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Lors d'une exposition des prises tactiques russes organisée par Pavlo Netesov sur l'ancienne base de lancement de missiles nucléaires de Pervomaïsk, le 21 juillet 2022.
SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

En Ukraine, les débris de la guerre exposés comme des pièces de musée

Par  (Mykolaïv (Ukraine), envoyée spéciale)
Publié le 26 septembre 2022 à 06h36, modifié le 27 septembre 2022 à 06h09

Temps de Lecture 7 min. Read in English

Sur l’autoroute de Kiev, quelques voitures sont arrêtées sur le bas-côté, près d’un char calciné, vestige de l’échec des troupes russes dans leur avancée vers la capitale ukrainienne, au printemps. Chacun à leur tour, les automobilistes prennent la pose pour un selfie, sourire, bras levé. Certains effleurent l’engin comme pour s’assurer qu’il est bien réel. Quelques-uns crachent dessus. Puis ils remontent à bord des voitures et filent vers des villes, où les bombes continuent de tomber et les sirènes de gémir.

C’est en voyant ces scènes qu’un vétéran ukrainien, Pavlo Netyosov, 48 ans, a eu l’idée de créer ses expositions. « Je me suis rendu compte que tout le monde dans le pays voulait se connecter avec la victoire, la personnaliser », dit-il. Alors, il s’est mis à récupérer les armes et les objets abandonnés par l’ennemi – carcasses d’engins brûlés, débris d’hélicoptères, pans d’uniformes… – pour les exhiber dans des lieux publics ; un étalage qui tient autant du catalogue de musée que du recueil de pièces à conviction. Cette manière de montrer la guerre en pleine guerre, de prendre l’histoire d’assaut provoque à la fois la surprise, le rejet, mais surtout un incroyable engouement populaire. « Les musées aussi sont des champs de bataille », note Annette Becker, historienne française, spécialiste du patrimoine et de la mémoire.

Pavlo Netyosov dans les locaux de son association, à Kiev, le 23 juillet 2022.

Pavlo Netyosov orchestre aujourd’hui quatre « expositions » à travers le pays, souvent itinérantes. L’une des principales se trouve en ce moment à Pervomaïsk, dans la région de Mykolaïv, dans le sud du pays. Là, sur les pelouses d’une ancienne base militaire transformée depuis des années en musée, Pavlo Netyosov a déployé ses butins glanés après les récents combats, un bataillon saisissant de chars incendiés, de camions détruits, chacun accompagné d’une fiche situant d’où vient l’engin, l’action où il était impliqué, des photos de l’endroit où il a été trouvé. S’y mêlent des objets trouvés sur les lieux, une bouteille d’alcool, ou encore un exemplaire du journal russe L’Etoile rouge, datant du 15 mars et frappé du titre « Il faut aller au bout ».

Les restes d’un avion constituent une des premières trouvailles de Pavlo Netyosov, peut-être celle dont il est le plus fier. C’est ce bombardier qui avait pilonné une colonne de réfugiés à Irpine, dans la banlieue de Kiev, le 6 mars, à 9 h 30. Un symbole de l’invasion, en somme. Netyosov était parti à sa recherche sitôt après avoir appris que l’avion avait été abattu. Il se souvient de son excitation dans cette traque de l’épave, l’impression d’une course de vitesse dans cette autre guerre, celle de l’information. « En Russie, ils mutilent la mémoire. Nous voulions collecter les preuves et pouvoir raconter avant eux. »

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