8 milliards d'êtres humains sur terre, y aura t-il de la place pour tout le monde ?

8 milliards d'êtres humains sur terre, y aura t-il de la place pour tout le monde ? ©Getty - Marco Bottigelli
8 milliards d'êtres humains sur terre, y aura t-il de la place pour tout le monde ? ©Getty - Marco Bottigelli
8 milliards d'êtres humains sur terre, y aura t-il de la place pour tout le monde ? ©Getty - Marco Bottigelli
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Jamais nous n'avons été aussi nombreux sur notre petite planète bleue, avec l'Inde qui est devenue le pays le plus peuplé passant devant la Chine. Alors jusqu'où peut aller cette croissance démographique ? Cela sera-t-il viable sur une Terre aux ressources abondantes mais néanmoins limitées ?

Avec
  • Gérard-François Dumont Géographe, économiste, démographe, professeur à l'Université de Paris IV Sorbonne
  • Emmanuel Pont Ingénieur et auteur du livre "Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?" (Payot, 2022)

La population humaine ne fait que croître sur une Terre qui n'est pas extensible. Jamais nous n'avons été aussi nombreux sur la petite sphère bleue avec l'Inde qui est devenue le pays le plus peuplé, passants devant la Chine. Jusqu'où peut aller cette démographie galopante ? On pourrait s'arrêter là, mais il risque d'être compliqué de s'attaquer au réchauffement climatique quand il y a de plus en plus de gens sur Terre qui veulent vivre, si nous continuons à consommer de la sorte, il nous faudrait deux planètes de plus afin de répondre à nos besoins en 2050. Devons-nous arrêter de faire des enfants et laisser vieillir les populations du globe ?

Avec :

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  • Emmanuel Pont, ingénieur et auteur du livre "Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?" (Payot, 2022)
  • Gérard-François Dumont, géographe, économiste, démographe, professeur à l'Université de Paris IV Sorbonne
  • Marie-Eve Perru, conseillère régionale Île-de-France et membre du bureau de l’association Démographie responsable

"Bombe démographique" ou "transition démographique" ?

On n'a jamais été aussi nombreux sur Terre. On a daté ce nouveau milliard au 15 novembre dernier, et selon l'ONU, il aura fallu seulement onze ans pour peupler la planète de ce milliard supplémentaire. Comment analyser cette croissance démographique aussi fulgurante ?

Gérard-François Dumont estime qu'il n'y a jamais eu de "bombe démographique" (titre d'un livre à succès publié dans les années 1960). Si la croissance démographique des deux derniers siècles est assurément due à la baisse des taux de mortalité, conséquence directe des progrès médicaux considérables, on est, selon lui, dans une logique de transition démographique et il est important de relativiser ce nombre de 8 milliards, car les questions de peuplement sont extrêmement différentes selon les territoires : "D'abord, les progrès dans le recul des taux de mortalité ont fait que la croissance moyenne de la population mondiale a augmenté au XIXᵉ siècle, puis au XXᵉ siècle jusqu'à la fin des années 1960 et, depuis la fin des années 1960, nous sommes en décélération démographique. C'est-à-dire que chaque année, le taux de croissance démographique de la population mondiale diminue. Et ceci est particulièrement mis en évidence par tous les pays dont la population diminue. Nous savons que depuis 2022, la population de la Chine à son tour s'est mise à diminuer tandis que celle de l'Inde a considérablement ralenti. En réalité, la question démographique à l'échelle planétaire n'a pas grande signification parce que la réalité démographique est beaucoup plus locale que planétaire. Ainsi, il faut préférer parler de transition écologique. Si l'espérance de vie sur Terre n'a pas été aussi élevée dans toute l'histoire de l'humanité, cette augmentation est aujourd'hui de façon majoritaire due, explique-t-il, à l'augmentation de l'espérance de vie des populations du fait de l'augmentation de leur qualité de vie. Il ne faut pas parler d'une accélération exponentielle puisque si nous regardons la moyenne mondiale, il y avait cinq enfants par femme en 1950 et aujourd'hui on est en dessous de 2,4 enfants par femme dans le monde".

