Les cigognes de Charente-Maritime suivies à la trace pour mesurer le changement climatique

Des scientifiques appellent aux dons pour financer des balises GPS dont ces oiseaux migrateurs sont équipés. La cigogne blanche, « espèce sentinelle », est directement confrontée au changement climatique et à la disparition des zones humides.

Une trentaine de cigognes devraient être équipées en balises GPS d'ici 2024. DR/Céline Rousselle
Une trentaine de cigognes devraient être équipées en balises GPS d'ici 2024. DR/Céline Rousselle

    « À ce jour, 13 oiseaux ont été équipés avec des balises. L’objectif est de parvenir à une trentaine d’ici 2024 pour obtenir un échantillon statistique intéressant », explique Raphaël Musseau, l’un des coresponsables d’un programme de recherche dédié aux cigognes blanches depuis les marais de Charente-Maritime.

    Menés depuis 2019 par l’association BioSphère Environnement et le Centre d’études biologiques de Chizé (CEBC), ces travaux visent à mieux documenter les capacités d’adaptation des échassiers face au « changement global », qu’il soit climatique ou lié à la disparition des zones humides.

    « Les cigognes sont une espèce sentinelle qui permet d’évaluer les grandes variations en cours pouvant affecter d’autres espèces », souligne Raphaël Musseau, qui étudie aussi leurs stratégies de déplacement autant que leur habitat ou leurs habitudes alimentaires.



    Pour y parvenir, les scientifiques utilisent des balises GPS de 35 grammes dotées de 5 à 8 ans d’autonomie (l’espérance de vie moyenne d’une cigogne avoisine les 8 ans). Couplées à des capteurs de mouvement, ces balises transmettent des données essentielles pour décrypter le quotidien des cigognes, depuis leur nid en Charente-Maritime jusqu’aux confins de l’Afrique subsaharienne.

    « Cet été, la sécheresse leur a imposé de partir à plus de 30 km du nid et de leurs petits, parfois durant plus de 24 heures. Cette stratégie d’alimentation est exceptionnelle et traduit l’état de santé des écosystèmes », décrypte Raphaël Musseau.



    Pour financer ce programme, le CEBC et BioSphère Environnement ont lancé une campagne de dons et recherchent des mécènes. Chaque balise – associée à un abonnement téléphonique pour transmettre les données – revient à près de 2 000 euros. Les scientifiques poseront les prochaines au printemps 2023, directement sur les pattes de plusieurs adultes capturés lors de la construction des nids. Le grand public peut, lui, suivre en temps réel les oiseaux actuellement équipés de balises GPS via la plate-forme « Cigognes de Saintonge ».