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Billy Wilder - Commentaires

Grande figure du cinéma américain évidemment, l’un des maîtres d’un genre (la comédie) qu’il a porté à des sommets de sophistication et de virtuosité, Wilder est de ces artistes qui délivrent, par le divertissement, une pensée aigue, universelle, profonde. Impossible de ne pas admirer ce ...

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22 films

créee il y a plus de 11 ans · modifiée il y a plus d’un an

Mauvaise graine
5.5

Mauvaise graine (1934)

1 h 15 min. Sortie : 5 juillet 1934. Comédie dramatique, Romance

Film de Alexander Esway et Billy Wilder

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Le premier film de Wilder est français. Lesté par la médiocrité de ses acteurs (à l’exception de Danielle Darrieux, aux joues encore adolescentes), percé de trous qui sont moins des ellipses que des insuffisances, grevé par une prise de vues assez déficiente qui trahit un manque flagrant de budget, c’est une comédie innocente exploitant le goût du temps pour l’automobile et le souvenir des serials (la bande, les poursuites). L’idéologie des années de crise y pointe le bout de l’oreille : le départ vers la colonie qui régénère, la restauration in fine de l’autorité paternelle, incontestable comme la figure du commandeur ou un portrait du maréchal. Mais les plans filmés à la sauvette dans les rues de Paris, l’aération du tournage et les tableaux réalistes de la vie urbaine offrent comme un avant-goût de Nouvelle Vague.

Assurance sur la mort
7.9

Assurance sur la mort (1944)

Double Indemnity

1 h 47 min. Sortie : 31 juillet 1946 (France). Film noir

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le collier au pied de Barbara Stanwick en femme fatale archétypale, l’intelligence désinvolte d’Edward G. Robinson, la toile qui se referme autour de Fred MacMurray, meurtrier malgré lui, victime d’une manipulation vénéneuse de très grand style. Les rapports humains se voilent en un jeu de dupes généralisé, l’intrigue est fatale et poisseuse, l’ironie aussi cinglante que désabusée, dévoilant en creux la perversion d’un système de vie basé sur le sexe et l’argent. C’est un modèle de film noir faisant de la substitution d’identité, du mensonge et de l’attractivité morbide ses arguments premiers, une machination serrée où chacun installe sa mise en scène pour commettre ou dénoncer un crime mais dont les engrenages se broient, le précis de décomposition implacable d’un asservissement psychologique. Un sommet impérissable.
Top 10 Année 1944 :
https://urlz.fr/kefT

Le Poison
7.5

Le Poison (1945)

The Lost Weekend

1 h 41 min. Sortie : 14 février 1947 (France). Drame, Film noir

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Tenir une heure, se traîner jusqu’au zinc du coin pour se couler les cinq dollars qui restent dans le gosier, trouver de quoi se payer une autre bouteille, réussir à passer la nuit sans boire, puis recommencer… Faire une croix sur toute ambition professionnelle, toute dignité, toute probité morale, ne pas voir que sa petite amie et son frère se tuent pour nous sortir de la prison d’égoïsme et de veulerie que le poison de l’alcoolisme construit jour après jour. Wilder fixe cet enfer de manière clinique, en restitue la désillusion et le désarroi du quotidien à travers un climat d’angoisse asphyxiant – les murs se resserrent, le temps se fige dans le manque du prochain verre, les hallucinations remontent à la surface de l’image. Accessoirement, il rappelle à quel point Ray Milland (remarquable) est un sosie de James Stewart.
Top 10 Année 1945 :
https://urlz.fr/keg0

La Scandaleuse de Berlin
7

La Scandaleuse de Berlin (1948)

A Foreign Affair

1 h 56 min. Sortie : 22 avril 1949 (France). Comédie

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Conçue pour valoriser l’armée américaine occupant l’Allemagne vaincue, cette comédie d’espionnage transforme le concept en vitriol et n’hésite pas à montrer le marché noir, la fraternisation fornicatrice avec les habitantes, les combines cupides et les comportements égoïstes qui constituent le quotidien au milieu des ruines. Si Wilder joue sur le comique des situations, la manipulation de la députée ou le cynisme du soldat chargé de la dénazification et truquant la réalité pour se payer du bon temps, l’essentiel réside dans la mise en lumière des aléas de l’idéalisme, dans le portrait d’une femme dangereuse (l’incendiaire Marlene Dietrich) mais qui n’est jamais peinte comme un monstre ou une garce. Néanmoins le film se traîne un peu, et le mordant du cinéaste y est moins incisif.

