les homo L

Nous nous définissons comme féministes et révolutionnaires.

lesbiennes

— Nous sommes féministes parce que nous avons pris conscience de notre oppression en tant que femmes, et que nous luttons contre les rôles féminins inculqués par la famille, l'école, le mari et le patronat.

— Nous sommes lesbiennes dans le sens où nous avons découvert par des chemins divers, le plaisir et l'amour avec des femmes.

— Nous avons dû nous définir en tant que lesbiennes, à partir du moment où nous nous sommes rendu compte de l'opprobre qui pesait sur nous et que nous avons commencé à réfléchir sur le pourquoi de cet opprobre et sur le système dans lequel il s'inscrivait. Nous avons compris entre autres, que dans le système capitaliste et patriarcal dans lequel nous vivons avec sa morale judéo-chrétienne soutenue par sa psychanalyse, c'était justement cet amour sans production et ce plaisir sans sanction qui constituaient le scandale de notre homosexualité.

— Nous nous définissons comme féministes, lesbiennes et révolutionnaires à partir du moment où nous nous attaquons à toutes les formes d'oppression et d'exploitation issues du système capitaliste et patriarcal.

Notre historique

Nous avons une préhistoire, d'abord les Biches sauvages, communauté lesbiano-féministe des années 1973-1974, puis nous avons toutes participé au MLF et à ses actions pétroleuses... et vers février-mars 1975 ce petit noyau de 6 femmes, dont la plupart avaient un passé militant, inventa Homo L. Nous étions bien déterminées à proposer une alternative (réflexion et pratique) à l'enfermement dans lequel les lesbiennes se trouvent. Cette alternative, réseau mouvant de solidarité, nous l'avons voulue féministe et révolutionnaire, non monolithique quant à la précision

que, informelle quant aux structures. Il n'y a jamais eu ni cotisations, ni autres obligations, ni leaders responsables pré-établis.

D'autres femmes sont venues... des femmes de tous horizons. Le groupe s'est ainsi agrandi. A présent nous sommes une trentaine.

Nous avons privilégié les liens entre nous, mis la fête et la tendresse partout.

Pour ne pas totalement négliger le militantisme (dernier stade de l'aliénation) nous avons participé aux journées de femmes, à des manifestations féministes, à des débats publics.

Le groupe se caractérise par une grande mobilité et une euphorie, qui actuellement se muent en un désir de faire des choses.

Notre pratique

Nous partons de notre quotidien de femmes et de lesbiennes. Nous disons que la sexualité est politique, que le quotidien est politique. Nous avons beaucoup réfléchi ces derniers temps au couple lesbien, son conformisme, sa fermeture. De ces discussions est sortie l'idée d'ouvrir le couple. Il a été ouvert, mais dans la majorité des cas les couples se sont refermés dans d'autres combinaisons avec en plus quelques catastrophes affectives. Je n'en parlerai pas plus, car je n'ai pas assez assisté à ces réunions pour en tirer ni une analyse, ni une conclusion. Néanmoins, je crois que je peux dire que notre recherche d'amour ouvert ne s'inscrit pas dans la théorie de libération sexuelle tous azimuts prônée actuellement.

Nous n'avons pas envie de nous intégrer non plus dans une économie du plaisir dans le style « maximum de jouissance ».

Nous voulons faire entrer l'amour, la passion et le plaisir dans notre lutte quotidienne sans être confrontées, et sans nous conformer à aucun modèle; donc, sans nous culpabiliser si c'est avec plusieurs ou avec une seule femme.

32