« Louis 28 », la série Slash qui réinvente la France sous la monarchie

« Louis 28 », la série Slash qui réinvente la France sous la monarchie

24 janvier 2023
Séries et TV
Nils Othenin-Girard dans
Nils Othenin-Girard dans "Louis 28". France.tv Slash

Et si la France était encore un royaume ? Et si la Révolution n’avait jamais eu lieu et qu’un descendant de Louis XVI régnait encore en 2023 ? C’est le pitch étonnant de cette nouvelle comédie pour Slash, la plateforme de France Télévisions. Les deux créateurs, Géraldine de Margerie et Maxime Donzel, en racontent la genèse et les coulisses.


Enfants de la patrie, le jour de gloire n’est jamais arrivé… Dans Louis 28, disponible cette semaine sur la plateforme Slash, la révolution de 1789 n’a jamais eu lieu et le royaume de France perdure encore de nos jours. Après la mort de Louis 27, dans un accident d’avion qui a décimé la famille royale, c’est un enfant illégitime qui se retrouve être le dernier héritier de la couronne ! Lycéen douteux et immature, le jeune Cédric va être propulsé sur le trône… Cette uchronie a été initiée par un appel d’offres de la SACD. Géraldine de Margerie et Maxime Donzel y ont répondu en imaginant l’Hexagone avec un monarque tout puissant à sa tête, comme aux grandes heures des Bourbons. « Il ne s’agit pas d’une monarchie parlementaire, mais bien d’une royauté pure et dure, raconte Maxime Donzel. On trouvait amusant d’imaginer la multitude de situations absurdes qu’un tel régime pourrait engendrer de nos jours. C’était parfait pour créer une comédie, parce que c’est totalement fou une monarchie absolue quand on y pense ! Et puis l’idée était aussi de donner le pouvoir à quelqu’un qui n’est pas prêt, qui n’est pas du tout adapté pour le poste, en l’occurrence le jeune Cédric. C’est la logique absurde de la succession… On s’est demandé ce que dirait une mère en découvrant, un matin, que son ado pénible était devenu littéralement un enfant-roi ! »

On est dans la farce, complètement. On a fait une série loufoque qui tourne en dérision les institutions et l’histoire de France. C’est ce que permet l’uchronie.
Maxime Donzel

Louis 28 est donc un ado immature et un peu idiot, qui va se retrouver au sommet de l’État, sans avoir la moindre conscience politique. « On est dans la farce, complètement. On a fait une série loufoque qui tourne en dérision les institutions et l’histoire de France. C’est ce que permet l’uchronie, poursuit Maxime Donzel. Par ce ton, où les traits sont forcés, on façonne une critique politique du système actuel, qui est une démocratie, certes, mais qui a parfois les atours d’une monarchie ! Un système où les privilèges et les conflits de classe demeurent. En fait, on va à l’extrême pour dénoncer certaines dérives d’aujourd’hui ». Car Louis 28 est une comédie qui a des choses à dire. Maxime Donzel avoue avoir pris conscience, ces dernières années, du fait que « la démocratie peut aussi avoir des limites, quand la majorité décide ce qui doit advenir des minorités. Ce n’est pas un régime parfait… J’ai commencé à imaginer qu’un roi puisse, finalement, protéger mieux les minorités qu’un parlement. Maintenant, on n’est pas du tout monarchistes. La série est plutôt très républicaine dans le fond ! Mais bon, parfois, je me dis qu’on élit un nouveau roi tous les cinq ans et qu’on le décapite ensuite… C’est l’homme providentiel, on l’adore, et puis deux mois après, on le déteste et on n’en veut plus. »

 

 

Pour donner corps au jeune roi de France fraîchement couronné, les deux créateurs ont choisi Nils Othenin-Girard, qu’ils avaient beaucoup aimé dans Simon et Théodore (2016) : « On cherchait une nature comique mais aussi quelqu’un dont le naturel l’emporte… Je crois qu’il a adoré se prendre pour le roi, même si cela comporte aussi son lot de doutes. Finalement, c’était une sorte de mise en abîme pour lui, qui décrochait ici un premier rôle », s’amuse Géraldine de Margerie.

Avec les équipes déco, on a imaginé des décors qui témoignent d’un faste usé, parce qu’on a intégré nos contraintes économiques à l’intérieur de notre histoire […] Après, il y a eu tout un travail sur les costumes, pour faire exister cette cour, sous la forme d’une noblesse décadente, qui jongle entre les codes d’aujourd’hui et ceux du XVIIIe siècle.
Géraldine de Margerie

Reste que recréer la royauté en France signifie avoir beaucoup d’ambition au niveau des décors et des costumes. Et quand on est une production au budget limité, il faut s’adapter : « La gageure, c’était de parvenir à créer tout un univers dans une économie très maîtrisée », explique la cocréatrice. Pour que ça marche, il a fallu imaginer un gros travail artistique en amont. On a loué le château de Champlâtreux [dans le Val-d’Oise], qui sert souvent de décor pour le cinéma. Avec les équipes déco, on a imaginé des décors qui témoignent d’un faste usé, parce qu’on a intégré nos contraintes économiques à l’intérieur de notre histoire. On est dans une France ruinée, où le palais royal tombe en ruines. Versailles s’est écroulé, par manque d’entretien. Il n’y a plus d’argent dans les caisses. Après, il y a eu tout un travail sur les costumes, pour faire exister cette cour, sous la forme d’une noblesse décadente, qui jongle entre les codes d’aujourd’hui et ceux du XVIIIe siècle. Au final, ce fut intéressant parce qu’on était dans l’école de la débrouille, celle qui donne l’illusion d’un monde royal. Mais ce n’est pas simple à produire, il faut le dire, parce que j’aurais voulu qu’on fasse Barry Lyndon, mais avec peu de moyens, ce n’était pas possible. »

Louis 28 – 10 épisodes de 22 minutes

Créée et écrite par : Géraldine de Margerie et Maxime Donzel, en collaboration avec Niels Rahou et Camille Rosset
Avec : Nils Othenin-Girard, Nadia Roz, Gilles Gaston-Dreyfus…
Production : Ex Nihilo, avec France Télévisions

Sur Slash dès le 27 janvier 2023

Soutien du CNC : Fonds de soutien audiovisuel (FSA)