Thierry Breton, le commissaire européen chargé du marché intérieur, ne pouvait pas ne pas être de la fête. Considéré comme le père du Chips Act – un plan européen visant à replacer le Vieux Continent sur la carte des producteurs de semi-conducteurs –, il devait être, jeudi 28 septembre, l’invité de marque de Soitec, l’un des principaux acteurs français du secteur, pour l’inauguration de sa quatrième usine sur le site de Bernin (Isère), non loin de Grenoble.
Créé en 1992, et passé tout proche du dépôt de bilan trois ans plus tard, Soitec est devenu depuis un acteur incontournable sur le marché des puces. « Il y a un peu de Soitec dans tous les smartphones en circulation dans le monde », se plaisait à dire son ancien patron, Paul Boudre, avant de quitter l’entreprise, en 2022.
A proprement parler, Soitec ne produit pas de semi-conducteurs, mais les galettes (wafers) sur lesquelles sont fondus ces derniers. Ses produits sont particulièrement appréciés dans la téléphonie pour les modules de radiofréquence comme les puces 5G. Mais pas seulement.
De sa nouvelle usine va sortir une nouvelle catégorie de wafers (SmartSiC) conçus en particulier pour répondre aux besoins des constructeurs de voitures électriques, avec la promesse d’une autonomie plus longue des batteries et d’une charge plus rapide. L’usine, d’une superficie de 2 500 mètres carrés, doit permettre de produire 500 000 pièces par an d’ici à 2028.
Une étape importante
Soitec avait annoncé son choix d’implanter son site en Isère en 2022, après avoir hésité à le bâtir à Singapour, où il est déjà présent. Cependant, l’Etat et la région l’ont convaincu de renforcer la Silicon Valley française, où le franco-italien STMicroelectronics et l’américain GlobalFoundries vont bientôt établir une usine commune. C’est aussi là que se situent les laboratoires du CEA-Leti, avec lesquels Soitec travaille pour élaborer ses produits.
L’investissement pour le nouveau site de Soitec s’élève à 380 millions d’euros – couverts à hauteur de 30 % par des aides françaises et européennes – et pourrait créer quatre cents emplois quand l’usine tournera à plein. Cela n’a pas empêché la société de continuer à investir en Asie, où elle a annoncé, fin 2022, le lancement d’une nouvelle ligne de production pour doubler ses capacités locales.
Pour Soitec, l’inauguration de sa nouvelle usine en Isère constitue une étape importante. Même si, le 7 juin, elle a annoncé pour la première fois un chiffre annuel supérieur à 1 milliard d’euros (1,1 milliard), ses résultats pour le premier trimestre de l’exercice 2023-2024 accusent, eux, un recul de près de 25 %. En cause notamment, le fort ralentissement du marché des smartphones et les stocks que doivent encore écouler ses clients dans ce secteur.
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