Cover Francis Ford Coppola - Commentaires

Francis Ford Coppola - Commentaires

Le "Napoléon du cinéma" est l’un de mes quatre ou cinq cinéastes favoris, un artiste absolument immense, une sorte d’incarnation idéale : celle d’un génie à la fois surpuissant et isolé, visionnaire et iconoclaste, dont l’ambition et la mégalomanie ont trouvé des terrains d’épanouissement sans ...

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20 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a 6 mois

Dementia 13
5.3

Dementia 13 (1963)

1 h 15 min. Sortie : 1963 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

20.000 dollars : c’est le budget parfaitement fauché que Roger Corman octroie au jeune Coppola après que celui-ci ait bouclé le scénario en trois jours. Il le tournera en un peu plus d’une semaine. C'est dire la frugalité de cette déclinaison de "Psychose", qui force la note du gothique et du fantastique et multiplie les références hitchcockiennes (une mère hantée par la mort de sa fille noyée comme dans "Rebecca", un fils qui à force de flashbacks s’aperçoit qu’il en est responsable comme dans "La Maison du Docteur Edwardes"…). En dépit de faiblesses dramatiques évidentes et d’une histoire tortueuse jusqu’à l’invraisemblance, elle témoigne d’authentiques qualités plastiques et, grâce à l’habileté encore frémissante du réalisateur, installe et développe une atmosphère nocturne assez riche et anxiogène.

Les Gens de la pluie
7.2

Les Gens de la pluie (1969)

The Rain People

1 h 41 min. Sortie : 21 octobre 1970 (France). Drame, Road movie

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Une œuvre de fuite et de remise en question, qui suit une femme désemparée sur les routes de l’Amérique profonde et développe certaines perspectives propres au Nouvel Hollywood. Coppola y révèle un sens de l’aliénation et de la solitude modernes ainsi qu’un œil sensible au paysage américain (motels, voitures, cabines téléphoniques, roulottes). Semblant réalisé "pour" sa mère, qui avait elle-même disparue quelques jours quand il était enfant, le road-movie dépeint un pays menacé par la névrose, où seule la réclusion d’une solitaire retirée du monde semble apporter une réponse au désarroi existentiel. Mais si la vision des rapports sociaux est amère, il se dégage une vraie tendresse de ce tableau cocasse et attachant, dont Barbara Loden réalisera l’année suivante, avec "Wanda", un film très proche.

Le Parrain
8.5

Le Parrain (1972)

The Godfather

2 h 55 min. Sortie : 18 octobre 1972 (France). Policier, Drame

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Introduction : une magnifique séquence de mariage où les victuailles répondent aux tractations, en coulisses, du parrain et des hommes qui lui sont dévoués. Conclusion : le fils au départ rebelle est intronisé dans le fauteuil paternel après avoir fait décapiter les cinq familles rivales. La trajectoire, somptueuse dérive tragique au-dessus des tables de la Loi, dessine une véritable généalogie du mal, vécue comme une damnation. Taillant dans l’obscurité, la violence et le sang, creusant les ambigüités de la morale et de la loyauté, Coppola portraitise l’identité américaine, ébranlée dans ses valeurs idéologiques, ses contradictions, son évolution. Les images ténébreuses de Gordon Willis, le thème funèbre de Nino Rota, la majestueuse maîtrise dramatique du cinéaste, son attention à la texture des choses et son goût prononcé du lyrisme opératique, créent la légende d’une œuvre magistrale qui s’impose en monument.
Top 10 Année 1972 :
http://lc.cx/AUa

Conversation secrète
7.6

Conversation secrète (1974)

The Conversation

1 h 53 min. Sortie : juin 1974 (France). Drame, Thriller

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

C’est la version coppolienne de "Blow Up" – et pour moi elle lui est nettement supérieure. Un enquêteur épie un couple, le filme et l’enregistre. À partir du rembobinage et de la répétition obsessionnelle, de l’écoute et de l’interprétation, la réalité même des faits vacille, n’étant peut-être que le fruit d’une imagination malade. Fléchissant la ligne policière vers l’étude de la faute et la mauvaise conscience, le film plonge dans la paranoïa d’un individu et d’une nation. On peut mettre le suspense en rapport avec la situation politique de l’époque (il est sorti en plein scandale du Watergate), mais il est avant tout une réflexion vertigineuse sur le pouvoir qui détruit autant celui qui le détient que celui qu’il contrôle, le drame intime et métaphysique d’un effondrement, la contamination inéluctable d’un homme victime de son art et en proie à ses démons intérieurs.
Top 10 Année 1974 :
http://lc.cx/AUV

