Cover Stanley Kubrick - Commentaires

Stanley Kubrick - Commentaires

Difficile de parler de ce géant du cinéma sans se gorger de superlatifs, sans se confondre en termes d’admiration et de gratitude. Ingénieur de formes et d’images, poète de la destinée humaine, Kubrick a déplacé l’axe épique du cinéma, élevé son art à des hauteurs vertigineuses que personne n’a ...

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12 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus de 4 ans

Le Baiser du tueur
6.4

Le Baiser du tueur (1955)

Killer's Kiss

1 h 07 min. Sortie : 13 juin 1962 (France). Drame, Policier, Thriller

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Premier film achevé du cinéaste Minotaure, qui ne remporte pas les suffrages sur sa partie centrale mais se déchaîne en une énergie vitale, presque terrifiante, lors de ses vingt dernières minutes. Le scénario, volontiers incohérent, fait appel avec un bonheur occasionnel à la fascinante mythologie du film noir américain, précipitant automatiquement le héros solitaire et désabusé dans une lutte sans espoir contre tout un gang voué à son extermination, pour les beaux yeux d’une vamp à la sincérité ambigüe. L’image contrastée, le montage heurté, le rythme rapide et les flamboyances de la mise en scène rachètent les faiblesses de ce thriller sec et ramassé, qui projette dans un ring démesurément élargi aux dimensions de New York et s’achève sur une très étonnante bagarre dans une fabrique de mannequins.

L'Ultime razzia
7.2

L'Ultime razzia (1956)

The Killing

1 h 25 min. Sortie : 3 octobre 1956 (France). Policier, Drame, Film noir

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Influencé par la sophistication formelle d’Ophüls et l’ironie tragique de Huston, le cinéaste élabore un polar construit sur un récit discontinu qui agence les récits en autant de lignes convergentes ou entremêlées et se fonde sur le téléscopage du coup de poing et de l’ellipse, de la redondance et du flou narratif. En suivant les parcours de plusieurs personnages à forte densité psychologique, prêts à tout pour échapper à leur condition mais rattrapés par leur destin, il renoue avec les plus belles sources du genre et développe déjà une dialectique de la défaite empirique à travers l’aventure tragique de héros faillibles, échouant par la faute d’un grain de sable. Objectivité et fatalisme, mécanique et déroute, logique et faille, les contraires sont menés de pair, les antinomies disséquées par la mise en scène.
Top 10 Année 1956 :
http://lc.cx/Zwm2

Les Sentiers de la gloire
8.2

Les Sentiers de la gloire (1957)

Paths of Glory

1 h 28 min. Sortie : 26 mars 1975 (France). Drame, Guerre

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Ce furieux cri de révolte, exprimé avec la rigueur froide d’une démonstration, reste la plus virulente dénonciation d’une mentalité militaire criminelle. Ni le message humanitaire ni la touche mélodramatique ne sont de mise, le cinéaste préférant transcender le pathos par son ironie personnelle plutôt que de se plier aux certitudes du didactisme politiquement correct. Il perfectionne ici sa conquête presque géométrique de l’espace, recourt à des figures d’une grande expressivité structurelle pour souligner l’inhumanité révoltante du pouvoir autoritaire et de ses abus. Plus généralement, il démontre, loin de tout sentimentalisme, comment la guerre détruit l’intégrité de l’individu et la solidarité des opprimés, et dévoile les racines d’une volonté de puissance qui, par son absolutisme, conduit à l’autodestruction.
Top 10 Année 1957 :
http://lc.cx/ZwmE

Spartacus
7.2

Spartacus (1960)

3 h 17 min. Sortie : 15 septembre 1961 (France). Péplum

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Remplaçant Anthony Mann au pied levé, Kubrick expérimente pour la première fois la logique d’une superproduction, dirige une galerie d’acteurs imposants, et s’en sort avec les honneurs : ce modèle de péplum drape des artifices de la fin de l’âge d’or hollywoodien une intrigue à haute vertu subversive, qui n’a rien perdu de sa force intellectuelle. Grand spectacle ponctué de scènes massives et impressionnantes, dont l’apogée est atteinte lors de la dernière bataille chorégraphiée, le film offre une variété de lectures qui en pérennisent la portée, et superpose les couches d’un jeu d’intrigues complexes sous-tendu par un propos politique, particulièrement offensif pour un projet de cette ampleur, en soulignant les troublants rapports entre guerre et sexualité, autorité et liberté, violence et oppression.

