Nantes : "J'en ai marre de l'insécurité", un rassemblement pour réclamer du changement à Bellevue
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Ils étaient près de 150, ce samedi matin, à se rassembler au cœur du quartier nantais de Bellevue. Des mots pour exprimer des maux profonds contre l'insécurité, la délinquance et les trafics. "On en a ras-le-bol", glissent beaucoup d'habitants qui se sentent impuissants. Reportage.
Entre deux averses, Marie-Laure se faufile au milieu des quelque 150 personnes présentes, ce samedi matin Place Pierre-Mendès-France, un calepin en main. À l'intérieur, quelques mots, une phrase, des témoignages d'habitant du quartier nantais de Bellevue : "Les gens ont peur et se taisent", "Où est la mixité ?". Scotchées sur une sucette publicitaire, deux affichettes "stop aux violences" et "Bellevue en paix". Le déclic est intervenu après la mort d'un homme de 19 ans, le 7 octobre dernier, tué par balles. "Ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, colère Hubert, habitant du quartier depuis 23 ans. Il fallait réagir." Se faire entendre également.
"On en a assez des personnes qui se font tuer"
Micro en main, Denis Bauchet a conclu le rassemblement en lisant le message qu'il avait tapé à l'ordinateur. "Ça fait du bien de voir du monde se rassembler, ça nous fait du bien, témoigne ce responsable de la confédération syndicale des familles. Des trafics, il y en a toujours eu depuis 30 ou 40 ans, mais ça ne prenait pas cette forme. Là, il y a une emprise sur les habitants et je trouve ça particulièrement odieux de la part de ces gangsters. Il y a des gens qui ont échafaudé des stratégies d'évitement pour ne plus venir sur cette place." D'ailleurs, nombreux sont ceux à exprimer leur peur qui les envahit parfois.
"Je me suis dit qu'un jour, il allait m'arriver quelque chose en allant me garer dans mon garage devant lequel des gens dealent, confie Stéphanie. Heureusement, ça n'a pas été le cas et si je reste ici, c'est parce que j'aime ce quartier." Le fort tissu associatif n'y est pas pour rien. Mais le constat est implacable. "On en a assez des personnes qui se font tuer, lance une Nantaise qui s'est installée à Bellevue, il y a 13 ans. C'est dû aux trafics de drogue, il ne faut pas se le cacher. Malgré les démolitions de bâtiments, les trafics sont toujours là." Dans les cages d'escalier, au pied des immeubles, dans les petits passages, beaucoup d'habitants sont confrontés à cette réalité.
Des élus au contact des riverains
Si le rendez-vous a été donné en fin de matinée, ce n'est pas un hasard. À cette heure, les trafiquants n'ont pas commencé leur journée. Malgré tout, la foule n'est pas immense et peu de personnes racisées ont répondu à ce cri du cœur des associations. "Quand on est allé distribuer les tracts au marché, les gens nous ont répondu qu'ils n'étaient pas sûr de venir, car ils avaient peur qu'on les repère, explique Hubert. Depuis 3 ou 4 ans, il y a plein de mamans qui ont des ados et qui rêvent de quitter le quartier. Ce phénomène n'existait pas avant." C'est également le cas de Christophe. "J'ai acheté mon appartement il y a 16 ans, j'ai tenté de le revendre, mais il vaut 25% de moins que lorsque j'ai emménagé, explique-t-il. Aujourd'hui, les gens ne se déplacent même plus pour venir le visiter."
Les quelques élus qui sont présents, parmi lesquels la sénatrice socialiste Karine Daniel ou encore Bassem Asseh, premier adjoint à la Ville de Nantes, échangent. Ils écoutent. "On regrette à la fois qu'il y ait des faits de violence et qu'on doive en arriver là mais en même temps, le fait que les gens s'organisent et qu'ils se rassemblent montre que les habitants ne baissent pas les bras, assure le bras droit de Johanna Rolland. Clairement, tout ce qui a été fait a été insuffisant mais ce n'est pas une raison pour ne pas continuer à en faire et à en faire encore plus. Quand on déploie un projet d'aménagement et de restructuration de ce quartier, c'est aussi dans cette logique d'améliorer le cadre de vie." Les habitants de Bellevue ne demandent que ça. Ils ont déjà obtenu qu'une réunion publique soit organisée, d'ici Noël. Et n'excluent pas de se rassembler à nouveau dans les prochaines semaines pour que cet appel à l'aide ne reste pas sans lendemain.
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