Le Parrain - 2e Partie
8.3

Le Parrain - 2e Partie (1974)

The Godfather: Part II

3 h 20 min. Sortie : 27 août 1975 (France). Gangster, Drame

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

"Conversation Secrète" est une pièce indispensable pour comprendre l’évolution mélancolique du "Parrain" à sa suite, avec laquelle il entretient un rapport dialectique. Ce volet densifie, dans les entrelacs et les ramifications de ses couloirs du temps, deux faces d’une double destinée maudite – jeunesse puis maturité, espoir puis désenchantement. Inscrivant le champ de l’Histoire dans le champ du mythe, Coppola ouvre sur l’économie, la politique, le monde extérieur, montre comment le pouvoir conduit à la solitude et à l’exil intérieur, et dévoile les structures complexes d’un milieu comparé aux empires de l’Antiquité. De l’arrivée immigrante à New York au début du siècle à la révolution castriste, de l’ascension du père au baiser fraternel rendu à Judas, qui rejoue le meurtre d’Abel par Caïn et finalise un embaumement tragique, la fresque, immense et dédaléenne, impose une ampleur romanesque proprement jupitérienne.
Top 10 Année 1974 :
http://lc.cx/AUV

Apocalypse Now
8.3

Apocalypse Now (1979)

2 h 27 min. Sortie : 26 septembre 1979 (France). Drame, Guerre

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

L’ouverture-transe sur "The End", le final entropique qui lui répond, le crâne luisant de Brando, figure ambiguë tapie dans l’obscurité, la démence de Duvall avec son chapeau de cavalerie vissé sur la tête, le show des bunnies catapultées en pleine jungle, le pont de Do Lung et ses artifices hallucinatoires… La conclusion de la tétralogie consacrée par Coppola à la société américaine (à moins de quarante ans !) est une véritable apothéose, un opéra grandiose de la mort et de la destruction, marqué des sceaux de la barbarie et de la métaphysique. Articulée en une douzaine de séquences au lyrisme orgiaque et incantatoire, dont la somptueuse beauté visionnaire et la démesure ornementale s’abolissent dans la douleur lancinante de la culpabilité et du souvenir, cette odyssée spirituelle imprégnée du placebo de la folie nous fait pénétrer les zones les plus reculées de la psyché, jusqu’au cœur des ténèbres. Peut-être le plus grand film jamais réalisé.
Top 10 Année 1979 :
http://lc.cx/AwU

Coup de cœur
6.8

Coup de cœur (1982)

One from the Heart

1 h 47 min. Sortie : 29 septembre 1982 (France). Drame, Romance

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

À l’époque Coppola est au pic de ses vertiges mégalos, décidé à s’imposer comme un artiste de pointe, le précurseur révolutionnaire d’un art futuriste. Il concrétise ces ambitions dans un musical électronique aux expérimentations rutilantes, prototype jamais réitéré. L’émouvante histoire d’amour prend la forme d’un conte de fées envoûté par les voix de Tom Waits et Crystal Gayle, à la stylisation flamboyante : rues englouties par les dunes, fondus passés à l’as, néons clinquants, jeux surexposés de lumières et de montage, artifices d’une scène conçue comme un théâtre géant, un show live. Le reflux de l’épique vers la chronique se double d’une expansion du récit vers une mythologie de l’image, qui font de cet hymne aux puissances du spectacle l’une des œuvres les plus singulières de l’auteur.
Top 10 Année 1981 :
http://lc.cx/UyY

Outsiders
7

Outsiders (1983)

The Outsiders

1 h 54 min. Sortie : 7 septembre 1983 (France). Drame

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

S’il se rattache à toute une tradition du teenager-movie américain, Coppola n’est pas du genre à en illustrer platement les motifs et leur insuffle les élans d’un nouveau romantisme. À l’aube des années soixante, deux bandes d’adolescents s’affrontent sans merci ; de cet argument classique, le réalisateur tire un poème âpre et lyrique, une superbe élégie à la jeunesse perdue et aux beautés dorées de la prairie américaine. Couchers de soleil rougeoyants, silhouettes des arbres au crépuscule, vie à la compagne entre l’église, le carnaval des animaux, le fleuve et les flammes… On est dans un territoire intemporel, quelque part entre Elia Kazan, Nicholas Ray et les sortilèges champêtres de "La Nuit du Chasseur", qui exalte avec une douceur nouvelle la fraternité adolescente et l’héroïsme quotidien – "Stay gold", comme le répète Ponyboy. Une merveille.
Top 10 Année 1983 :
http://lc.cx/UyN

