Publicité

Orientation scolaire : la France est en retard

Deux études menées auprès des élèves et des chefs d'établissement soulignent les faiblesses de l'Hexagone en matière d'aide à l'orientation. Pour faire leurs choix, les 18-25 ans se fient aux coachs privés et à leur famille plus qu'à l'école.

Pour deux tiers des 18-25 ans interrogés par le CNESCO, l'orientation est « source de stress ».
Pour deux tiers des 18-25 ans interrogés par le CNESCO, l'orientation est « source de stress ». (Castelli/ANDBZ/ABACA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 11 déc. 2018 à 08:20

La France est « très en retard » en matière d'éducation à l'orientation : « On n'a pas encore compris qu'il se passait des choses radicalement différentes à l'étranger », déplore Nathalie Mons, présidente du Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco), qui publie ce mardi deux études sur le sujet. L'une porte sur les 18-25 ans et le vécu de leur parcours d'orientation (1.158 jeunes interrogés entre le 24 septembre et le 13 octobre derniers). L'autre a été menée auprès des chefs d'établissement (1.271 d'entre eux interrogés en juillet 2018).

Le constat est inquiétant. Un jeune sur deux (48 %) déclare ne pas avoir été bien accompagné dans son établissement. « On est loin des chiffres catastrophistes souvent entendus », relativise Nathalie Mons. Les élèves des lycées professionnels affirment aussi avoir été « mieux accompagnés » que ceux des lycées généraux. Pour s'orienter, les jeunes interrogés suivent leur goût pour un métier ou pour une discipline. « Ils s'accrochent à leur rêve », se félicite Nathalie Mons.

Seuls 15 % des élèves interrogés n'ont participé à aucune activité liée à l'orientation (forum, ateliers…) « L'institution scolaire s'est mise en mouvement, il se passe beaucoup de choses dans les établissements », approuve Nathalie Mons.

Le rôle des familles

Publicité

D'autres chiffres sont préoccupants. Pour deux tiers des jeunes interrogés, l'orientation est « source de stress ». Un jeune sur cinq affirme qu'il n'a pas eu le choix de son orientation (19 % des enfants d'ouvriers, contre 10 % des enfants de cadres). Les filles renoncent davantage à leur choix (36 % de filles contre 20 % de garçons), en raison du coût des études. En milieu rural, c'est un jeune sur quatre, pour des raisons d'éloignement géographique.

Pour s'orienter, 60 % des 18-25 ans disent avoir besoin de mieux se connaître et de comprendre leurs propres envies. Or, dans le système scolaire, l'orientation ne répond pas à cette attente. Elle se limite souvent à des présentations classiques des filières. Résultat : un jeune sur cinq entre 18 et 25 ans a recours à un coach privé. Dans l'aide à la décision, les familles sont aussi les premiers interlocuteurs des jeunes. « L'école est loin derrière », souligne le Cnesco .

Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, avait annoncé des mesures sur l'orientation l'an dernier en lien avec la mise en place de Parcoursup . La mise à disposition des deux professeurs principaux est désormais en place dans 89 % des établissements interrogés. En revanche, seuls 50 % d'entre eux ont mis en place les deux semaines promises pour l'orientation.

« Gérer leur carrière future »

Le Cnesco préconise d'aller plus loin, pour une vraie politique d'éducation à l'orientation. Il cite des expériences étrangères qui méritent « débat » et « réflexion ». En Finlande, par exemple, l'orientation est intégrée à l'enseignement ordinaire dès l'école primaire. Les collégiens bénéficient de deux heures par semaine obligatoires dédiées à l'orientation, avec un enseignant spécialisé qui s'occupe de visites d'entreprises, de films sur les métiers, d'entretiens individuels avec l'élève et ses parents sur ses centres d'intérêt. En Californie, l'éducation à l'orientation commence avec des programmes d'éducation à l'esprit d'entreprise dès l'école primaire.

« A l'étranger, on équipe les jeunes d'une compétence à gérer leur carrière future, car ils vont avoir plusieurs métiers dans leur carrière », insiste Nathalie Mons. En France, la réforme du lycée a prévu 54 heures pour l'orientation. « Mais elles seront prises sur la marge d'autonomie des établissements qui devront faire des choix cornéliens, par exemple entre l'orientation d'un côté et le dédoublement de certaines classes de mathématiques de l'autre », met en garde Nathalie Mons.

Marie-Christine Corbier (@mccorbier)

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité