Le frère de Simon Mignolet se confie avant le Soulier d’or : “Dans le jardin, Simon se prenait pour Michel Preud’homme”
Wouter Mignolet n’imagine qu’un seul vainqueur du Soulier d’or : son frère Simon.
- Publié le 25-01-2023 à 07h45
- Mis à jour le 25-01-2023 à 10h33
Les festivités sont déjà prêtes à Saint-Trond. “Mais gentilles, sourit Wouter Mignolet, le frère de Simon, le gardien de Bruges. Il a match dimanche (NdlR : face à Zulte Waregem) et on ne sait pas encore s’il a gagné.” Le grand frère Mignolet reste calme, une caractéristique qui traîne dans la famille, mais compte profiter du sacre annoncé de son cadet qui devrait devenir le meilleur joueur de Pro League de l’année 2022 ce mercredi soir.
Le favori au Soulier d’or
“Simon mérite ce trophée.“
Wouter, qui est, selon vous, le grand favori du Soulier d’or ?
“La question m’a souvent été posée ces derniers temps et j’ai souvent tourné autour du pot, mais actuellement on entend de partout que Simon est le grand favori. C’est un choix assez logique. Il a presté à haut niveau toute l’année, il a remporté le titre avec Bruges. Il a été important et a gagné des points pour son équipe à des moments-clés. Un seul joueur mérite le trophée et c’est Simon.”
Aucun concurrent ne peut venir l’ennuyer ?
“Si. Et ils sont nombreux. Peut-être trop, ce qui joue à son avantage. Il y a beaucoup de candidats et cela pourrait jouer à l’avantage de Simon, car Lang, De Ketelaere et Vanaken vont se partager des points. Et pareil pour les joueurs de l’Union comme Nielsen, Teuma, Vanzeir et Undav.”
L’influence des playoffs et de l’Europe
“En Ligue des champions, je pouvais dire à l'avance que son adversaire n'allait pas marquer.”
Deux moments lui rapporteront beaucoup de points. À commencer par les playoffs. Comment expliquez-vous son niveau en fin de saison passée ?
“Il était déjà fort début le début d’année. Ses playoffs sont entrés dans la mémoire collective, car il a réussi à monter en puissance vers les PO, car il sait que c’est là qu’il doit faire la différence. Simon a pris des points et poussé son équipe à la victoire. Sa confiance grandissait jusqu’à paraître sans limite.”
Est-ce là qu’il fait la différence par rapport aux autres gardiens ?
“Il a la capacité d’être là au bon moment et de savoir gérer les matchs où il n’avait qu’un ou deux arrêts à faire.”
En Ligue des champions, il devait en sortir plus que ça…
“J’avais l’impression de pouvoir dire à l’avance que son adversaire du jour n’allait pas réussir à marquer. C’est fort d’arriver à ce niveau en Europe.”
Normalement, seule la compétition belge entre en considération, mais on ne peut pas décemment penser que les votants n’ont pas pris en compte ses prestations en Ligue des champions…
“Elles auront une influence, mais il a été assez impressionnant sans. D’ailleurs, selon moi, sa prestation référence de l’année n’est pas unique, mais englobe l’ensemble des playoffs. Il a, à chaque fois, réussi des choses incroyables.”
Un gardien plus de 30 ans plus tard
“Un gardien doit être trois fois plus fort pour soulever le trophée.”
Il est également incroyable que le dernier gardien Soulier d’or en date est Michel Preud’homme en 1989. Avant lui, seuls quatre autres gardiens ont soulevé le trophée : Pfaff (78), Piot (72), Boone (67) et Nicolay (63). Simon réalise-t-il que l’exploit est d’autant plus retentissant en évoluant à son poste ?
“Cela viendra plus tard, mais c’est un fait. Surtout qu’à l’époque, il n’y avait pas de prix de gardien de l’année qui influence les votes. Les gardiens doivent être trois fois meilleurs que le deuxième ou le troisième du classement pour l’avoir.”
Michel Preud’homme était un de ses modèles ?
“Oui, Simon se prenait pour Michel Preud’homme ou Dany Verlinden quand on jouait dans le jardin.” (rires)
Son niveau surprend même son frère
“Et dire que j’avais peur que son niveau baisse.”
Pensez-vous qu’il est meilleur qu’à son époque à Liverpool ?
“C’est juste une question d’attention médiatique et populaire. Depuis son retour, on le voit plus jouer et on oublie qu’il a réussi des choses phénoménales en Angleterre.”
Êtes-vous surpris qu’il ait maintenu ce niveau ?
“Ça oui. J’avais un peu peur qu’il joue moins bien, que son niveau baisse. Mais grâce à son expérience, il a maintenu sa charge d’entraînement. Ça en dit long sur sa mentalité.”
Où puise-t-il sa motivation ?
“Il veut juste se donner à fond tous les jours dans son job. On a été éduqués comme ça. Les gens de la région de Saint-Trond pensent comme ça : si tu bosses dur, tu es récompensé.”
Calme… mais parfois froid
“Son arrivée en Premier League l'a rendu dur et pragmatique.”
A-t-il également évolué mentalement en devant un joueur plus adulte ?
“Je ne sais pas si on peut parler d’un ‘nouveau Simon’. Je trouve juste qu’il s’est formé au fil de ses expériences. Le moment-clé de son évolution est pour moi son transfert à Sunderland. Il a beaucoup appris là-bas. De son transfert, de la gestion des agents, des transferts, des directions de club. Son arrivée en Premier League l’a rendu dur, pragmatique et froid. Et on le voit encore aujourd’hui avec un Simon qui ne réagit pas rapidement, qui réfléchit toujours à ce qu’il fait et est pragmatique dans ce qu’il dit. Il a vraiment évolué au fil des années.”
Est-ce son point fort, ce calme ?
“Je pense bien, oui. On ne l’entendra jamais sortir des déclarations fantasques. Ses analyses d’après-match sont souvent honnêtes, correctes.”
Il peut parfois avoir l’air froid…
“Oui, je comprends bien. Il se protège fort. Il construit un mur autour de lui. Il ne veut pas qu’on puisse l’atteindre au niveau de ses émotions. Et pour cela, il prend son rôle de gardien comme un métier. Après, ça ne l’empêche pas de profiter. Il reste humain. En Europe, on l’a parfois vu perdre le contrôle à cause de l’adrénaline et de l’émotion.”