“Mais, en fin de compte, est-ce la Russie qui a gagné ou l’Europe qui n’a pas perdu ?” Le quotidien italien La Repubblica ouvre son analyse par une question qui résume bien l’absurdité de toute cette affaire.

À la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine et des sanctions conséquentes de l’Union européenne (UE) vis-à-vis de Moscou, la Russie a annoncé à la fin du mois de mars son intention d’imposer aux entreprises européennes le paiement des importations de gaz naturel en roubles. Un stratagème qui vise à soutenir sa devise nationale (dont la valeur commençait à s’effondrer).

En réalité, le Kremlin a proposé un système “hybride” selon lequel, explique le média transalpin, “on demande aux entreprises européennes l’ouverture de deux nouveaux comptes bancaires auprès de Gazprombank : le premier où elles effectuent le paiement en euros (ou dollars), et le second, où se fait la conversion en roubles. Opération à propos de laquelle Gazprom a déclaré qu’elle serait assurée par une agence tierce, non soumise aux sanctions.” Or, craignant que ce mécanisme ne fasse intervenir la Banque centrale russe et puisse être considéré comme un prêt, la Commission européenne avait considéré que se plier à ce système reviendrait à contourner les sanctions contre Moscou.

“Malgré les menaces, le gaz continuera à affluer”

Mais à l’approche des échéances de paiement envers Gazprom, il fallait bien trouver une solution, et celle-ci a pris la forme d’une communication de l’exécutif européen, qui a transmis, le 13 mai, de nouvelles lignes directrices aux États membres, rapporte Reuters. Selon ces documents, les entreprises européennes pourront finalement appliquer le système mis en place par Moscou, mais à une condition. “Il faudra fournir une sorte de déclaration dans laquelle ces entreprises certifient ne pas avoir versé le moindre rouble”, note le journal italien, et avoir rempli leurs obligations, au regard des contrats en vigueur.

Ainsi, “les entreprises ne seront pas accusées d’avoir violé les sanctions à l’encontre de la Russie”, précise La Repubblica, et l’UE pourra se targuer de ne pas avoir cédé aux exigences du Kremlin.

Cette question éminemment politique est donc résolue, mais au final, conclut le quotidien romain, “malgré les menaces réciproques, le gaz [à raison de 155 milliards de mètres cubes en 2021] continuera à affluer de la Russie vers l’UE.”