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Décryptage

Un défaut de paiement de la Russie paraît désormais inéluctable

Les trois grandes agences de notation classent la dette publique russe en catégorie « C », dernière étape avant le défaut. Le 16 mars prochain, la Russie doit verser 117 millions de dollars de coupons sur des obligations en dollars. Mais la banque centrale contrôle les capitaux pour limiter les sorties de devises. Et Vladimir Poutine a signé un décret autorisant à rembourser les créanciers étrangers en roubles.

Un défaut de la Russie est imminent.
Un défaut de la Russie est imminent. (iStock)

Par Sophie Rolland

Publié le 14 mars 2022 à 06:05Mis à jour le 14 mars 2022 à 17:14

Le risque de défaut de la Russie est « imminent », a prévenu Fitch la semaine dernière. Désormais les trois grandes agences de rating financier classent la dette publique russe en catégorie « C », dernière étape avant le D (défaut). « Lorsque les agences de notations dégradent un émetteur en catégorie C, le défaut est quasiment inéluctable », rappelle Michael Israel, cofondateur d'IVO Capital Partners. Deux raisons sont invoquées par les agences.

« Le renforcement des sanctions et les propositions susceptibles de limiter le commerce de l'énergie augmentent la probabilité d'une réponse politique de la Russie incluant au moins un non-paiement sélectif de ses obligations souveraines », souligne Fitch. « Les contrôles des capitaux par la Banque centrale de Russie vont restreindre les paiements transfrontaliers y compris pour le service de la dette sur les obligations souveraines », ajoute Moody's.

Forteresse

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Rarement un pays si faiblement endetté (moins de 20 % du PIB) et qui comptait si peu sur les investisseurs étrangers pour se financer s'est ainsi trouvé au bord du défaut de paiement. Dans une note, Morgan Stanley redoute très prochainement un « défaut de paiement à la vénézuélienne . » Un comble, alors que la Banque centrale russe avait construit une véritable forteresse financière, avec des réserves de plus de 630 milliards de dollars.

De quoi couvrir très largement un stock de dette externe publique estimé à 220 milliards de dollars (y compris les entreprises contrôlées par le gouvernement), si les pays du G7 n'avaient pas décidé de geler ces avoirs . Désormais la Banque centrale russe a accès à moins de la moitié de ses réserves - essentiellement la partie la moins liquide.

Paiement de coupons

Le dernier défaut de paiement de Moscou, en 1998, est resté dans les mémoires. Il avait entraîné un effondrement du rouble et une onde de choc dans tout le système financier. Aujourd'hui, les conséquences d'un défaut seraient très différentes. D'abord parce qu'il ne serait pas la cause mais l'une des conséquences de la crise. Les investisseurs fuient déjà les actifs russes et le pays est de fait déjà privé de liquidités .

L'heure de vérité approche. Le 16 mars prochain, la Russie doit verser 117 millions de dollars de coupons sur des obligations en dollar de maturité 2023 et 2043. Les investisseurs internationaux ont peu d'espoir de recevoir leur dû. Déjà, le 2 mars dernier, un coupon sur un emprunt obligataire OFZ (en rouble) n'a été payé qu'aux investisseurs locaux, car la banque centrale contrôle les capitaux pour limiter les sorties de devises. Les paiements aux non-résidents sont ainsi interdits.

VIDEO. Pour Poutine, les sanctions occidentales ne feront que « renforcer notre souveraineté économique »

Remboursement en rouble

En outre, Vladimir Poutine a signé, début mars, un décret autorisant le gouvernement et les entreprises à rembourser les créanciers étrangers originaires de « pays hostiles » en roubles, même lorsque leurs titres sont libellés dans d'autres devises. « Cette possibilité était prévue dans les contrats des emprunts obligataires émis après 2014, précise Julien Fabre chez Candriam, mais ceux qui donnent lieu à un paiement de coupon le 16 mars n'en font pas partie. »

Un paiement en rouble caractériserait un défaut. Toutefois celui-ci ne serait pas déclaré immédiatement, mais après une période de grâce de trente jours.

« Même si, comme annoncé par le ministre des finance Silianov, la Russie décidait de procéder à un paiement en dollar, celui-ci ne parviendrait vraisemblablement pas aux investisseurs, car tout est paralysé, tant du côté russe que du côté occidental », remarque Julien Fabre. Par crainte de sanctions américaines Euroclear et Clearstream ont bloqué la plupart des transactions.

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Sophie Rolland

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