Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire lors d'une conférence de presse à son ministère, à Paris le 19 juin 2023

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire lors d'une conférence de presse à son ministère, à Paris le 19 juin 2023

afp.com/JULIEN DE ROSA

Le "quoiqu'il en coûte" est bel et bien terminé. Ce lundi 19 juin, l'exécutif a rappelé sa volonté de faire des économies et a proposé plusieurs pistes de travail. Elles ont été présentées à l'occasion des Assises des finances publiques, organisées en présence du ministre de l'Economie Bruno Le Maire et de la Première ministre Elisabeth Borne. Grâce à ces mesures, qui feront l'objet de concertations, le gouvernement espère réaliser au moins 10 milliards d'euros d'économies d'ici 2027.

Publicité

Ce redressement intervient alors que la France vient tout juste d'échapper à la sanction de l'agence S&P Global, qui a maintenu sa note de solvabilité. Pour redorer son image, Bercy entend en finir avec les dépenses engagées pendant les crises sanitaire et énergétique. "Maintenant que nous revenons à la normale, qui comprendrait que nous continuions à dépenser autant ?", a assuré Bruno Le Maire. L'objectif est de faire passer la dette de 111,6% du PIB fin 2022 à 108,3% en 2027. Et pour cela, l'exécutif a un plan.

La santé dans le viseur

Le gouvernement propose d'abord de s'attaquer aux dépenses de soins. En particulier aux arrêts maladie, en hausse de 30% par rapport à la décennie précédente. Bercy entend donc "travailler" à des "instruments" pour "lutter contre les dérives". Autre piste de travail : les médicaments, dont la prescription et l'achat sont jugés trop fréquents. Bercy veut mettre en place des règles plus strictes pour "garantir la soutenabilité du système de santé".

Le logement est également dans son viseur. Elisabeth Borne a annoncé la fin du dispositif Pinel et la refonte du Prêt à taux zéro (PTZ), deux mesures qui devraient permettre de dégager deux milliards d'euros d'économies. En ce qui concerne le soutien à l'emploi, le gouvernement devrait lâcher du lest, en justifiant cette décision par le faible taux de chômage. Il propose de réduire le prix des formations payées par l'Etat pour les apprentis et d'introduire un ticket modérateur sur le compte personnel de formation "pour responsabiliser les utilisateurs".

LIRE AUSSI : PIB : faut-il créer une alternative "verte" ? Deux experts débattent

Enfin, alors que le ministère assure vouloir redoubler d'efforts au sujet de l'écologie, le secteur du carburant est pointé du doigt. Les avantages fiscaux dont disposent certaines professions comme les transporteurs routiers ou les agriculteurs devraient progressivement disparaître d'ici 2030. Bruno Le Maire a précisé que cette bascule s'accompagnerait de "mesures de compensation" pour faciliter la transition.

Fin des boucliers énergétiques

Ces efforts seront-ils suffisants ? Du côté de Bercy, une source indique à l'AFP qu'il faudrait réaliser au moins 12 milliards d'euros d'économies rien qu'en une année pour boucler le projet de budget 2024. Loin, donc, des 10 milliards prévus d'ici la fin du quinquennat. Mais le ministère se veut rassurant : les annonces effectuées dans le cadre des Assises ne sont qu'une "étape". D'autres stratégies sont mises en place, comme l'arrêt des chèques exceptionnels et la fin des boucliers énergétiques. Celui sur le gaz disparaîtra dès ce mois de juin. Celui sur l'électricité sera supprimé à la fin de l'année 2024. En parallèle, le gouvernement attend de retirer des bénéfices des réformes de l'APL et de l'assurance chômage.

LIRE AUSSI : Transition énergétique : qui va payer la facture ?

En réduisant ses dépenses publiques, l'exécutif espère revenir dans les clous sans augmenter la fiscalité. La tension sociale suscitée par l'inflation complique également l'équation. Mais Bruno Le Maire a rejeté "l'austérité" et dit ne pas vouloir d'une "politique de la hache, qui tuerait notre croissance". Ces efforts sont jugés d'autant plus nécessaires que l'environnement économique se durcit, avec rétablissement l'an prochain des règles budgétaires européennes et la forte remontée des taux d'intérêt qui alourdit la charge de la dette.

Publicité