Lolita
7.3

Lolita (1962)

2 h 33 min. Sortie : 5 novembre 1962 (France). Drame, Romance

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Pas besoin d’être diplômé en sémiotique pour saisir la critique corrosive de l’Amérique des années cinquante opérée par le cinéaste dans cette adaptation (expurgée, selon certains) du roman de Nabokov. Si le tableau de mœurs revêt une dimension à la fois sociale et sexuelle, Kubrick ne renchérit pas dans la subversion scandaleuse et préfère détraquer subtilement la machine, en orchestrant la montée insidieuse de la folie chez un être cultivé et raisonnable qui voit son rationalisme civilisé se craqueler progressivement. D’où l’irruption grimaçante du grotesque, personnifiée par les apparitions absurdes de Sellers (la mauvaise conscience refoulée du protagoniste), qui ramènent la comédie noire à un pathétique jeu de masques, un errement mental rendu plus dérisoire encore par son ironie morbide.

Docteur Folamour
7.8

Docteur Folamour (1964)

Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb

1 h 35 min. Sortie : 10 avril 1964 (France). Comédie

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Déjà bien éprouvé dans les films précédents, le génie de Kubrick explose comme une bombe dans cette satire dévastatrice, qui dépeint les membres de l’establishment militaro-politique américain comme autant d’imbéciles et de fous – cristallisés par le triplé rôle étourdissant de Sellers. Le burlesque ravageur à l’œuvre ici est l’humour d’un désespoir dépassé par l’horreur, celui d’un homme conscient d’être mené à sa perte par des inconscients vivant dans l’amour psychotique de la destruction. En même temps qu’il élabore son art monumental basé sur la symétrie des formes, la rigueur des compositions (du ballet voluptueux des avions aux juxtapositions concentriques du conseil de guerre), le cinéaste transforme l’escalade vers l’apocalypse en une immense farce noire, dopée à la métaphore sexuelle et à l’ironie macabre.
Top 10 Année 1964 :
http://lc.cx/B2d

2001 : L'Odyssée de l'espace
8

2001 : L'Odyssée de l'espace (1968)

2001: A Space Odyssey

2 h 40 min. Sortie : 27 septembre 1968 (France). Aventure, Science-fiction

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un monolithe noir aux proportions parfaites qui coupe l’écran en deux, tel un big bang originel. Une respiration perdue dans le silence sépulcral du cosmos. Un voyage spatio-temporel s’achevant en régression centripète – ou en évolution nietzschéenne. Kubrick fait sa révolution ; elle est copernicienne. D’une perfection architecturale, construit en quatre blocs comme autant de mouvements d’expansion cosmique, le film est un opéra qui génère un émerveillement et une fascination absolus, passe au-delà de la compréhension rationnelle et tient de l’expérience visuelle, plastique, musicale. Il concentre la rigueur scientifique et le vertige métaphysique, l’intellectualité et la sensorialité, le concret et l’abstrait, la réflexion et le spectacle pur, en une parabole de la destinée universelle qui ouvre des perspectives inouïes, aux confins de l’infini et de l’éternité. Il fait partie de ces créations qui, selon moi, témoignent de la manière la plus complète et définitive du génie humain.
Top 10 Année 1968 :
http://lc.cx/2ir

Orange mécanique
8

Orange mécanique (1971)

A Clockwork Orange

2 h 16 min. Sortie : 1 avril 1972 (France). Drame, Science-fiction

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le cinéaste plonge dans le futur contre-utopique d’une Angleterre crypto-fasciste en proie à différents types de violence, qu’il analyse à travers un style à l’expressionnisme composite et à l’incomparable virtuosité technique et esthétique. Le film s’offre telle une allégorie freudienne, montrant comment les instincts de l’homme, exprimés par la violence individuelle et sauvage, sont canalisés et domestiqués en une violence à plus grande échelle, sociale et organisée (l’État, qui est aussi le surmoi d’Alex). De ce principe de projection inédit, de ce déplacement troublant des repères habituels, le cinéaste extrait un violent choc moral, oppose la logique pulsionnelle à la civilisation, et tire la matière d’un conte satirique, politique, philosophique, une symphonie baroque dont l’humour décapant, l’ironie noire, la cruauté sourde n’ont rien perdu de leur puissance.
Top 10 Année 1971 :
http://lc.cx/AUL

Barry Lyndon
8.1

Barry Lyndon (1975)