Rusty James
7.3

Rusty James (1983)

Rumble Fish

1 h 34 min. Sortie : 15 février 1984 (France). Drame, Action

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Film-culte et compagnon parfait du précédent. Le motif d’une grande horloge aux aiguilles affolées en fournit peut-être le sujet central : le temps, sa fuite, son poids. De jeunes acteurs beaux comme des dieux se livrent à une ronde insouciante sur la perte accélérée de l’innocence et l’ambigüité des légendes, sur le rayonnement des aînés, l’héritage des révoltes adolescentes et l’ivresse des bagarres collectives. Coppola ressuscite avec une insolente splendeur un onirisme expressionniste entre Welles et Cocteau : le grand angle, la fragmentation, les éclairages violemment contrastés, les ombres sur les murs, les fumigènes réinventent une mythologie de la jeunesse entre pur artifice et spleen poignant, et s’imposent en un manifeste plastique dont l’apparition récurrente du poisson rouge, seul flash de couleur, est l’image de proue.
Top 10 Année 1983 :
http://lc.cx/UyN

Cotton Club
6.8

Cotton Club (1984)

The Cotton Club

2 h 07 min. Sortie : 2 janvier 1985 (France). Drame, Gangster, Musique

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Peut-être Coppola a-t-il voulu retrouver l’inspiration du "Parrain" avec cette incursion brillante et colorée dans le Harlem des années trente, qui suit les destins parallèles d’un danseur noir et d’un trompettiste blanc lié à la pègre. Sous les fastes du spectacle, sous les claquettes et les cuivres, les paillettes et les rythmes jazz, derrière la guerre des gangs et leur appétit de puissance, il perce le chant funèbre d’une société qui vacille sur ses bases. La mort est à l’œuvre, mêlant les amuseurs et les flingueurs, se projetant en ombres dansantes sur les murs des night-clubs. Requiem nourri à la fièvre du passé, paré de tous les artifices et toutes les séductions, le film favorise un style flamboyant et un lyrisme de feu qui élève la chronique en opéra et orchestre le mariage virtuose de la comédie musicale et du film noir. Let’s dance !

Peggy Sue s'est mariée
6.5

Peggy Sue s'est mariée (1986)

Peggy Sue Got Married

1 h 40 min. Sortie : 7 janvier 1987 (France). Romance, Comédie dramatique

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Changement total de registre. Comme quasiment tous les autres films de la décennie, cette fable romantique aux airs de romcom fifties donne l’occasion à Coppola de plier les exigences de la commande à sa sensibilité et à ses obsessions du moment. C’est un peu le pendant nostalgique de "Retour vers le Futur" sorti un an plus tôt : une charmante histoire d’initiation qui renoue avec une certaine mythologie (le bal du lycée, la jeunesse retrouvée) pour affirmer une croyance naïve et touchante en la pérennité de l’amour conjugal, en la faculté à accepter son destin non comme une résignation mais comme un cadeau, et de profiter de ce que la vie nous a donné. Morale sage et sincère, pour un film intimiste, joli et tendre qui nous fait accepter la comédie de remariage sans amertume ni mièvrerie.

Jardins de pierre
6.8

Jardins de pierre (1987)

Gardens of Stone

1 h 51 min. Sortie : 6 janvier 1988 (France). Drame

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

À l’heure où Stone fait son "Platoon" et Kubrick son "Full Metal Jacket", Coppola revient à la guerre du Vietnam, mais côté cimetière, parmi les stèles et les soldats d’opérette restés au pays, témoins désabusés de l’hécatombe. Il fait de l’armée le recours suprême une fois que les armes se sont tues, le paradoxe d’une Amérique dont l’histoire s’est engluée dans les conflits suicidaires. Du rituel militaire sans cesse recommencé, du hors-champ dont il fait une règle, de la dignité de sa facture, cette méditation funèbre fait naître une vibrante émotion. Un film d’une sobriété absolue, entièrement au service de l’histoire forte qu’il raconte, des personnages poignants dont il dévoile blessures, regrets et colère sourde – James Caan l’officier, Anjelica Huston la journaliste, tous deux unis dans un pacifisme fervent.

