). Elles utilisent dans ce cas le même programme que les écoles du Kurdistan irakien. « L’Assemblée des évêques catholiques en Irak préparera d’ici l’an prochain de nouvelles lignes directrices en vue de l’enseignement scolaire de la religion chrétienne », affirme Al Monitor.

Professeur dans une école primaire de la province de Douhouk (nord de l’Irak), Enlil Issac Yako a écrit sur ​​le site officiel du Mouvement démocratique assyrien Zowaa qualifie cette décision de « progrès pour tout le pays, car la langue en est la base, tout comme la terre, le peuple, la religion, la culture, les coutumes et les traditions. Il s’agit d’une étape importante pour notre communauté contrainte de prouver son existence et son identité nationale sur la terre de ses ancêtres alors qu’elle est une composante réelle et antique de la civilisation de ce pays ».

Certains obstacles

La mise en œuvre de la décision devrait rencontrer toutefois un certain nombre d’obstacles, comme le fait que beaucoup de familles chrétiennes – assyriennes ou chaldéennes – ne parlent plus couramment le syriaque, en particulier dans la ville de Mossoul, comme l’a rapporté au journal Al Monitor Athena Baba Younathan, directeur adjoint de l’école primaire Alf-Farah.

En Irak, une direction générale des arts et de la culture syriaques a été créée en août 2011. Depuis lors, les initiatives visant à favoriser la reprise de l’usage de la langue syriaque ont vu leur nombre augmenter. Au Kurdistan, les politiques de soutien au syriaque avaient déjà été inaugurées dans les années 1990.

Le 7 janvier 2014, dans une loi sur les langues officielles, le Parlement irakien a reconnu également le syriaque et l’arménien au nombre des langues officielles du pays, tout comme la langue des Turkmènes. Jusqu’alors, les seules langues reconnues étaient l’arabe et le kurde.