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La Russie tend les bras à l'Ukraine

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch et Vladimir Poutine. SERGEI KARPUKHIN/REUTERS

Baisse du prix du gaz russe, prêt de 15 milliards, levée des barrières douanières: Vladimir Poutine a récompensé ce mardi pour son alignement le président ukrainien, qui est toujours conspué dans les rues de Kiev par ses opposants proeuropéens.

À Moscou

Moscou offre un véritable ballon d'oxygène à l'Ukraine. En visite mardi à Moscou, le chef de l'État, Viktor Ianoukovitch a obtenu de son allié russe l'équivalent d'un prêt de 15 milliards de dollars, une baisse de plus de 30% des prix du gaz ainsi qu'une levée des barrières commerciales qui perturbaient les échanges entre les deux pays. «La discussion a été tout à fait constructive» s'est félicité le numéro un ukrainien, au moment où 50.000 de ses opposants, qui réclament un rapprochement de leur pays avec l'Union européenne, se rassemblaient sur la place Maïdan à Kiev pour dénoncer la «mise en gage de leur pays» auprès de la Russie.

Concrètement, le gouvernement ukrainien émettra des euro-obligations auxquels Moscou, par l'intermédiaire d'un Fonds financé par ses recettes pétrolières, souscrira à hauteur de 15 milliards de dollars (environ 11 milliards d'euros). Une partie de ce prêt devrait être délivré dès cette année. La somme, inférieure de 3,8 milliard au montant des réserves de la Banque centrale ukrainienne, devrait permettre à Kiev d'honorer sa dette extérieure et d'éviter ainsi un défaut de paiement.

Par ailleurs, le gouvernement ukrainien verra le prix du gaz qu'il achète à la Russie, baisser de 33%, passant d'environ 400 dollars les mille mètres cubes aujourd'hui à 268,1 dollars, et ceci dès le 1er janvier 2014. Bien que ce tarif reste largement supérieur à celui que paye l'économie biélorusse, autre ancien satellite de l'URSS, cette réduction devrait permettre de réduire le déficit de la compagnie nationale, Naftogaz, qui est lui-même, équivalent à… 3% du PIB de l'Ukraine (soit près de la moitié du déficit budgétaire total du pays).

Enfin, les entreprises ukrainiennes qui avaient fait face à des mesures de représailles commerciales ces derniers mois de la part de la Russie, devraient voir leurs échanges reprendre normalement.

Un fardeau pour l'économie russe

Pour l'économie russe qui fait déjà face à un sérieux ralentissement, conjugué à des problèmes budgétaires, cette aide à l'Ukraine représente une charge supplémentaire. Ce fardeau sera également supporté par le géant Gazprom, qui devra financer, via la poche des contribuables russes, le rabais énergétique imposé par le Kremlin au nom d'objectifs politiques supérieurs.

Aussi bien Moscou que Kiev ont démenti toute discussion sur la possibilité d'adhésion future de l'Ukraine à l'Union douanière, sorte de marché commun post soviétique dans lequel le Kremlin souhaite, en échange de son aide, attirer son ancien satellite. L'objectif est de ne pas provoquer les manifestants pro-européens. «Il y aura évidemment des demandes de contreparties russes, mais celles-ci feront l'objet de négociations qui s'étaleront jusqu'aux élections présidentielles de 2015», pronostique un diplomate européen.

Selon un scénario idéal imaginé conjointement entre Vladimir Poutine et Viktor Ianoukovtich, ce dernier remporterait alors le scrutin, ce qui lui laisserait alors les coudées plus franches face à son opinion publique. Dans le meilleur des mondes possibles.

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