Le président français Emmanuel Macron a dénoncé mercredi des propos « intolérables » rapportés lors d'une mobilisation pro-palestinienne à la prestigieuse école Sciences Po Paris, à laquelle une étudiante juive aurait été empêchée d'accéder au motif qu'elle serait une « sioniste ».
Mardi matin, une centaine d'étudiants ont occupé l'amphithéâtre principal de cette école de sciences politiques, creuset des élites françaises, dans le cadre d'une « journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine ».
Une étudiante de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a alors « été empêchée d'accéder à l'amphithéâtre » où se tenait l'action organisé par le Comité Palestine de Sciences Po, et « des propos accusatoires ont été prononcés (à la tribune, NDLR) à l'encontre » de l'association étudiante, a dénoncé Sciences Po sur le réseau social X.
« +Ne la laissez pas rentrer, c'est une sioniste+ », tels sont les propos dénoncés par le syndicat UEJF sur X.
Mercredi lors du Conseil des ministres, le chef de l'Etat a dénoncé des propos « inqualifiables et parfaitement intolérables », refusant « le moindre début de séparatisme » dans les établissements d'enseignement supérieur, a déclaré la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot.
Le gouvernement va adresser mercredi un signalement à la justice pour « contribuer à l'enquête et contribuer à la mobilisation des services pour déterminer ce qui s'est passé », a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal, réclamant des « sanctions extrêmement fermes ».
Interrogé par l'AFP, Hicham, membre du Comité Palestine de Sciences-Po, réfute toutefois qu'une telle phrase ait été prononcée. « Je trouve ça triste que des faits non vérifiés soient directement rapportés au président de la République », souligne l'étudiant qui n'a pas souhaité donner son nom de famille. « Nous n'acceptons aucune forme d'antisémitisme ».
Selon une étudiante présente dans l'amphithéâtre, la jeune femme membre de l'UEJF aurait été empêchée d'entrer « pour des raisons de sécurité, parce qu'elle avait auparavant intimidé des étudiants pro-Palestiniens ». « Elle est la seule à n'avoir pu entrer. D'autres membres de l'UEJF ont assisté aux débats », a-t-elle affirmé à l'AFP, sous couvert d'anonymat.
« Limite franchie à Sc Po (...). Les étudiants de l'UEJF y sont pris à partie comme juifs et sionistes », a dénoncé l'association étudiante sur X, tandis que le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, a déploré un « antisémitisme d'atmosphère ».
La direction de Sciences Po a annoncé saisir « la section disciplinaire en vue de sanctionner ces agissements intolérables », considérant auprès de l'AFP « que plusieurs lignes rouges ont été franchies ».
« Des témoins ont été entendus » par la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau qui s'est rendue sur place mardi, selon Mme Thevenot qui a invité « la jeune étudiante qui a été victime de ces propos (...) à se présenter devant la justice. »
La guerre à Gaza a enflammé de nombreux campus universitaires, notamment aux Etats-Unis où certains établissements ont été accusés de ne pas faire assez contre l'antisémitisme.
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