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Quatre mois de prison avec sursis requis pour apologie de terrorisme à l'encontre d'un élu d'Échirolles

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L'élu échirollois Mohamed Makni s'est-il rendu coupable d'apologie du terrorisme à travers un post Facebook ? En reprenant à son compte le terme de "résistance" il avait en tout cas provoqué l'émoi des organisations juives et de son camp politique et il avait rendez-vous ce mardi devant un tribunal.

Parvis du Palais de Justice de Grenoble Parvis du Palais de Justice de Grenoble
Parvis du Palais de Justice de Grenoble © Radio France - Véronique Pueyo

L'élu socialiste échirollois Mohamed Makni, 73 ans, français d'origine tunisienne, s'est-il rendu coupable d'apologie du terrorisme le 11 octobre dernier à travers un post Facebook sur la page de l'association Franco-Tunisienne de Grenoble Alpes Métropole ? Ce jour-là il partage un article d'un ancien ministre des affaires étrangères tunisien en reprenant, sans autre précaution ni distance, le terme de "résistance" 4 jours après les attaques du Hamas contre des civils juifs en Israël. Malgré des "précisions" apportées par la suite et une condamnation des exactions du Hamas, il a été écarté du PS en Isère et ses délégations d'adjoint au patrimoine bâti et à la propreté urbaine de sa commune lui ont été retirées. Poursuivi également quelques jours plus tard par le parquet de Grenoble il était jugé hier (mardi) par le tribunal correctionnel, qui rendra sa décision le 26 mars.

Apologie de terrorisme ou exposé d'une position différente ?

Allure impeccable, dans sa veste de costume cintrée, Mohamed Makni, dit ne pas comprendre pourquoi il est là lui le "chantre de la paix", le militant syndical, politique, associatif, que "tout le monde connait". "Je suis pour la paix" et "pour la cohabitation de deux États", mais jamais il n'a admis, admet ou n'admettra des meurtres de civils et des atrocités comme celles commises le 7 octobre. Sauf qu'à l'audience Mohamed Makni a quand même du mal à prononcer le mot de "terrorisme", en ramenant toujours au contexte historique israélo-palestinien qui est "une situation compliquée". Nonobstant l'émotion, le contexte et la politique, le tribunal a été encouragé par les avocats de tous bords, prévenu comme parties civiles, à parler "droit". Et celui qui définit le terrorisme et l'apologie de terrorisme n'est pas si clair que ça à en croire Me Elsa Marcel, avocate de Mohamed Makni, et il faut le mettre en face des droits qui garantissent la liberté d'opinion.

In fine "monsieur Makni, explique-t-elle, relaie une tribune qui est écrite par l'ancien ministre des affaires étrangères tunisien et qui est en fait la position de la Tunisie. Elle est radicalement différente de celle de la France, des Etats-Unis et d'Israël ça c'est une évidence. La question c'est est-ce que c'est possible de faire "choquer" ces visions, de les débattre ou est-ce que c'est nécessairement de l'apologie du terrorisme ? Moi je dis que non, à partir du moment ou en plus M. Makni a été très clair, il dénonce les exactions contre les civils. Le débat après c'est de savoir si la seule position qu'on peut publiquement exprimer c'est celle, aujourd'hui, du gouvernement français".

"Scandaleux" pour les organisations juives parties civiles

"C'est totalement scandaleux, pour Me Éric Hattab, avocat du Crif Grenoble-Isère, il n'y a aucun débat. Éventrer une femme, lui enlever son bébé,[...] tuer aveuglément des civils; les brûler, ce sont des actes de terrorisme. [...]Aujourd'hui on a fait du droit et il y a un texte précis et la jurisprudence est claire : venir dire que les actes commis par le Hamas contre des juifs le 7 octobre ce sont des actes de résistance, c'est commettre le délit d'apologie, tout simplement parce que c'est les présenter sous un jour favorable". Une position que partage le parquet, qui requiert 4 mois de prison avec sursis, 800 euros d'amende dont la moitié ferme et un an de privation des droits d'éligibilité. La défense a plaidé la relaxe. Le tribunal rendra son délibéré le 26 mars.

Émotion et tension

La justice ce sont des faits et des lois mais cette audience a montré comment l'exposé et un débat autour de faits concernant la situation au Proche-Orient, n'est jamais complètement exempte d'émotion. Il y a celle de Mohamed Makni, qui n'avait jamais comparu devant un tribunal et aux accents sincères lorsqu'il évoque sa souffrance et sa peine vis-à-vis des palestiniens. Un prévenu pour le moins maladroit quand il parle des agresseurs du 7 octobre comme "des gens qui se sont exprimés à leur manière", ce qui a provoqué la colère et l'indignation, plus que palpable elle aussi, des avocats de parties civiles, Crif de Grenoble-Isère et OJE, Organisation juive européenne, concernant "le plus grand pogrom de l'histoire depuis la Shoah". Des avocats qui ont également eu un échange musclé avec leur consœur de la défense qui avait omis de leur communiquer certaines des pièces sur lesquelles elle appuyait sa plaidoirie. Le Parquet enfin a modérément apprécié les propos "sidérants" de Mohamed Makni estimant que s'il ne s'appelait pas Mohamed il "ne serait pas là".

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