Mission Séduction !

                                    

                                              

Tel le ressac agité de la mer, les vagues d'énergie ondulèrent sous ses mains, pigments colorés de l'essence même exhalés par l'esprit mystifié. Ses doigts remontèrent la peau brûlante de vigueur assouvie et extirpèrent peu à peu cette subsistance indispensable à sa survie. Il se délecta de ces mets à l'insu de sa victime qui s'endormit pour une longue nuit emplie de rêves voluptueux.
Satisfait, Jochym se redressa lentement, le corps fourbu bien que revitalisé. Il abandonna son tendre amant aux mœurs exquises pour récupérer ses affaires. Une fois vêtu convenablement, il farfouilla dans les sacoches délaissées près de l'entrée. Une escarcelle pleine vint remplir ses poches, un bracelet de faible valeur atterrit sur son poignet et il s'empara de divers babioles qu'il comptait revendre assez rapidement. Satisfait de son larcin, il sourit et se dirigea vers la sortie.
Avant de franchir le sas de la chambre, Jochym se retourna avec un sourire :
— Merci pour cette belle nuit, mon beau.
Puis, il quitta les lieux.
Assis au comptoir d'une taverne de mauvais augure, Jochym s'ennuyait. Ses réserves avaient rapidement été remplies ce soir, sans même avoir eu besoin de jouer de ses charmes. Ce qui ne fut pas le cas de ses goussets, les mécréants ayant à peine de quoi se saouler.
Lassé de l'absence d'opportunités, il décida de rendre les choses plus intéressantes et percuta un ogre complètement éméché. Celui-ci chuta au beau milieu d'une tablée de gorgones qui, furieuses de cette intrusion, cherchèrent à obtenir réparation. Les médusas sifflèrent et crachèrent du venin avant de se lancer à l'assaut du géant malodorant. Leurs cheveux reptiliens s'agitèrent férocement, cognant tout intervenant malavisé, dont un centaure bagarreur qui profita de l'occasion pour piétiner de ses lourds sabots quelques-uns de ces serpents agités. Assis à une table voisine, un sorcier s'amusa à lancer quelques sortilèges pour piéger les consommateurs encore empêtrés dans leurs souliers.
Tirant parti de cette échauffourée agrémentée de maléfices délétères, Jochym se faufila sans bruit parmi les perturbateurs, jouant de sa discrétion pour glisser subrepticement ses mains agiles dans les bourses et subtiliser leurs trésors. Il esquiva des carafes catapultées par des serveuses belliqueuses tandis que leurs plateaux garnis s'écrasaient sur le sol crasseux, créant des distractions bienvenues.
Satisfait, le voleur s'éloigna du tumulte, quittant les lieux avec autant de furtivité qu'il en fit preuve lors de son larcin. Il avança rapidement à travers le dédale des rues marquées par la décrépitude, longeant des bâtiments délabrés et des ruelles lugubres jusqu'à arriver au Quartier Écarlate. Au bout de quelques pas, une clameur souterraine lui parvint.
Intrigué, Jochym releva la tête à la recherche de l'origine de cette agitation étouffée. Son regard fut captivé par une enseigne grossière où le mot « Ombrena » était presque entièrement effacé. La pancarte surplombait un précipice béant laissant entrevoir un escalier qui s'enfonçait dans l'obscurité telle une invitation muette en des lieux mystérieux.
Après une courte hésitation, Jochym s'engagea dans les marches de pierre rugueuse. Une noirceur oppressante l'enveloppa dans sa densité, la lumière de l'extérieur dévorée à chaque enjambée. Le vent ténu résonna en écho dans ce sombre corridor, enrayé par la clameur montante.
Au bout de plusieurs mètres sous terre, il atteignit un sinistre palier qui s'ouvrait sur les profondeurs d'un endroit autrefois oublié. L'enceinte était entourée de roches couvertes de mousse sur lesquelles des fresques délavées racontaient des siècles d'histoires immémorées. À la lumière tremblante des chandelles disparates, Jochym discerna quelques désolés légendaires dans des duels homériques.