Une démographie qui suppose un nouveau modèle de développement écologique

Sur ce point, les trois intervenants se rejoignent, dans la logique qui est celle de notre démographie actuelle, il faut œuvrer avant tout et de toute urgence pour un meilleur développement durable à l'échelle locale. L'avenir est très sombre selon Marie-Éve Perru et il faudrait adapter la population, localement à ses propres ressources locales : "Aujourd'hui chaque pays en interne doit se dire à lui-même qu'il est en dépassement écologique et en déduire combien il peut faire vivre de manière renouvelable sa population en fonction de ses propres ressources. Cette surpopulation de la planète est une des principales responsables du réchauffement climatique, plus on aura des êtres humains sur terre et plus forcément le réchauffement climatique va s'accentuer. Une croissance perpétuelle est absolument impossible et mènerait à un effondrement. La croissance démographique est avant tout une des premières atteintes à l'environnement".

Vivre avec autant de monde, sur le temps long, c'est possible, mais tout dépend du mode de vie écologique poursuit Emmanuel Pont qui repose sur des motivations politiques et économiques bien spécifiques : "On a plein de moyens qui sont très différents pour vivre différemment et notamment pour nourrir les gens. Si on a très largement de quoi nourrir tout le monde, le problème, c'est qu'on mange beaucoup trop de viande, on gaspille trop et on ne produit pas forcément ce qu'il faut au bon endroit comme il faut. Aujourd'hui, la question repose sur les systèmes politiques et économiques. Il pourrait y avoir deux personnes dans le monde, s'il y en a une qui a tout, l'autre va forcément mourir de faim".

Pour Gérard-François Dumont aussi, adopter un nouveau modèle de développement économique et écologique est une nécessité et les réponses sont avant tout locales et en cela, il considère que "le développement de l'économie circulaire est quelque chose d'absolument essentiel pour répondre aux besoins des populations. Une voie qui est tout à fait salutaire et qu'il faut absolument développer parce qu'elle est favorable au vrai développement durable, celui qui se fait localement, qui permet aux gens, par leur effort local de trouver des réponses adaptées à leurs besoins".

Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?

Si l'idée d'arrêter de faire des enfants pour sauver la planète est une idée grandement partagée, dans la réalité, Gérard-François Dumont suggère que c'est un facteur mineur parmi beaucoup d'autres, et que le ralentissement de la natalité ne pourra rien contre la survivance des comportements compromettant toujours l'écosystème : "D'abord, aujourd'hui, globalement, dans les pays riches, si les gens ont moins d'enfants que ce qu'ils souhaiteraient, c'est avant tout pour des raisons principalement socioéconomiques. Et est-ce qu'il y a beaucoup de gens qui renoncent aux enfants pour des raisons écologiques, aujourd'hui, on ne pense pas qu'il y en a beaucoup, du moins ça reste encore à explorer. Seconde chose, même une limitation des naissances ne changera pas la donne, puisque ça accélérera le vieillissement de la population et la planète a besoin de population pour l'entretenir. Aussi, supposons qu'à partir de demain, dans le monde entier, il n'y ait plus aucune naissance, ça ne sauvera en rien la planète, parce que les effets de non-développement durable sont liés aux comportements des populations, et on a aucune preuve que les populations actuelles ont des comportements tout à fait exemplaires en termes de développement durable. Ce n'est donc pas tant qu'il y a trop d'habitants sur Terre, c'est le comportement de certains qui fait qu'aujourd'hui, on est dans cette situation critique. Au contraire, les enfants qui naissent représentent un potentiel pour le futur, car parmi eux figurent celles et ceux qui pourraient inventer de nouveaux progrès techniques plus favorables à une meilleure écologie de la planète".

► La suite à écouter…

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