Boulevard du crépuscule
8.2

Boulevard du crépuscule (1950)

Sunset Boulevard

1 h 50 min. Sortie : 18 avril 1951 (France). Film noir

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Grandeur et décadence d’Hollywood, de sa mythologie, de ses stars. L’ironie de Wilder se fait mortifère, la satire tourne cette fois à la tragédie, et le film s’offre comme l’épitaphe somptueuse d’une cité qui n’a jamais existé ailleurs que dans les songes chimériques de ceux qui la font : tout le monde se ment par pitié, par intérêt ou par amour, les personnages (anciennes gloires, fantômes hors du temps, gigolos désabusés) s’enferment dans des clôtures mentales et se vampirisent avec un masochisme délirant qui dynamise la danse de mort. Le cinéaste se laisse aller à ses penchants expressionnistes et organise une ronde fascinante et vénéneuse au cœur de l’usine à rêves. C’est une oraison funèbre, une élégie des illusions et des ambitions brisées, et l’un des plus grands films jamais réalisés sur la puissance anthropophage du cinéma.
Top 10 Année 1950 :
http://lc.cx/ZU7r

Le Gouffre aux chimères
8

Le Gouffre aux chimères (1951)

Ace in the Hole

1 h 46 min. Sortie : 2 avril 1952 (France). Drame, Film noir, Comédie

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Un journaliste sans scrupules mais saqué débarque dans un trou paumé du Nouveau-Mexique, y végète un moment, avant de flairer le bon filon lorsqu'un mineur se retrouve coincé sous terre après un éboulement. Porté par un Kirk Douglas déchaîné, le film offre à Wilder l'occasion d'épancher sa veine la plus cruelle, la plus noire, la plus implacable. On pourra trouver le trait chargé, mais lorsque le cinéaste invite l'Amérique entière à se regarder en face, en montant autour du drame un odieuse foire au sensationnalisme, invitant la famille modèle, la classe politique et la machine économique participer de la même parade obscène de corruption et d'avidité, la charge, en plus de faire froid dans le dos, revêt une ironie et une lucidité féroce qui restent bien fichées sous la peau.
Top 10 Année 1951 :
http://lc.cx/ZU7t

Stalag 17
7.3

Stalag 17 (1953)

2 h. Sortie : 7 octobre 1953 (France). Comédie, Drame, Guerre

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

En ce début des années cinquante frappées par le maccarthysme, Wilder vient donner un bon coup de botte au genre florissant du film de guerre et, prenant "La Grande Illusion" comme modèle, le détourne pour mieux faire mordre la poussière à l’héroïsme, à la loyauté et à la bravoure. La baraque de son camp de prisonniers fonctionne comme le précipité d’une humanité suspicieuse, prompte aux condamnations arbitraires, qui voit un magouilleur individualiste, cupide et cynique poussé à démasquer l’espion caché parmi ses camarades non par solidarité ou patriotisme, mais pour sauver sa peau. Si les glissements de la comédie au drame ou au suspense sont parfois un peu poussifs, l’acidité de la fable, ponctuée de motifs typiquement wilderiens, dénote indéniablement la personnalité de son auteur.

Sabrina
7.2

Sabrina (1954)

1 h 53 min. Sortie : 4 février 1955 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

La haute société new-yorkaise, deux frères richissimes qui n’ont d’yeux qui pour le profit, qui pour les pouliches de luxe, et la fille du chauffeur amoureuse de l’un comme le ver est épris de la lune. L’intention est claire : démarquer le conte de fées. La méthode savoureuse : brocarder l’obsession matérialiste et consumériste de cette société du capital en assimilant l’idée fixe de l’héroïne à une forme perverse d’arrivisme. Wilder orchestre finement une comédie à la Cukor où tout le monde est dupe de ses propres mensonges, compromis et manipulations, mais il sait ménager également à ses héros les plus volontaires un bonheur sans absolu, et la prise de conscience de leurs rêveuses désillusions. Inutile de préciser qu’à ce petit jeu, le trio de stars fait des étincelles.

Sept ans de réflexion
6.9

Sept ans de réflexion (1955)

The Seven Year Itch

1 h 45 min. Sortie : 29 février 1956 (France). Comédie romantique

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Ne nous laisse pas succomber à la tentation… Que reste-t-il de cette comédie frivole et allusive, au-delà de l’image universellement connue de la robe de sa blonde star soulevée par l’air frais du métro new-yorkais ? Une ribambelle de séquences burlesques, moites et corrosives qui démontent en profondeur les désirs et les fantasmes du mâle américain, ses techniques de drague rouillées, ses frustrations réveillées. Le cadre est un peu aliéné par les origines théâtrales du sujet mais Wilder n’a pas son pareil pour subvertir la morale étriquée des années 50, exprimer les pulsions de son personnage en introduisant des images mentales comment autant de rêveries équivoques, et battre en brèche le tabou de l’adultère en le confrontant au sex-appeal animal de Marilyn Monroe.