Tucker
6.9

Tucker (1988)

Tucker: The Man and His Dream

1 h 50 min. Sortie : 11 janvier 1989 (France). Biopic, Comédie dramatique

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Pas difficile de lire dans l’ambition icarienne de cet homme visionnaire, sans cesse freiné par une société trop frileuse, un autoportrait, une parabole sur le statut de Coppola à Hollywood. Une fois de plus le réalisateur adapte le style à son sujet. L’épopée de l’automobiliste génial est traitée comme la voiture qu’il invente : la célérité de la mise en scène, l’élégance aérienne du montage, les enchaînements euphorisants se mettent au service d’une fable souriante et optimiste, une ode à la persévérance et l’entêtement, un hymne en faveur du créateur obstiné et solitaire face aux grands trusts qui veulent sa peau. La rencontre entre le héros et Howard Hugues, qui se reconnaissent comme deux géants face à face, deux rêveurs foudroyés, pourrait en être l’image la plus belle et la plus significative.

New York Stories
6.1

New York Stories (1989)

2 h 04 min. Sortie : 17 mai 1989 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Woody Allen, Francis Ford Coppola et Martin Scorsese

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

"La vie sans Zoé"
Coppola en virtuose italien, père absent dont toutes les femmes tombent amoureuses. Il fait un peu figure de touriste à New York, et c’est peut-être pourquoi il utilise la ville comme toile de fond à une sorte de conte des mille et une nuits moderne, imprégné de gentillesse et d’onirisme. Écrit avec Sofia, le film annonce d’une certaine manière "Lost in Translation" en se situant à la croisée de Fitzgerald (la marmaille cousue d’or) et de Chanel (n°5). Entre un hold-up dans un grand palace, un opulent bal masqué pour enfants de milliardaires et un concert devant le Parthénon, le film assume la futilité relative du propos pour mieux affirmer son goût de l’artifice et de la féérie, les fondations imaginaires sur lequel il se bâtit. Et son enjeu clairement désigné (la réconciliation parentale) est moins frivole qu’il n’y paraît.

Le Parrain - 3e Partie
7.4

Le Parrain - 3e Partie (1990)

The Godfather: Part III

2 h 42 min. Sortie : 27 mars 1991 (France). Drame, Gangster

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le premier volet s’ouvrait sur un mariage, le second sur une communion, le troisième commence par une cérémonie aux airs de couronnement. Il achève la saga mythique dans la tragédie, en la chargeant du poids intime des regrets exprimés et d'un fatum implacable : politique, haute finance, corruption des institutions, réflexion sur le pouvoir cannibale, le spectacle et la représentation se mêlent en une structure complexe et foisonnante. La splendeur viscontienne de la mise en scène, ses teintes brunes et ocres, sa tonalité crépusculaire témoignent d’un art souverain. Mû par la recherche de rédemption, c’est un somptueux opéra funèbre de larmes, de cris et de sang, dont la douleur lancinante s'estompe comme dans un souffle – le hurlement muet et déchirant de Michael, face à Mary/Sofia qui s’écroule, y arrive en point d’orgue d’un grandiose mouvement final.
Top 10 Année 1990 :
http://lc.cx/UuE

Dracula
7.3

Dracula (1992)

Bram Stoker's Dracula

2 h 08 min. Sortie : 13 janvier 1993 (France). Drame, Fantastique, Épouvante-Horreur

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un autre film de commande, réalisé avec l’intelligence d’un artiste qui s’est régulièrement servi du système sans céder un pouce de son intégrité. L’inspiration poétique de Coppola revient aux sources du muet, en une avalanche de tableaux splendides marqués par un formalisme exacerbé : métamorphoses et trucages optiques à la Méliès, ombres chinoises et écarlates à la "Kagemusha", lourdes robes rouges brodées de dragons d’or et cloisonnées comme un vitrail, jardins labyrinthiques et châteaux byzantins, loup blanc et effusions gothiques, goules et furies baroques magnifiés par le score lyrique de Wojcieh Kilar. Glorifiant la passion romantique d’un homme pour une femme à travers les siècles, le film génère un irrésistible envoûtement, conjugue le souffle épique, l’atmosphère décadente, le suspense des grands films d’aventures. Spectacle total.
Top 10 Année 1992 :
http://lc.cx/UPx

Pour le plaisir, je mets aussi un lien vers deux scènes fabuleuses, parmi tant d'autres - ce film est un chapelet de morceaux d'anthologie.

Le sublime prologue, avec sa croix mise à terre, sa bataille filmée dans l'aube pourpre comme un théâtre chinois, ses figurines animées, ses gonfalons perçant la brume sanglante - hommage flamboyant à Kurosawa :
http://lc.cx/cSy

Et la confrontation entre Van Helsing (interprété avec charisme et humour par Anthony Hopkins) et les trois courtisanes sataniques de Dracula, toutes en parures, bijoux et charmes démoniaques - invocations, cheval abattu dans une rubescente hallucination, percussions envoûtantes, cercle de flammes fondu en disque solaire, "Şi apoi venim Noi !"... :
http://lc.cx/cSv.

