La passionnante étude publiée par la Fondation Jean Jaurès sur les attitudes de la population à l’égard du réchauffement climatique montre que si seule une petite minorité de la population adhère à la thèse complotiste faisant du réchauffement climatique une fable visant à asservir la société, une majorité considère qu’il résulte du comportement des plus riches mais que c’est aux plus pauvres que l’on demande de faire des efforts.
Ce point de vue, hélas, ne manque pas de fondement : pas de limite aux voyages en avion mais les centres-villes bientôt interdits aux vieux diesels ; des économistes qui ne voient d’issue que dans la taxation de l’énergie, qui frappe les plus pauvres. Le discours simpliste d’ONG attribuant aux plus riches l’essentiel des émissions et semblant dispenser le reste de la société d’envisager des changements de mode de vie apporte de l’eau à ce moulin.
Mais un autre facteur, exploité par l’extrême droite en France comme dans le reste de l’Union européenne, va peser lourd dans la balance : l’action privilégiée par les gouvernants consiste à multiplier les « obligations de moyens », en clair les contraintes, dans l’espoir que leur addition permettra de nous conformer à nos engagements internationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Une élite administrative et politique
Ce tropisme pour les contraintes, cette « addiction aux normes » dénoncée dans ses vœux de début d’année par Gérard Larcher, président du Sénat, ne vient pas du désir d’« emmerder les Français », comme disait Georges Pompidou, mais du mode de raisonnement lui-même : le rapport de la convention citoyenne pour le climat, élaboré par un panel de citoyens reflétant la diversité de la société, contient plusieurs centaines de fois les mots « obligations » et « interdictions ».
Le caractère illégitime de ces contraintes se trouve aggravé en France par la centralisation : vue de la « France d’en bas », une élite administrative et politique, issue d’un système scolaire qui délivre des savoirs universels au détriment de l’apprentissage des coopérations et de la créativité, multiplie les normes sans s’interroger sur leur application à des contextes territoriaux très divers ni imaginer que les acteurs eux-mêmes sont capables de trouver ensemble, localement, de meilleures manières d’atteindre le but d’intérêt général que prétend viser la norme.
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