« Un spectacle dégradant ! » : un combat de nains organisé à Toulouse fait scandale

Sur la page Instagram de DD Event, société organisatrice de l’événement, on peut voir dans la bio « FUTUR EVENT NAIN’PORTEQUOI 3 ». Sans doute l’annonce du combat entre personnes de petite taille prévu le 11 avril prochain dans la discothèque Le Nine, pour lequel l’entreprise invite les gens à réserver leur place devant l’intérêt qu’il suscite.

Cette boîte de nuit, ouverte en 2019 dans le quartier de Sesquières, à Toulouse, en lieu et place de La Dune, fermée en 2015, a déjà accueilli un premier combat en octobre dernier, selon la vidéo, retirée depuis, publiée sur la page TikTok de DD Event. Sur cette publication visionnée plus de 400 000 fois, où l’on voit deux personnes engagées dans un combat de boxe sur un ring, on peut également lire en incrustation « Quand t’apprends que le combat de nain est de retour le 11 avril au Nine club à Toulouse ».

Simple divertissement ?

La tenue d’un tel événement a suscité des réactions, la ministre en charge des Personnes âgées et des personnes handicapées, Fadila Khattabi, ayant « condamné fermement » cette soirée chez nos confrères de BFM. Contactée, la mairie de Toulouse ne souhaite pas s’exprimer pour l’instant, attendant d’avoir davantage d’informations pour se positionner. La préfecture n’a également pas répondu à nos sollicitations.

On peut alors s’interroger sur la pertinence d’organiser un tel événement. Alors que les lancers de nain peuvent être interdits par les autorités locales depuis une décision du Conseil d’État en 1995, s’agit-il ici d’un simple divertissement sous forme de combat de boxe ou d’une soirée dégradante pour l’image des personnes de petites tailles ?

« C’est un spectacle dégradant »

Pour Katia Baric, vice-présidente toulousaine de l’Association des Personnes de Petite Taille et déléguée régionale Occitanie, la réponse est claire. « C’est loin d’être une performance sportive. C’est un spectacle dégradant. Si l’on considère que c’est une catégorie en boxe, cela doit se faire dans une salle adaptée, en handisport, pas comme un spectacle dans une boîte de nuit. »

Et pour elle, l’effet néfaste du buzz créé par la publicité autour de cet événement s’est déjà fait ressentir. « Très remontée », elle nous raconte, avec de l’émotion dans la voix, comment elle s’est fait aborder en arrivant chez elle avec son fils de 5 ans, lui aussi atteint de nanisme. « Je me suis garée et des jeunes du quartier m’ont abordée. « On peut te poser une question ? Tu vas au combat à Blagnac ? »… « J’ai voulu jouer la naïve et j’ai demandé quel combat. » « Ben le combat de nains. »

« Je leur ai répondu que non et demandé s’ils aimeraient, comme certains étaient maghrébins, qu’on organise un combat de boxe Maroc Tunisie en boîte de nuit… »

Face à de tel comportement, elle se demande aussi comment expliquer à son fils ce qu’est un combat de nains. « On a déjà des problématiques d’accessibilité, des maladies liées à notre handicap. On subit des photos prises à la volée dans la rue. Ce genre d’événements encourage ces comportements malsains. Il y a déjà eu des répercussions et je me demande ce que sera ma vie dans les prochaines semaines dans les rues de Toulouse… », s’inquiète Katia Baric. Si elle espère sensibiliser la population par le biais des médias, l’APPT va organiser des actions pour dénoncer de tels événements.