L'Odyssée de Charles Lindbergh
7

L'Odyssée de Charles Lindbergh (1957)

The Spirit of St. Louis

2 h 15 min. Sortie : 31 mai 1957 (France). Aventure, Biopic, Drame

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Pour évoquer l’exploit d’un des plus grands héros américains de l’entre-deux-guerres, Wilder a choisi de ne pas recourir aux trompettes de la grande épopée ni aux conventions du biopic hagiographique. Aucune mention à la vie privée de l’aviateur, pas de détail périphérique, zéro dérivatif : juste une relation objective (par le style, non par le point de vue) de l’évènement et de ses préparatifs, dépourvue d’emportement, d’ironie et de sentimentalité. La force magnétique du film s’en voit décuplée, qui associe dans un même mouvement exaltant la grandeur d’une idée fixe, les moyens humains déployés pour la concrétiser, et la fascination exercée par les "décrochages" d’un récit qui épouse la solitude, la fatigue, l’engourdissement, les problèmes concrets de la traversée. Un spectacle totalement captivant.

Ariane
7.1

Ariane (1957)

Love in the Afternoon

2 h 05 min. Sortie : 29 mai 1957 (France). Comédie romantique

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le film marque la première collaboration de Wilder avec le scénariste I.A.L. Diamond. Variation douce-amère sur les stratagèmes de l’idée fixe et les multiples visages du mensonge, ce conte de fées lubitschien raconte comment une jeune fille innocente se fait passer pour une gourgandine afin de séduire un Casanova quinquagénaire : parfaitement huilé, le dispositif permet de développer toute une série de variations tonales et célèbre une éducation sentimentale qui passe aussi bien par le sourire que par une certaine forme de désenchantement. Mais l’ensemble n’évite pas complètement la superficialité, et si les notes de gravité qui ponctuent la comédie sont appréciables, on peut largement préférer l’acide habituel de l’auteur à ce champagne un peu fade aux senteurs de bibliothèque rose.

Témoin à charge
7.9

Témoin à charge (1957)

Witness for the Prosecution

1 h 56 min. Sortie : 19 février 1958 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Intermezzo dans la série des comédies moralistes de l’auteur : Wilder s’offre une récréation criminelle et importe avec brio l’univers d’Agatha Christie dans le sien. Ou plutôt l’inverse, tant son identité de cinéaste sarcastique s’efface au profit d’un échafaudage narratif réglé au poil. Peu importe : pour qui aime se faire balader et prendre au piège d’une toile toute en perspectives déformées, dualités, déguisements, mensonges à gogo et retournements variés, c’est le pied complet. Au-delà d’un suspense de prétoire parfaitement orchestré, Wilder révèle les dessous sordides d’un crime crapuleux, mis à nu à la faveur d’un coup de théâtre final qui laisse sur le derche. Et pour mener ce festival de la ruse et du trompe-l’œil, rien de tel qu’un Charles Laughton onctueux et cabotin en diable.

Certains l'aiment chaud !
7.9

Certains l'aiment chaud ! (1959)

Some Like It Hot

2 h 01 min. Sortie : 9 septembre 1959 (France). Comédie, Romance, Gangster

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Wilder disait qu’il réalisait des films gais quand il était triste, et des films tristes quand il était gai. Il devait carburer au Prozac pour accoucher de cette bombe chauffée à blanc, modèle absolu de comédie dévastatrice dopée à la subversion de contrebande et à la sensualité décomplexée. S’il ne trahit pas ses thèmes, son goût de la cupidité cynique, du mensonge, des impostures, le cinéaste les modèle dans une étourdissante mécanique comique qui fait du masque et de la rétroaction son principe dynamique, et où l’inflation d’allusions sexuelles est si grande qu’elle étouffe toute vulgarité. Sur un rythme frénétique et avec le concours de trois acteurs géniaux, Wilder dit tout de l’ambigüité des genres, de l’euphorie amoureuse, des relations hommes-femmes, avec une audace qui n’a d’égale que la légèreté.
Top 10 Année 1959 :
http://lc.cx/Zw95

La Garçonnière
8

La Garçonnière (1960)