3 h 04 min. Sortie : 8 septembre 1976 (France). Drame, Historique, Aventure

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Après son trip interstellaire, le réalisateur escalade un nouvel Everest, bien décidé à offrir au cinéma son plus épique panorama de munificence visuelle. À travers la grandeur et la décadence d’un opportuniste du XVIIIème siècle, il ne fait pas qu’extraire du passé, avec une fidélité archéologique, une série de tableaux vivants, stupéfiants de somptuosité altière et de splendeur picturale. Il ajoute surtout le chapitre central à sa peinture de la destinée humaine, épinglée dans ses ambitions et ses vanités avec une acuité distanciée et implacable, et inscrite dans une échelle démiurgique – celle de l’ordre du monde, de l’Histoire, du temps et de son écoulement. Ce conte picaresque et voltairien n’en finit pas de subjuguer par sa richesse et son perfectionnisme, son mariage saisissant de pessimisme et de sérénité contemplative, et par la compassion profonde qui sourd constamment de la cruauté des guerres en dentelles.
Top 10 Année 1975 :
http://lc.cx/AU9

Shining
8.1

Shining (1980)

The Shining

1 h 59 min. Sortie : 16 octobre 1980 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le génie investit le film d’épouvante et en offre un véritable prototype. Étincelante blancheur de la neige, lumière aveuglante du jour et des éclairages artificiels de l’hôtel, couloirs labyrinthiques parcourus par d’obsédants travellings, moquette aux motifs neuronaux qui font divaguer le regard… Redéclinant l’infini de "2001" dans un cadre psychique, Kubrick fond l’immatériel dans le matériel, formalise l’espace mental de son héros, invente le film-cerveau : l’architecture du décor devient celle de son esprit, la projection physique d’un temps où le passé redouble le présent. De cette inextricable géométrie d’abscisses et d’ordonnées, il tire une abstraction envoûtante qui possède la densité et la pureté du diamant, s’ouvre à toutes les lectures (métaphore de l’éclatement de la cellule familiale, angoisse de la création artistique…) et provoque une terreur tétanisante.
Top 10 Année 1980 :
http://lc.cx/Uyg

Full Metal Jacket
7.9

Full Metal Jacket (1987)

1 h 56 min. Sortie : 21 octobre 1987 (France). Drame, Guerre

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

C’est avec l’effrayante froideur d’un entomologiste que Kubrick dissèque l’implacable processus de dressage et d’asservissement qui gouverne la hiérarchie militaire, et qu’il poursuit à travers elle son étude psychique et collective. Plus que jamais, la démarche du cinéaste relève de l’observation distanciée, du constat clinique : c’est l’opposition de l’ordre et du chaos, la façon dont l’ordonnancement du système est déréglé par le cours imprévisible des choses et la faillibilité humaine qui l’intéressent à nouveau. La construction mathématique du film, la rigueur avec laquelle il met en relation l’endoctrinement, le dysfonctionnement comportemental, puis l’explosion de la mécanique guerrière sur le terrain, en font une expérience à la fois élémentaire et abstraite, physique et cérébrale, et un compagnon parfait du précédent film.
Top 10 Année 1987 :
http://lc.cx/UVy

Eyes Wide Shut
7.4

Eyes Wide Shut (1999)

2 h 39 min. Sortie : 15 septembre 1999 (France). Drame, Thriller

Film de Stanley Kubrick

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Telle une épitaphe paradoxale dispensant de doucereux vertiges, le dernier film de Kubrick déjoue toutes les attentes. Le cinéaste se place dans le sillage des maîtres européens (Bergman, Antonioni) et livre son œuvre la plus fragile, la plus intimiste, la plus émouvante peut-être. Cette dérive aux confins du mystère conjugal se concentre sur la chambre à coucher, haut lieu de fantasmes, et invite à une interrogation dédaléenne sur les fondements du désir, de la confiance et de la fidélité, sur la peur du sexe, l’impasse de l’hédonisme, la fragilité des apparences. Les cérémonials somptueusement orchestrés de la mise en scène, ses nuances de bleus glacis et de rouges infernaux, sa rigueur souveraine qui dispense une fascination pure, la richesse abyssale d’un propos qui ouvre l’inquiétude existentialiste à la possibilité du bonheur, tout concourt à en faire un admirable et ultime chef-d’œuvre.
Top 10 Année 1999 :
http://lc.cx/cTx

Thaddeus

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