Au Pavillon de l'Arsenal, des films courts racontent le “Grand Paris des Ecrivains”

Le mercredi 6 octobre, cinq nouveaux épisodes de la saison 2 du cycle le “Grand Paris des Ecrivains” sont proposés en avant-première au Pavillon de l’Arsenal. Ces courts-métrages, issus d’histoires imaginées par Philippe Jaeneda, Faïza Guène, Laurence Cossé… documentent en pointillés très subjectifs cette métropole en mal d’identité(s).

Par Luc Le Chatelier

Publié le 05 octobre 2021 à 13h30

Mis à jour le 05 octobre 2021 à 16h27

«<em>J’aime bien la gare St Lazare. Ou plutôt non, je ne l’aime pas trop. Comme tout le monde. Personne n’aime vraiment la gare St Lazare... » Philippe Jeanada, auteur du Printemps des Monstres, ouvre le bal de la saison 2 du Grand Paris des écrivains. Soit dix nouveaux films courts qui s’ajoutent aux dix de la saison 1, mis en ligne sur le site du pavillon de l’Arsenal. Chacun donne la parole à des auteur(e)s, à charge pour elles et eux de raconter un petit bout du territoire de cette métropole du Grand Paris en mal d’identité(s).

Fiction, fait divers, souvenirs, poème, manifeste, l’approche est libre. Seule contrainte : que le texte ne fassent pas plus de 3500 signes, soit 4 à 5 minutes de lecture. « Suffisamment pour cerner une écriture et raconter une histoire en restant dans un format compatible avec le web et la vision sur un smartphone », explique Stefan Cornic, le concepteur de la série et réalisateur de l’ensemble des épisodes, caméra à l’épaule et sur son petit vélo. « Comme c’est court, explique-t-il encore, on peut en voir plusieurs à la file. »

Attraper l’imprévu

Lors de la saison 1, sortie en 2020, Maylis de Kérangal, Joy Sorman ou Alice Zeniter nous emmenaient sur l’île Seguin à Boulogne, au bassin de la Villette dans le 19e arrondissement, ou au coin d’une rue à Fontenay-aux-Roses (92). Cette fois, Philippe Jaenada, qui n’aime pas trop la gare St Lazare, nous entraîne dans les rues alentours aux noms de ville européennes — Naples, Edimbourg, Constantinople … — sur les traces du petit Luc Taron, 11 ans, disparu le 26 mai 1964, à la gare St Lazare, justement, dont on retrouva le corps le lendemain au pied d’un chêne dans le bois de Verrières (10). La caméra colle ici à chaque mot, chaque plaque de rue, chaque détail…

Patrice Blouin a fait le tour du périphérique le jour du solstice d’hiver.

Patrice Blouin a fait le tour du périphérique le jour du solstice d’hiver. © Stéphane Cornic / Pavillon de l'Arsenal

« Tout dépend du texte que l’auteur écrit et lit en voix off, explique Stefan Cornic, le jeune réalisateur (né en 1987), cycliste urbain passionné d’architecture, de cinéma et de littérature, titulaire en outre d’un diplôme d’histoire de l’art. « Certains sont dans la description quasi clinique, comme Laurence Cossé qui tourne autour de ce qu’elle appelle “l’archicube” (un cube dans un cube, ndlr) de la Grande Arche de la Défense. J’essaie, dans mes images, de rester très rigoureux. Certains s’échappent dans des contes oniriques, comme Patrice Blouin qui, sur ma suggestion de nous parler du périphérique, en fait le tour à pied au solstice d’hiver à la poursuite d’une “divinité mineure qui pousse sa boule de feu” sur cet anneau de béton au jour le plus court de l’année. Je gambade derrière… »

“Quatre Chemins, un petit village gaulois que la gentrification n’a pas encore réussi à métamorphoser.” Faïza Guène, autrice

Parfois, sa caméra attrape l’imprévu, comme à Quatre Chemins, « un quartier entre Aubervilliers et Pantin où un gros carrefour fait comme un nœud bruyant sur la Nationale 2 » dit en voix off l’écrivaine Faïza Guène, qui a passé son enfance ici. Un petit coin de la très grande ville qu’elle continue à aimer pour « tous ces destins, ces exils qui se croisent et s’emmêlent, ces tas de langues qui se chuchotent et qui se hurlent. Un petit village gaulois que la gentrification n’a pas encore réussi à métamorphoser. Pas l’ombre d’un type à vélo avec un casque en polycarbonate. »

Documenter la pandémie

La caméra, plantée sur le trottoir, capte plutôt trois gamins hilares juchés sur un Vélib’, l’un assis dans le panier, l’autre juché sur les pédales, le troisième en équilibre sur les écrous de l’axe de la roue arrière, qui slaloment sur le trottoir. Sans masque, alors que tout le monde, sinon, semble en porter. Signe des temps. Alors que la saison 1 avait été tournée avant, aux jours heureux du temps de l’innocence, celle-là documente le temps de la pandémie. Pourvu que la saison 3, déjà programmée pour fin 2022, ouvre sur un territoire apaisé. A moins que le déréglement climatique ne joue sa partition : Grand Paris caniculaire, ou Grand Paris sous l’eau ?

Y aller
Le Grand Paris des Ecrivains, soirée exceptionnelle mercredi 6 octobre, avec la projection des films de Laurence Cossé, La Grande Arche, Faïza Guène, Quatre-Chemins, Philippe Jaenada, Gare Saint-Lazare, Jean-Charles Massera, On ne pouvait pas [sa]voir, Emmanuelle Pireyre, Les Arcades du lac, Pavillon de l’Arsenal, 21 Bd Morland, Paris 4e, dans les limites des places disponibles. 

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