The Apartment

2 h 05 min. Sortie : 16 septembre 1960 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Le ton se fait sans doute moins débridé que dans le film précédent, mais gagne peut-être en substance réflexive et en subtilité. Jack Lemmon y est la figure définitive de l’employé anonyme, écartelé entre la volonté de se créer une vie meilleure et sa droiture d’honnête homme. Le film est parfois morbide, souvent désenchanté, illustrant le fantasme de la réussite sociale individuelle à travers une salve de comportements vampiriques, de plaisirs égoïstes et de promotions pathétiques ; le propos est grinçant mais dispense paradoxalement une pensée heureuse. Une fois de plus, c’est par la légèreté et l’humour (exquis) que Wilder atteint à l’universel, qu’il parle de l’aliénation du citadin moderne, de ses rêves réprimés et de l’amour salvateur – comment résister à la fragilité pétillante de Shirley MacLaine ? Elégance, émotion et profondeur : la grande classe.
Top 10 Année 1960 :
http://lc.cx/BMf

Un, deux, trois
7.2

Un, deux, trois (1961)

One, Two, Three

1 h 44 min. Sortie : 28 février 1962 (France). Comédie

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Au moment du tournage, le mur de Berlin s’érige et la situation géopolitique ne prête pas franchement à rire. Accordé aux notes échevelées de Khatchatourian, le cinéaste choisit pourtant de fondre le communisme soviétique et le capitalisme yankee dans un même bouillon de folie burlesque, un jeu de manipulation proprement étourdissant mené par un James Cagney déchaîné. Un-deux-trois, tac-tac-tac, la charge satirique frappe très fort et dans toutes les directions, désigne comment tout s’achète et se corrompt, fait danser les trente-six chandelles d’un délire frénétique qui ne laisse pas un instant pour souffler, se remettre d’un gag dévastateur ou d’une répartie hilarante. Ce sens de la cadence, ce brio comique, ces jubilatoires principes d’inversion, de travestissement et de démontage sont à faire tourner la tête.
Top 10 Année 1961 :
http://lc.cx/BMA

Irma la Douce
7.1

Irma la Douce (1963)

2 h 17 min. Sortie : 28 septembre 1963 (France). Comédie romantique

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Quiproquos, imbroglios et déguisements : entre un protagoniste successivement policier, proxénète, lord anglais et manutentionnaire et un gérant de café qui multiplie les casquettes de soldat, d’avocat ou de médecin, le film pousse ses principes de métamorphoses jusqu’au point schizophrénique où le héros doit jouer les Fregoli afin de conserver son identité profonde et se voit assassiner le double qu’il s’est inventé pour ne plus être jaloux de lui-même. Dans le pittoresque codé d’un Paris digne du réalisme poétique d’avant-guerre, Wilder développe un conte de fées malicieux sur l’amour, le sexe et l’argent, dont toutes les péripéties sont dictées par les sentiments et les situations scabreuses neutralisées par de grandes bouffées de tendresse. Jack Lemmon est épatant, Shirley MacLaine adorable.

Embrasse-moi, idiot
7.2

Embrasse-moi, idiot (1964)

Kiss Me, Stupid

2 h 05 min. Sortie : 3 février 1965 (France). Comédie romantique

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Les ligues de décence n’ont pas apprécié le miroir tendu à la société américaine par ce film qui tient du boulevard sophistiqué, d’un enchaînement de rebondissements, tromperies et malentendus. Wilder s’y attache à démontrer que tous les désirs peuvent se réaliser à condition d’en payer le prix, et d’accepter l’ironie dérisoire d’un système où tout se révèle par le travestissement et le jeu de rôles. Considérant qu’il n’y a jamais de fantasmes sans désir profond, que selon la loi de l’ambivalence le jaloux s’excite à l’idée d’être cocu, la femme mariée à la perspective d’être une garce, la prostituée à vivre dans la morale et le tombeur à payer pour son plaisir, il cultive les souches de l’inconscient pour montrer au final que dans ce jeu de dupes, si tout le monde est vainqueur, personne n’est parfait.

La Grande combine
7

La Grande combine (1966)

The Fortune Cookie

2 h 05 min. Sortie : 31 mai 1967 (France). Comédie

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Au cœur de sa période grise et grinçante, le réalisateur continue de fustiger les abus, les excès, les manigances, les ridicules, les mœurs d’une société dite policée. Le rire s’étrangle toujours un peu davantage, la férocité devient plus caricaturale et donc plus humaine, la tendresse se plus souvent et plus désespérément bafouer. Avec cette histoire d’arnaque à l’assurance, même l’amour est un leurre, une illusion, d’autant plus amer et humiliant qu’il est pour le héros naïf l’unique vrai motif à accepter de jouer lui aussi la comédie. Seule une amitié éclose d’un double remords vient racheter le tableau de la duperie généralisée et ignorer les différences d’épiderme, sans laïus et sans prêche. Farce moraliste, typiquement wilderienne donc, servie par des dialogues, des situations, des acteurs savoureux.

La Vie privée de Sherlock Holmes
7.1

La Vie privée de Sherlock Holmes (1970)

The Private Life of Sherlock Holmes

2 h 05 min. Sortie : 23 décembre 1970 (France). Aventure, Comédie, Policier

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Où la supercherie du spectacle renvoie constamment à l’illusion de celui-ci : le cygne en contreplaqué et son reflet dans les coulisses de l’opéra, comme le monstre du Loch-Ness, les nains que l’on prend pour des enfants et les moines qui n’en sont pas, participent d’une même éblouissante réflexion sur les apparences. Longtemps méconnu, mais fort justement réhabilité, le film est un bijou d’humour espiègle et de sensibilité retenue, s’attachant à délivrer, derrière le portrait inédit du plus grand détective de la littérature, une forme inédite de mélancolie voilée. Ce faisant, il célèbre le triomphe de la beauté sur l’intelligence, de la vie et de l’affect sur le métier, et déplace les perspectives criminelles de l’intrigue sur un champ purement sentimental. Une grande réussite, à la fois narquoise, iconoclaste et émouvante.
Top 10 Année 1970 :
http://lc.cx/AU6

Avanti!
7.1

Avanti! (1972)

2 h 24 min. Sortie : 27 septembre 1973 (France). Comédie romantique

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Direction le soleil napolitain pour une comédie vaudevillesque et romantique qui franchit un pas supplémentaire dans l’incitation à l’abandon. Sans renier son goût de la satire (on y moque tour à tour la fidélité conjugale, le puritanisme et l’hypocrisie à l’américaine), ses perspectives morales et sa lucidité désabusée (argent et cadavres sont mis sur la même plan, négociés coup de chantages ou de combines), Wilder accorde une complicité accrue, par le rire même, aux passions et à la sociabilité. De cette inclination au bonheur, de cette philosophie sereine naissent le charme lumineux d’un hymne à la dolce vita et aux justes accords du cœur, qui se développe à un rythme apaisé, presque indolent, et qui suit l’éducation sentimentale d’un businessman pressé prenant conscience de sa vérité intime.

Spéciale Première
6.9

Spéciale Première (1974)

The Front Page

1 h 45 min. Sortie : 26 mars 1975 (France). Comédie

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Nouvelle adaptation de la pièce que Hawks avait si brillamment portée à l’écran, cette satire féroce du métier de journaliste réactive la rosserie caractéristique qui permet au cinéaste de brosser, film après film, un panorama de l’Amérique dont la virulence a rarement été égalée par ses concitoyens "de souche". Circonscrite dans un quasi huis-clos que le réalisateur exploite avec une minutie épidermique, elle mitraille en tous sens, stigmatise l’opportunisme cynique de la presse, l’incompétence des forces de l’ordre, la veulerie de la classe politique, et ne réserve son peu de tendresse qu’à une figure de prostituée au grand cœur. Même l’amitié et l’amour sont des valeurs sans avenir dans un tel milieu : constat sarcastique que le rythme sans faille et l’efficacité comique de l’ensemble rendent savoureux.

Fedora
7.3

Fedora (1978)

1 h 54 min. Sortie : 13 septembre 1978 (France). Drame

Film de Billy Wilder

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Wilder sait bien qu’après minuit la plus belle des pantoufles de vair peut tomber en poussière. Fedora, la star qui se retire à Corfou après l’échec d’un film inachevé, dresse le portrait d’une société du rêve qui ne cesse de se heurter au mur de la réalité. Retrouvant le registre noir et mélodramatique de "Sunset Boulevard", ce puzzle cruel et désenchanté se construit en plusieurs strates autour du cinéma dans ce qu’il a de plus destructeur, mais aussi de la mort, du mirage de l’éternelle jeunesse, de la quête d’identité et de la force des souvenirs. Il offre une admirable méditation sur le néant de l’existence et le néant du spectacle affrontés puis renvoyés en match nul, sur la mise en scène également telle que la pratique son auteur – toile de mensonge et d’artifice dont le dévoilement progressif amène à la vérité.

Thaddeus

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