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Twitter : Elon Musk n’est pas la solution

Le rachat d’un réseau social par un milliardaire directement impliqué dans l’action politique est une première. Le risque de conflit d’intérêts est majeur.

Publié le 29 octobre 2022 à 11h00, modifié le 29 octobre 2022 à 11h12 Temps de Lecture 2 min. Read in English

Qu’allait-il faire dans cette galère ? Lorsque, cet hiver, Elon Musk s’est mis en tête de racheter le réseau social Twitter, ce fut l’étonnement général. Pourquoi l’homme le plus riche du monde dépenserait-il 44 milliards de dollars (44,1 milliards d’euros) pour prendre le contrôle d’un forum où il s’exprimait en toute liberté avec plus de 100 millions d’abonnés ? Pour défendre la liberté d’expression, répond ce libertarien, qui assure vouloir créer l’agora numérique du XXIe siècle, un forum de discussion libre et apaisé. Elon Musk a raison dans son constat, les réseaux sociaux se sont de plus en plus polarisés, envahis par les extrémistes, porteurs de haines, de manipulations et de brouhaha. Mais Elon Musk est-il la solution ?

Ce n’est pas la première fois qu’un milliardaire possède un empire de presse aux Etats-Unis. Qu’il s’agisse de Michael Bloomberg, de Rupert Murdoch (Wall Street Journal) ou de Jeff Bezos (Washington Post), tous y impriment plus ou moins fortement leur marque. Quant au principal réseau social, Facebook, il est contrôlé par Mark Zuckerberg. Rien de nouveau, hélas, serait-on tenté de dire.

Ce qui est en revanche inédit, c’est qu’Elon Musk exprime bruyamment ses opinions, libertariennes – il en a le droit –, et s’implique de plus en plus directement dans le débat politique et international, proposant ses plans de paix en Ukraine et à Taïwan. Sur l’agora 2.0, on ne peut pas être à la fois modérateur et principal orateur. De même, M. Musk a derrière lui un empire, fait de Tesla et de SpaceX. Certes, il prétend œuvrer pour le bien de l’humanité, mais il est dans l’exercice direct du pouvoir politique, voire de la guerre, comme le montre l’usage de ses satellites Starlink en Ukraine, en Iran, ou son silence en Chine, où il doit défendre les intérêts financiers de son usine Tesla située à Shanghaï. Le risque de conflit d’intérêts, chez cet homme qui verrouille ses entreprises comme un bunker, est majeur. Sur l’agora 2.0 comme ailleurs, on ne peut pas être à la fois arbitre et joueur.

La vente étant faite, il convient d’en limiter les nuisances. Economiquement, l’entreprise courait à sa perte, avec un chiffre d’affaires dérisoire de 5,2 milliards de dollars, vingt-cinq fois inférieur à celui du groupe Facebook. Sa réinvention est nécessaire, alors que le réseau était déserté par les abonnés modérés. M. Musk prétend les reconquérir, en luttant notamment contre les faux comptes, mais il va sans doute rouvrir les vannes à la polarisation en débloquant toute une série de comptes suspendus.

L’essentiel du débat porte sur la modération et la propagation des thèses complotistes. Rappelons que le réseau le plus problématique jusqu’à présent a été Facebook. Si Twitter s’est retrouvé au centre des débats, c’est qu’il était le réseau social préféré de Donald Trump. M. Musk a annoncé la création d’un conseil de modération, fait de personnalités diverses. L’un des premiers tests sera le rétablissement ou non du compte de l’ex-président des Etats-Unis. Son bannissement était évident en janvier 2021, alors qu’il tentait de facto un coup d’Etat. Deux ans après, Trump n’a plus de haut-parleur, mais menace toujours la démocratie. Tant qu’il prétendra que les élections ont été volées, M. Trump ne devrait pas retrouver son compte. Quant à Elon Musk, spécialiste des trolls et des manipulations comme il l’a montré en 2018 avec Tesla, au point d’être quasi interdit de tweeter sur le sujet par le gendarme de la Bourse américain, il serait bien inspiré de donner un gage de sérénité pour être à la hauteur de la mission qu’il s’est fixée. Son premier geste devrait être de mettre son compte sous silence.

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