Mort d’Evgueni Prigojine : rien n’indique que l’avion ait été abattu par un missile sol-air, selon Washington

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Le ministère de la défense russe a affirmé tôt ce vendredi avoir abattu 42 drones ukrainiens en Crimée, décrivant une attaque d’une rare ampleur contre la péninsule annexée par Moscou en 2014.

« Neuf drones ont été détruits à la suite de l’impact de tirs au-dessus du territoire de la république de Crimée. 33 drones ont été neutralisés par des moyens de guerre électronique et se sont écrasés sans atteindre [leur] cible », a dit la défense russe sur Telegram.

L’administration russe en Crimée annexée avait dit un peu plus tôt avoir abattu des drones au large de la péninsule. « Selon les données préliminaires, plusieurs drones ont été détruits au-dessus de la mer dans la zone du cap Chersonèse », selon le gouverneur Mikhaïl Razvojaïev. Le cap est situé au sud-ouest de la péninsule annexée par Moscou en 2014, à quelque 10 km de Sébastopol, port d’attache de la Flotte russe de la mer Noire. « Les services d’urgence n’ont constaté aucun dégât sur les infrastructures civiles », a ajouté le responsable.

L’Ukraine s’était félicitée jeudi d’avoir mené une rare opération commando en Crimée annexée et d’y avoir hissé le drapeau national, un succès symbolique dans ce bastion considéré comme imprenable par Moscou pour la journée de l’Indépendance. Mercredi, le renseignement militaire ukrainien avait revendiqué la destruction d’un système de missiles sol-air russe sur la péninsule.

Le président américain, Joe Biden, a parlé ce jeudi avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de la formation par les Etats-Unis de pilotes ukrainiens au maniement de l’avion de combat F-16, qui débutera en septembre, a annoncé la Maison Blanche.

« Les présidents Biden et Zelensky ont discuté du début de la formation de pilotes de chasse ukrainiens et de la garantie d’une approbation rapide pour que d’autres nations transfèrent leurs F-16 à l’Ukraine à l’issue de la formation », a précisé l’exécutif américain dans un communiqué. « Le président Biden a réitéré l’engagement des Etats-Unis à soutenir la défense de l’Ukraine contre l’agression russe aussi longtemps qu’il le faudra, et à tenir la Russie pour responsable de ses actions », selon la Maison Blanche.

De son côté, Joe Biden a déclaré sur X (ex-Twitter) s’être entretenu « avec mon ami le président Zelensky pour lui souhaiter, ainsi qu’au peuple ukrainien, une bonne fête de l’indépendance ».

« Que cette journée nous rappelle que les forces des ténèbres et de la domination n’éteindront jamais la flamme de la liberté qui vit dans le cœur des peuples libres du monde entier », ajoute le président américain.

La défense aérienne russe a abattu un missile ukrainien dans la région de Kalouga, au sud-ouest de Moscou, a fait savoir le ministère de la défense russe.

Une tentative d’attaque de Kiev contre « des cibles civiles sur le territoire de la Fédération de Russie a été déjouée », a communiqué le ministère sur Telegram. « Le missile a été détecté et détruit par des systèmes de la défense aérienne au-dessus du territoire de la région de Kalouga », a ajouté la même source. La défense russe n’a pas fourni davantage d’informations quant aux lieux visés et n’a pas indiqué si la destruction du missile avait fait d’éventuels dégâts ou victimes.

L’agence de presse publique russe TASS a par ailleurs fait état de la fermeture au trafic aérien des aéroports internationaux Vnoukovo et Domodedovo de Moscou, tôt vendredi, citant les services aériens.

La région de Kalouga est limitrophe de celle de Moscou, ciblée à plusieurs reprises ces derniers jours par des drones ukrainiens selon les autorités russes.