J'aurais pu citer moult autres séquences de ce film que je connais par coeur. Devant pareille stylisation, devant ces images habitées par une intensité lyrique qui n'égale qu'un amour fervent du fantastique, je me prosterne.

L'Idéaliste
6.6

L'Idéaliste (1997)

The Rainmaker

2 h 10 min. Sortie : 22 avril 1998 (France). Drame, Thriller

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Même quand il adapte John Grisham, Coppola reste un cinéaste capable de transformer un pensum judiciaire en un film personnel au classicisme subtil. Un jeune avocat candide et honnête contre un as du barreau flanqué d’une armada de collaborateurs cyniques, une famille modeste flouée par une gigantesque compagnie d’assurances : vieux schéma du combat idéaliste perdu d’avance. Et pourtant, telle une pierre noire parfaitement polie dont la surface comporterait néanmoins quelques accrocs, cette histoire cousue de fil blanc captive et nous implique par son sens du détail, sa rigoureuse minutie, la mise en lumière de ses seconds rôles (Mickey Rourke, Virginia Madsen, et même Teresa Wright !). Autant de qualités, discrètes mais réelles, rehaussant la portée d’un beau récit d’apprentissage.

L'Homme sans âge
5.8

L'Homme sans âge (2007)

Youth Without Youth

2 h 04 min. Sortie : 14 novembre 2007 (France). Drame, Fantastique, Romance

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Après dix ans d’inactivité, le cinéaste revient avec une œuvre touffue, fourmillante, saturée de pistes et d’enjeux, où il renoue avec une enfance de l’art et récapitule l’essentiel de ses obsessions. Moulant son style sur la fragmentation du récit, empruntant à l’onirisme et à l’expressionnisme, il convoque l’esprit serial de l’espionnage, l’accumulation du savoir, la généalogie du langage (jusqu’au sanscrit, au babylonien, à l’araméen), le vertige des transes médiumniques, la quête romantique de l’amour éternel. Tel un texte bouillonnant de tentatives transformées et d’inventions audacieuses, éparpillé entre ses hypothèses mais étrangement cohérent, le film tisse ainsi une fiction méandreuse et poétique qui parvient (exploit récurrent de l’auteur) à recouper le plaisir du spectacle par le recueillement intime.
Top 10 Année 2007 :
http://lc.cx/UP7

Tetro
7.3

Tetro (2009)

2 h 07 min. Sortie : 23 décembre 2009 (France). Drame

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Grand bain de jouvence que cette œuvre fiévreuse, effervescente, d’une grande cohérence avec le corpus thématique d’un Coppola qui cherche à réaffirmer ses acquis – mais les a-t-il jamais perdu ? Une fois de plus, il est question du poids des pères, de cet impératif à la fois magnifique et empoisonné de la transmission qui lie tous les êtres humains. Comme "Rusty James" ou "Dracula", le film s’enivre de ses recherches picturales, serti dans un noir et blanc lumineux et expressionniste. La photo bigarrée, les fulgurances de la mise en scène (telle cette mirifique séquence de danse, digne de Powell), les excentricités carnavalesques de l’Argentine se mettent au service d’un drame intime et poignant autour de la rivalité, de la fraternité tourmentée et de la filiation étouffante, où éclate une énième fois le talent unique de son auteur.
Top 10 Année 2009 :
http://lc.cx/UPX

Twixt
5.8

Twixt (2011)

1 h 28 min. Sortie : 11 avril 2012 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Francis Ford Coppola

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Assez loin du déroulé opératique de "Tetro", cette improbable fantaisie gothique, d’une liberté presque suicidaire, tient autant de l’expérimentation la plus cheap que de la profession de foi la plus sincère. En free style complet, le cinéaste accumule les décrochages incongrus, oscille entre fulgurances et instants nanardesques, invente des jeux chromatiques (tâches d’or et de rouge sang) le long d’une intrigue totalement relâchée qui ne semble avoir pour unique but que de confesser un traumatisme secret, profondément intime. Sa poésie naïve, la convocation prestigieuse de Poe (belles séquences méditatives sur la création et la douleur), son humilité surtout, rappellent de façon assez royale que Coppola, même lorsqu’il fait un peu n’importe quoi, pratique toujours un sacré cinoche.

Thaddeus

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