Ses entretiens à peine terminés à Jérusalem, Emmanuel Macron est parti sous bonne escorte pour Ramallah, mardi 24 octobre, afin d’y soutenir Mahmoud Abbas, fragilisé comme jamais par la guerre qui oppose Israël au Hamas. Ce voyage très sécurisé – un militaire en arme montait la garde tous les 50 mètres – marquait une rupture avec la politique d’isolement du président de l’Autorité palestinienne (AP) qu’appliquent de fait les Européens depuis la reprise du conflit.
Parmi les chefs de gouvernement et ministres du continent qui ont précédé M. Macron en Israël, seul le Néerlandais Mark Rutte s’était rendu à Ramallah, lundi. Les autres ont accepté l’interdit d’Israël, qui jugeait les « conditions de sécurité » insuffisantes en Cisjordanie occupée. Catherine Colonna, la ministre des affaires étrangères française, elle-même, s’y était pliée, le 15 octobre. Elle s’était contentée de joindre ses interlocuteurs par téléphone, du consulat de Jérusalem.
Mardi, à Ramallah, des manifestants ont brûlé un portrait d’Emmanuel Macron, qu’ils accusent de soutenir sans mesure l’Etat hébreu dans sa guerre. « Rien ne saurait justifier » les « souffrances » des civils à Gaza, a déclaré le chef de l’Etat à l’issue d’un tête-à-tête de plus d’une heure avec Mahmoud Abbas. « La vie d’un civil vaut celle d’un autre civil, quelle que soit sa nationalité. Une vie palestinienne vaut une vie française, qui vaut une vie israélienne », a-t-il ajouté. « J’adresse mes pensées aux blessés, aux familles qui ont perdu un proche, aux civils qui, aujourd’hui à Gaza, vivent dans une situation de très grande détresse », a souligné M. Macron, alors que les bombardements israéliens ont fait près de 6 000 morts, selon le ministère de la santé de l’enclave administrée par le Hamas.
« Protection humanitaire »
Mahmoud Abbas a pour sa part dénoncé l’« attaque sauvage de la machine de guerre israélienne » et exigé un « cessez-le-feu », que M. Macron se garde de demander. Le chef de l’Etat juge cette requête inacceptable pour Israël, qui s’apprête à lancer une offensive terrestre contre le Hamas à Gaza. Lors des différents entretiens, il s’est contenté de parler d’une « protection humanitaire » qui permettrait l’acheminement de l’aide à la population civile et la libération d’otages. M. Abbas demande quant à lui des « corridors humanitaires permanents » pour les civils de Gaza.
Mais, face au Hamas, ennemi intime, le « raïs » est tenté de souscrire à l’objectif affiché par Israël : la destruction de ses capacités militaires et de gouvernement dans l’enclave. En dépit de sa barbarie, que nombre de Palestiniens minimisent, ignorent ou acceptent, l’attaque du 7 octobre est apparue en Cisjordanie comme un succès historique de la lutte armée menée par les islamistes. Elle pourrait signer la fin de M. Abbas et acter la captation par le Hamas de l’héritage de l’Organisation de libération de la Palestine, moribonde, qu’il préside encore, à 87 ans.
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