Pour le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, soutien sans faille de Vladimir Poutine, la mort d’Evgueni Prigojine « est une grande perte pour l’Etat tout entier ». Mais dernièrement, « il n’a pas eu ou n’a pas voulu avoir une vue d’ensemble de ce qui se passe dans le pays », a estimé le chef de ce territoire de la Fédération de Russie.

« Je lui ai demandé d’abandonner ses ambitions personnelles au profit de questions d’une importance nationale primordiale (…) Mais il était comme ça (…) avec son caractère de fer et son désir d’atteindre son but ici et maintenant », a ajouté M. Kadyrov.

Un rapport préliminaire des services de renseignement américains conclut que l’accident d’avion dont a été victime Evgueni Prigojine a été causé intentionnellement par une explosion. Des responsables qui ont commenté cette évaluation initiale ont dit que le chef du Groupe Wagner était « très probablement » visé et que l’explosion s’inscrivait dans la « longue histoire de Poutine visant à faire taire ses détracteurs ».

Les responsables, qui ont parlé sous le couvert de l’anonymat parce qu’ils n’étaient pas autorisés à faire des commentaires officiels, n’ont en revanche pas donné de détails sur la cause de l’explosion.

Le porte-parole du Pentagone, le général Patrick S. Ryder, a déclaré que les informations parues dans la presse selon lesquelles un missile sol-air avait abattu l’avion étaient inexactes. Mais il a refusé de dire si les États-Unis soupçonnaient l’existence d’une bombe.

L’armée américaine ne dispose « d’aucune information indiquant qu’un missile sol-air » est impliqué dans le crash de l’avion à bord duquel se trouvait Evgueni Prigojine, a déclaré jeudi Patrick S. Ryder, porte-parole du Pentagone, qualifiant d’« inexactes » les informations faisant état de l’utilisation d’une telle arme.

Des pilotes ukrainiens seront formés à partir de septembre par les Etats-Unis au maniement du modèle d’avion de combat F-16, a annoncé jeudi le Pentagone. « Ces pilotes suivront une formation d’anglais » au Texas en septembre, avant « de prendre part à une formation de pilotage » en Arizona le mois suivant, a précisé le porte-parole du Pentagone, le général Patrick S. Ryder.

Plus tôt jeudi, la Norvège a annoncé qu’elle deviendrait le troisième pays – après les Pays-Bas et le Danemark – à fournir des exemplaires de cet avion de conception américaine à l’Ukraine. Le Danemark en a promis 19 tandis que les Pays-Bas devraient en fournir 42 exemplaires, selon le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

D’après le général Ryder, la formation des pilotes ukrainiens devrait normalement durer cinq à huit mois, suivant leurs compétences actuelles. La formation linguistique est nécessaire, « en raison de la complexité et du jargon en anglais requis pour piloter ces avions », a-t-il expliqué. Il a en outre précisé que les Etats-Unis procéderaient cette formation du fait de l’impossibilité pour le Danemark et les Pays-Bas d’assurer l’ensemble de la préparation des pilotes ukrainiens.

L’ancien président socialiste François Hollande a pointé jeudi « les erreurs » de Nicolas Sarkozy sur l’Ukraine, en affirmant, contrairement à son prédécesseur, qu’il fallait continuer à fournir des armes à l’Ukraine, lors d’un séminaire devant des élus socialistes à Blois.

Dans une interview au Figaro publiée le 16 août, Nicolas Sarkozy, selon lequel la France a tort de livrer « des armes à flux continu à l’un des belligérants », pourfend les « postures avantageuses » de ceux qui appellent à soutenir Kiev « jusqu’au bout ». Il juge par ailleurs tout retour en arrière illusoire sur le plan territorial, qu’il s’agisse de la Crimée ou même du Donbass. Dans les deux cas, il suggère la tenue de référendums encadrés par la communauté internationale. Enfin, il estime que l’Ukraine doit « rester neutre » et ne rejoindre ni l’OTAN ni l’Union européenne, suggérant « un accord international prévoyant des assurances de sécurité extrêmement fortes pour la protéger contre tout risque ».

François Hollande a affirmé que Nicolas Sarkozy avait fait « deux erreurs » dans son analyse. « Il y avait déjà des garanties de sécurité accordées à l’Ukraine au moment de l’indépendance de l’Ukraine », a ainsi rappelé l’ancien président socialiste, en notant que « lorsque les référendums sont organisés en territoire russe, il y a toujours le même résultat ».

Alors que Nicolas Sarkozy défend « la diplomatie, la discussion, l’échange » avec le chef du Kremlin, François Hollande estime que Vladimir Poutine « a fait de la guerre son idéologie ». « C’est la guerre qui lui donne sa légitimité. (…) Il a besoin de la guerre, de l’agression, de l’offensive », donc « cette proposition de négociation ne peut pas tenir », a-t-il dit. Pour François Hollande, il faut « mobiliser les opinions publiques » pour « ne pas se lasser et ne pas négliger » ce conflit, « continuer à soutenir l’Ukraine » et à lui « fournir des armements ».

Délinquant, vendeur de hot dogs, homme d’affaires, magnat des médias, tribun populiste, mercenaire et mutin repenti, l’associé de l’ombre de Vladimir Poutine a été tué dans le crash de son avion le 23 août.

Washington a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des entités et des individus russes qu’il accuse d’être impliqués dans la déportation d’enfants ukrainiens. « Les Etats-Unis ne vont pas rester silencieux pendant que la Russie commet ces crimes de guerre et ces crimes contre l’humanité », a déclaré l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.

Les nouvelles sanctions concernent onze Russes, notamment des responsables régionaux chargés des droits des enfants, dont les avoirs aux Etats-Unis vont être gelés. Elles concernent également deux entités : le « camp de vacances » Artek en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014, et un camp de « rééducation » pour enfants en Tchétchénie. Le département d’Etat américain va aussi prendre des mesures de restriction de visas contre trois responsables russes accusés d’avoir violé les droits de mineurs ukrainiens.

« La Russie et ses mandataires ont arrêté des enfants qui fuyaient la violence, ils ont forcé des enfants à quitter des écoles et des orphelinats, et des mandataires locaux ont dupé ou forcé des parents à envoyer leurs enfants dans de prétendus camps d’été, et refusé de leur rendre », a dit Mme Thomas-Greenfield, évoquant le « lavage de cerveau » des enfants et des entraînements militaires effectués dans ces camps. « Vous entendez des responsables russes dire que ces transferts d’enfants font partie d’évacuations humanitaires. Mais c’est une déformation grossière de la réalité », a-t-elle insisté.

Elle a en outre évoqué des informations selon lesquelles les autorités biélorusses auraient aidé à transporter des enfants ukrainiens vers des camps en Biélorussie.

La Cour pénale internationale a pour sa part déjà émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour la « déportation illégale » de milliers d’enfants ukrainiens depuis février 2022. Des accusations rejetées par Moscou.

Un ancien élu municipal de Moscou et blogueur d’opposition a été condamné jeudi par contumace à huit ans de prison pour avoir « discrédité » l’armée, dernier exemple en date de la répression qui bat son plein en Russie. Maxime Katz, connu notamment grâce à sa chaîne YouTube aux 1,8 million d’abonnés sur laquelle il commente l’actualité politique, a été reconnu coupable de « diffusion publique d’informations erronées » concernant l’armée.

Ancien élu municipal pour le parti libéral Iabloko ayant brièvement travaillé avec l’équipe de l’opposant Alexeï Navalny, il a quitté la Russie après le début de l’offensive en Ukraine. La justice lui reproche une vidéo publiée en avril 2022 dans laquelle il accusait les troupes russes de cibler des zones civiles en Ukraine, selon le journal gouvernemental Rossiïskaïa Gazeta.

Maxime Katz avait déjà été désigné en juillet 2022 comme « agent de l’étranger » par la justice russe, une étiquette infamante qui oblige ceux à qui on l’accole à de fastidieuses démarches administratives et leur fait courir le risque d’amendes.

Depuis le début du conflit, des milliers de Russes ont été condamnés, parfois à de lourdes peines, pour avoir protesté contre la politique du Kremlin. La quasi-totalité des opposants d’envergure ont été emprisonnés ou poussés à l’exil.

Les conséquences de la mort d’Evgueni Prigojine pour le système politique russe et la stabilité du régime devraient être limitées, estime, dans une tribune au Monde, la chercheuse spécialiste de la Russie Tatiana Kastouéva-Jean.

Les Etats-Unis ont exhorté la Russie à libérer « immédiatement » le journaliste américain du Wall Street Journal Evan Gershkovich, dont la détention provisoire a été prolongée de trois mois, jeudi, par un tribunal de Moscou. « Les accusations contre Evan Gershkovich sont sans fondement », a déclaré un porte-parole du département d’Etat américain.

La Norvège va fournir des chasseurs F-16 à l’Ukraine, a annoncé le premier ministre norvégien, Jonas Gahr Store, jeudi après-midi, dans un communiqué, confirmant des révélations de médias norvégiens. « Nous reviendrons [plus tard] sur les détails concernant le nombre [d’avions] et le calendrier pour la livraison », a ajouté M. Store. Cette promesse survient au moment où il effectue une visite surprise à Kiev, le jour anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine.

Selon l’agence de presse norvégienne NTB, qui a parlé avec le premier ministre pendant son déplacement, le nombre d’appareils fournis serait compris entre 5 et 10, et plutôt dans le bas de cette fourchette.

La Norvège devient ainsi le troisième pays à s’engager à fournir des F-16 à Kiev. Le Danemark a promis 19 appareils, alors que les Pays-Bas devraient en fournir 42, selon le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Jeudi, Oslo a aussi promis des missiles antiaériens IRIS-T, des équipements de déminage et une aide de 1,5 milliard de couronnes norvégiennes (130 millions d’euros) pour l’achat de gaz et d’électricité cet hiver.

Bonjour LaGuerreCestNul,

Vous êtes nombreux à nous poser régulièrement cette question.

Le nombre de soldats tués ou blessés est l’un des secrets les mieux gardés depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Dans chaque conflit, surestimer les pertes infligées à l’ennemi et minimiser les siennes est un grand classique. Celui-ci ne déroge pas à la règle.

Côté ukrainien, le ministère de la défense communique volontiers sur le nombre de Russes neutralisés en fournissant un bilan quotidien, mais garde le silence sur ses propres pertes. Au 22 août, il chiffrait à 258 340 le nombre de soldats russes « liquidés » depuis le début de l’invasion, le 24 février 2022 – sans préciser si ce bilan comprenait les blessés. Côté russe, aucun bilan officiel n’a été communiqué depuis près d’un an. Le dernier, en septembre 2022, faisait état de 5 937 morts, un bilan que les analystes jugent largement sous-estimé.

Faute de décompte fiable, organismes internationaux, médias et alliés s’efforcent, depuis dix-huit mois, de faire leurs propres calculs, et ces estimations sont très disparates. La dernière en date émane d’officiels américains cités, sous couvert d’anonymat, par le New York Times le 21 août. Ils évaluent à 500 000 le nombre de militaires tués et blessés dans les deux camps depuis février 2022. Dans le détail, la Russie compterait 120 000 morts (sur 300 000 victimes) et l’Ukraine 70 000 morts (sur 200 000).

Malgré les variations dans ces estimations, une certitude s’impose : cette guerre est un massacre, côté russe comme ukrainien. « Les pertes sont colossales, avec des volumes comparables à ceux de la première guerre mondiale », explique le colonel Michel Goya, historien militaire.

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