Guerre en Ukraine : l’exclusion de la Russie du système financier Swift a-t-elle vraiment été «approuvée» par Macron ?

Un tweet en français du président ukrainien laisse entendre que le chef de l’Etat aurait « approuvé » cette sanction radicale contre la Russie. Mais la décision n’a en fait pas encore été adoptée.

Le président ukrainien, Volodymir Zelensky, avait consacré sa première visite officielle à la France, en juin 2019. AFP/Ludovic Marin
Le président ukrainien, Volodymir Zelensky, avait consacré sa première visite officielle à la France, en juin 2019. AFP/Ludovic Marin

    Le président ukrainien a pris l’habitude de s’exprimer sur les réseaux sociaux après chacun de ses (nombreux) échanges avec des dirigeants étrangers. Il ne l’avait jamais fait en français… jusqu’à ce vendredi soir. « Emmanuel Macron vient de m’appeler. C’est un véritable ami de l’Ukraine. La France est avec nous dans les moments les plus difficiles », a écrit Volodymyr Zelensky sur Twitter, au moment même où il disait s’attendre à une nouvelle offensive russe pour tenter de s’emparer de Kiev durant la nuit.

    Un autre passage de ce tweet a fait réagir, malgré l’heure tardive. « Le débranchement de Swift et des sanctions personnelles contre Poutine viennent d’être approuvés », écrit ainsi le président ukrainien.

    Swift, c’est ce système d’échanges bancaires et financiers internationaux dont certaines personnalités appellent à exclure la Russie pour la sanctionner. Les pays européens doivent se mettre d’accord entre eux mais ils n’y étaient, initialement, pas parvenus. L’Allemagne et l’Italie y seraient désormais ouverts, tandis que la France y est favorable.

    Le message partagé par le président ukrainien laisse entendre qu’Emmanuel Macron avait même « approuvé » la décision, et donc que celle-ci aurait été décidée, dans un contexte où la France préside le Conseil de l’Union européenne durant le premier semestre de l’année 2022.

    « Évaluation précise » demandée

    En réalité, il s’agit d’une mauvaise formulation du président Zelensky ou d’une erreur de traduction (il ne parle pas français). Le même message en ukrainien, publié quasiment au même moment, indique qu’Emmanuel Macron a simplement « soutenu » l’exclusion de la Russie de Swift, selon la version traduite en français avec Google.



    Contacté par Le Parisien, l’Élysée confirme qu’Emmanuel Macron a bien fait part de son « soutien », car cette mesure « n’est pas encore adoptée ». « Nous y sommes favorables sur le principe et travaillons avec les Allemands et les Italiens en ce sens », indique-t-on, précisant que l’accord des 27 États de l’Union européenne est nécessaire.

    Ceci rejoint les propos du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, vendredi. Il avait indiqué être favorable à l’expulsion de la Russie de Swift, tout en estimant que cela serait « l’arme nucléaire financière ». « Toutes les options sont sur la table. Il reste que quand on a une arme nucléaire financière entre les mains, on réfléchit avant de l’utiliser », ajoutait-il.

    Une « évaluation précise » a d’ailleurs été demandée à la Commission européenne. « Nous voulons être sûrs que cela a un effet réel sur l’économie russe », indique l’Élysée.