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Portrait

Louis-Léopold Boilly, le trublion du siècle des Lumières

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Publié le , mis à jour le
Des marchandes de fleurs aux collectionneurs, des comédiens aux petits ramoneurs, Boilly aura croqué ses contemporains avec tendresse et maestria, comme le montre son catalogue raisonné, publié aux éditions Arthena. Portrait d’un artiste truculent.
Louis-Léopold Boilly, Réunion de trente-cinq têtes d’expression
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Louis-Léopold Boilly, Réunion de trente-cinq têtes d’expression, vers 1825

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Une œuvre bruyante, faite de grimaces, de bousculades et d’émotions brutes. Tout cela fait bien rire Boilly qui s’est représenté hilare avec son béret d’artiste au centre de la partie haute du tableau. À cette époque où la caricature est en vogue, l’artiste se régale du spectacle de la comédie humaine.

Huile sur toile • 37 x 50 cm • Coll. William Koch • © Wheelock Whitney

Trognes distordues par des rictus grossiers, yeux exorbités, langues tirées, sourires railleurs ; et ça se gausse, ça crie, ça ricane, ça se chicane, ça se bat… À qui pouvait bien s’adresser cette galerie de Grimaces, véritable cacophonie visuelle, peinte par Louis-Léopold Boilly (1761–1845) dans les années 1820 ? Aux critiques et officiels qui ne voyaient en lui qu’un amuseur virtuose, sinon un petit-maître, certes surdoué dans sa catégorie, mais petit quand même ? Lorsqu’il réalise ce tableau surchargé de personnages à l’expression caricaturale, l’artiste jouit d’un succès commercial et public, tout en espérant encore une reconnaissance officielle. Et même s’il est présent aujourd’hui dans de nombreuses collections publiques en France comme et à l’étranger, il reste une figure secondaire de l’histoire de l’art. « On ne pardonne pas à Boilly d’avoir tant d’esprit, ni au public de prendre si grand plaisir à regarder ses tableaux », résumait déjà un demi-siècle après sa mort le critique Henry Harrisse.

Louis-Léopold Boilly, L’Ébahi (Autoportrait)
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Louis-Léopold Boilly, L’Ébahi (Autoportrait), vers 1808–1810

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Pierre noire, rehauts de craie blanche • 23,20 × 18,40 cm • Coll. particulière • © Ph. Sebert.

Esprit libre et facétieux, fin observateur de ses contemporains, maître du trompe-l’œil, chroniqueur du Paris de la période révolutionnaire, de l’Empire et de la Restauration, « Boilly est un besogneux qui garde une immense empreinte de la réalité de son temps. Il présente un miroir visuel des choses de la vie qui ne peut laisser indifférent, une sorte de caméra cachée virtuelle à l’aune de son regard infaillible », résument Étienne Bréton et Pascal Zuber, les auteurs du catalogue raisonné qui vient de paraître chez Arthena. Fruit d’un travail de recherche titanesque, l’ouvrage révèle toute l’étendue du talent de Boilly, qui apparaît comme l’un des représentants les plus attachants et amusants de cette peinture dite « de genre » à travers laquelle s’exprime l’esprit des Lumières.

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